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L’avenir de l’Iran au cœur d’un échange à la Questure de l’Assemblée nationale

L’avenir de l’Iran au cœur d’un échange à la Questure de l’Assemblée nationale
Le 27 mai 2025 à la questure de l’Assemblée nationale française – de gauche à droite : Alejo Vidal Quadras, Chistine Arrighi, Maryam Radjavi, André Chassaigne, Philippe Gosselin.

Par:la rédaction

Le 27 mai 2025, le Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID) a organisé une réunion à la Questure de l’Assemblée nationale française, consacrée à la situation en Iran et aux perspectives d’avenir pour ce pays.

À cette occasion, les députés ont entendu les interventions de deux personnalités invitées : Alejo Vidal-Quadras, ancien vice-président du Parlement européen, et Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).

Cette rencontre s’est tenue à une date hautement symbolique : l’anniversaire de la première réunion du Conseil national de la Résistance française, le 27 mai 1943.

27 mai 2025 à l’Assemblée Nationale – Maryam Radjavi intervient à une réunion à la questure sur l’avenir démocratique pour l’Iran en présence d’Alejo Vidal Quadras et des députés et d’anciens parlementaires français.

27 mai 2025 à l’Assemblée Nationale – Maryam Radjavi intervient à une réunion à la questure sur l’avenir démocratique pour l’Iran en présence d’Alejo Vidal Quadras et des députés et d’anciens parlementaires français.

Les parlementaires et intervenants présents ont unanimement dénoncé les violations graves des droits humains en Iran et exprimé leur soutien renouvelé à la lutte du peuple iranien pour la liberté et la démocratie.

Le CPID qui regroupe des parlementaires de divers groupes politiques et a obtenu à quatre reprises lors de multiples législatures le soutien d’une majorité de député.e.s à la lutte du peuple iranien, est présidée par la députée Christine Arrighi. Elle succède à André Chassaigne qui devient président d’honneur du CPID.

L’avenir de l’Iran au cœur d’un échange à la Questure de l’Assemblée nationale

Mme Christine Arrighi a ouvert la séance en souhaitant la bienvenue aux participants et a rappelé le rôle du comité des parlementaires : « notre comité a su assurer une continuité dans la défense des droits du peuple iranien et de sa résistance à travers différentes législatures tout en gardant sa pluralité et sa cohésion sur la question iranienne malgré les divergences assumées de ses membres sur les sujets franco-français ».

Elle a rappelé que « le CPID a obtenu à quatre reprises le soutien d’une majorité de députés deux fois sous la législature de la présidence Sarkozy en 2008 et en 2011, une fois sous la présidence de François Hollande en 2014, une autre fois en juin 2023 lors du premier mandat du président Macron. En juin 2024, nous en étions à deux-cents signatures pas loin de la majorité lorsque l’assemblée a été dissoute ».

Elle a souligné que le CPID a défendu des principes clairs et a dénoncé toute forme de dictature en Iran, qu’il s’agisse d’un retour à la monarchie ou du maintien d’une tyrannie religieuse.

Mme Arrighi a rappelé la dernière déclaration des députés qui souligne que « le peuple iranien mérite de jouir de la liberté de manifester, de l’abolition de la peine de mort, de l’égalité des genres et de la séparation de la religion et de l’État dans le cadre d’un système démocratique offrant la perspective d’une paix durable dans la région. Ces idéaux figurent dans le plan en dix points de Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la résistance iranienne ».

Maryam Radjavi a pour sa part remercié le travail du CPID et a évoqué la situation régionale et surtout intérieure du régime iranien : « Je voudrais attirer votre attention sur la faiblesse fondamentale du régime face au peuple iranien et sa résistance qui veulent son renversement.

Début mai, Eje’i le chef du pouvoir judiciaire des mollahs, a affirmé qu’environ quatre-vingt-dix mille manifestants, dont beaucoup d’étudiants et de lycéens, avaient été arrêtés dans les manifestations de 2022.

La prison d’Evine est connue comme un symbole de la tyrannie en Iran, un peu comme la Bastille en France. Mais au début du mois de mai, les prisonniers politiques ont lancé à Evine des slogans contre Khamenei. Et leurs familles manifestent aussi avec courage devant cette prison.

Ces manifestations reflètent la société iranienne. L’an dernier, les ouvriers, les travailleurs du pétrole, les enseignants, les infirmières, les chauffeurs et les retraités ont manifesté et ont fait grève des milliers de fois. De leur côté, les unités de résistance sont actives tous les jours dans l’ensemble du pays. Elles mènent des opérations contre la répression.

