vendredi, mars 29, 2024
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Un groupe de défense des droits de l’homme condamne la peine de prison d’un utilisateur de Facebook iranien

Un groupe de défense des droits de l’homme condamne la peine de prison d’un utilisateur de Facebook iranien

Reporters Sans Frontières s’est déclaré choqué vendredi d’apprendre que Soheil Arabi, un utilisateur iranien de Facebook dont la condamnation à mort avait été supprimée par la Cour Suprême du régime iranien, a été condamné à une nouvelle peine de sept ans et demi de prison dont deux ans sous observation, durant lesquels il doit prouver s’être repenti pour éviter le rétablissement de sa peine de mort.

Emprisonné depuis décembre 2013, Soheil Arabi a reçu sa nouvelle peine le 6 septembre alors qu’il était rejugé par une cour d’assises de Téhéran, a affirmé RSF dans une déclaration.

« Pendant les deux prochaines années, Arabi devra lire 13 livres sur la théologie et l’islam, afin de répondre de ses doutes sur la religion. Il devra par la suite faire un résumé de ces livres et une dissertation sur la théologie et la religion. Il doit correspondre régulièrement avec le centre de recherche sur la religion de l’Imam Khomeini. Ces correspondances écrites doivent être présentées au tribunal. Enfin, il doit écrire un article sur la théologie et la religion. Pendant ces deux ans, chaque trimestre, il doit faire un rapport au tribunal sur ses recherches afin de prouver sa foi et sa lamentation, dans le but d’empêcher l’application de la peine capitale », a affirmé RSF.

« Soheil Arabi a certes été sauvé d’une exécution immédiate, mais ce verdict est moyenâgeux », a affirmé Reza Moini, responsable du bureau Iran/Afghanistan de Reporters Sans Frontières.

« C’est une torture arbitraire contre un accusé qui a clamé à plusieurs reprises ne pas avoir voulu offenser la religion. La justice sous le contrôle d’Ali Khamenei veut faire peur aux internautes. Nous demandons l’intervention des rapporteurs spéciaux des Nations unies en vue de l’annulation de cette peine, comparable à des travaux forcés, interdits par le droit international et les lois nationales. »

Photographe et père de famille, il avait 31 ans quand il a été arrêté par les Gardiens de la Révolution du régime (GRI, ou pasdarans) le 27 décembre 2013, et incarcéré dans la Section Sécuritaire 2A de la tristement célèbre Prison d’Evin, où il a été placé en isolement pendant deux mois et « subi de mauvais traitements dans le but de lui faire avouer son implication dans la mise en place d’un réseau sur Facebook blasphémant l’islam et critiquant le régime », a affirmé RSF. Les procureurs ont ensuite utilisé ses aveux contre lui.

À la fin d’un procès inéquitable en mars 2014, une cour de Téhéran l’a condamné à trois ans de prison, à une amende de 500 000 tomans et à 30 coups de fouet au motif de propagande anti-gouvernementale, d’« insulte envers le sacré » et d’insulte envers des responsables du régime et le Guide suprême des mollahs. La cour d’appel de Téhéran a confirmé la sentence.

Quoi qu’il en soit, « le 19 août 2014, sous la pression des Gardiens de la Révolution, Arabi a comparu cette fois devant une cour d’Assises pour « insulte envers le prophète de l’islam, les imams saints chiites et le Coran », et le tribunal a utilisé l’article 262 du code pénal islamique pour le condamner à la peine capitale », a affirmé RSF.

Le tribunal a ignoré l’insistance de son avocat « sur le caractère non délibéré de la faute imputée à son client, et sur le fait que « les écrits de cette page Facebook n’appartiennent pas seulement à M. Arabi. En réalité, il dirigeait quelques pages sur Facebook mais, la plupart des postes publiés l’étaient par d’autres internautes ou administrateurs ». »

Le 23 novembre 2014, la Cour suprême a confirmé la condamnation d’Arabi à la peine capitale.

Reporters Sans Frontières avait écrit le 2 décembre 2014 à David Kaye, le rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression des Nations unies, et exprimé ses inquiétudes sur le sort réservé à Soheil Arabi, demandant de « bien vouloir intervenir le plus rapidement possible auprès des autorités iraniennes afin d’empêcher son exécution et de demander son acquittement et sa libération. »