Les mollahs ont réagi avec 1150 exécutions de mars 2024 à mars 2025, qui est l’année iranienne. Les condamnations à mort des partisans de l’OMPI dans des procès sans avocats augmentent.»

Mme Radjavi a également évoqué la découverte d’un nouveau site nucléaire secret à Semnan par le CNRI et a souligné que le régime clérical avait utilisé la diplomatie pour gagner du temps tout en développant son infrastructure nucléaire. « La première mesure pour empêcher les mollahs d’obtenir la bombe, est d’activer le mécanisme de Snapback et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Il faut aussi démanteler tout l’appareil nucléaire du régime, surtout l’enrichissement d’uranium. L’Union européenne, sous la direction de la France, peut jouer un rôle déterminant dans ce domaine ».

Elle a conclu : « il faut demander à la France de mettre le corps des pasdarans sur la liste du terrorisme et de se tenir aux côtés du peuple iranien pour la liberté et la démocratie ». Elle a réitéré l’attachement de la Résistance iranienne à : « une République démocratique sans torture ni exécutions, fondée sur l’égalité des femmes et des hommes, la séparation de la religion et de l’Etat, l’autonomie des minorités ethniques et un Iran non nucléaire. Nous disons : Non au voile obligatoire, Non à la religion obligatoire et Non au gouvernement obligatoire. »

Lire l’intégralité de l’intervention de Maryam Radjavi ici :

Réunion à la Questure de l’Assemblée nationale

Le Pr. Alejo Vidal-Quadras, ancien vice-président du Parlement européen et président du Comité international pour l’application de la justice (ISJ), a été l’intervenant suivant. M. Vidal Quadras a été la cible d’un attentat à Madrid, le 9 novembre 2023, dont il a survécu miraculeusement.

Alejo Vidal Quadras a commencé en ironisant sur les décisions d’un simulacre de procès en cour à Téhéran : « Aujourd’hui à Téhéran, il y a eu la 35e séance d’un tribunal qui juge 104 membres de la résistance par contumace. La cour islamique a décidé aujourd’hui que nous tous pas seulement la résistance iranienne, nous tous nous sommes en train de commettre une action illégale et que la république islamique peut porter plainte contre nous. Et selon ce tribunal aussi bien qu’en France, qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne, les gouvernements sont obligés à interdire toute activité de ce genre sous peine d’être sévèrement punis par la république islamique ! »

Il a ensuite dénoncé la politique de complaisance vis-à-vis du régime. « Pendant des décennies, l’Occident s’est accroché à l’illusion de modérés au sein du régime. Il y a toujours maintenu l’illusion qu’il y a une faction modérée et que le régime pourra évoluer et à la fin on trouvera une manière de coexister avec lui. C’est une vision qui a prédominée durant quarante ans. Mais la vérité est que cela a échoué.

Il y a une deuxième vision qui arrive à la conclusion que devant tous ces atrocités du régime : son terrorisme et sa misogynie, ces crimes d’Etat, et la protection de ses proxys chittes, et son problème nucléaire, il n’y a qu’une solution efficace : C’est changement de régime ».

Répondant aux inquiétudes concernant le chaos post-effondrement du régime, il a répondu : « C’est faux. La société iranienne est très cultivée et mature, et le CNRI offre une alternative bien structurée, avec un plan de transition prêt à être mis en œuvre. Une alternative avec son large réseau, celui de la résistance dans le pays qui peut organiser parfaitement la transition à la démocratie. »

Il a conclu : « Nous devons soutenir le peuple iranien dans son combat pour la liberté et pour la démocratie il faut soutenir le Conseil national de la Résistance présidée par Mme Radjavi, pour qu’il mène cette transformation du pays. »

André Chassaigne, a évoqué la date symbolique du 27 mai. « Nous devons jeter un pont entre la Résistance française et la Résistance iranienne. Toutes deux ont subi des campagnes de diffamation et des accusations. Mais nous savons, par expérience, ce que signifie résister à l’injustice : « le pont, c’est aussi celui que l’on doit construire entre la résistance française et la résistance que vous conduisez contre les mollahs en Iran.

Parce que quand on sait ce qui s’est passé en France, quand on pense à ces jeunes qui partaient à dix-huit ans, mon père a été un résistant parmi d’autres, qui abandonnaient leur famille et à qui d’ailleurs on pouvait reprocher qu’ils abandonnaient leur famille pour combattre.

On a lu ce matin la lettre d’un jeune qui écrivait à ses parents, qui s’excusait de les avoir laissés. Il allait mourir quelques minutes après. Ceux qui ont connu la prison, la torture, ceux aussi qui ont été déportés. Et c’est pour ça que le monument devant lequel j’étais ce matin s’appelle Rempart contre l’oubli.

Et vous, vous avez un rempart contre l’oubli. Je l’ai dans ma bibliothèque quand je lève la tête, je le regarde avec émotion, c’est le souvenir des martyrs. On parle des dizaines de milliers de morts dans la résistance française, des fusillés, des déportés, les torturés aussi, ceux qui sont venus très diminués, mais vous vous avez, vous avez ces dizaines de milliers qui ont été sacrifiés (…) on sait que vous, on va vous reprocher du terrorisme, on va vous reprocher d’avoir brisé des familles peut-être, on va vous reprocher je ne sais quoi encore, comme les résistants français, on leur reprochait d’être des terroristes, on leur reprochait de casser la République ».

Philippe Gosselin, vice-président du Comité parlementaire pour un Iran démocratique, a salué le courage du peuple iranien. La flamme de la résistance ne s’est pas éteinte : « Il y a cette prise de conscience qu’aujourd’hui le peuple iranien lutte vraiment et de façon remarquable, ce n’est pas simplement ces derniers mois, c’est un combat acharné depuis plusieurs dizaines d’années. Mais les risques sont plus forts encore ces derniers temps dans un régime qui est à bout de souffle et qui a tendance, à serrer les boulons de plus en plus fort, à restreindre les libertés de plus en plus fortement ».

Il a souligné le courage d’Alejo Vidal Quadras et a évoqué sa résilience communicative qui est partagée par ceux qui soutiennent la résistance iranienne. « On a la chance d’avoir un homme qui a survécu » et « on a aujourd’hui un régime qui n’hésite plus à s’attaquer ». Il a rappelé l’attentat manqué au rassemblement du CNRI à Villepinte en 2018 : « Nous avons été quelques-uns à être présents, alors il y avait plusieurs dizaines de milliers d’Iraniens à Villepinte à ce rassemblement de juin 2018 avec un attentat qui a été déjoué. Des politiques, des gens qui soutenaient – français ou iraniens – la diaspora iranienne et son combat pour la résistance », étaient visés.

Il s’est ensuite interrogé : « Quand on rappelle un chargé d’affaires, quand on rappelle un ambassadeur, ça vaut carton jaune. Mais est-ce que ça suffit le carton jaune ? Est-ce que c’est à la hauteur des enjeux ? Est-ce que c’est à la hauteur des dizaines, voire peut-être des centaines de victimes qui auraient pu être dénombrées à Villepinte ? Est-ce que c’est à la hauteur de l’attentat contre notre collègue qui a été près de quinze ans vice-président du Parlement européen, qui est respecté et dont, entre parenthèses, son gouvernement n’a pas particulièrement respecté et protégé, disons-le ?

Il a souligné le large soutien dont bénéficie le CPID à l’Assemblée nationale. « Nos convictions politiques peuvent diverger, mais sur cette question, nous sommes unis. Nous ne nous rangerons jamais du côté d’un régime terroriste. »

Le député Julien Brugerolles a pour sa part dénoncé les condamnations à mort en Iran :
« Je m’exprime aujourd’hui avec une profonde indignation. En Iran, le régime continue de tuer. Non pas pour rendre justice, mais pour se maintenir au pouvoir par la peur. Dans ce contexte, douze sympathisants de l’organisation des moudjahidines du peuple d’Iran viennent d’être condamnés à mort. Leur tort, est d’être engagé contre la dictature religieuse ou simplement d’apporter leur soutien à une organisation d’opposition active sur le terrain en Iran. Ces condamnations ne relèvent ni du droit ni de la justice. Elles relèvent de la vengeance politique. Le régime iranien frappe ceux qui incarnent une alternative. Une vision d’un Iran libre, démocratique, laïque, tout ce que la République islamique abhorre».

Il a évoqué que ce travail précieux du CPID pour défendre ces condamnés à mort lui vaut des attaques par certains milieux douteux : « le CPID est attaqué à la fois par celles et ceux qui souhaitent garder les ponts avec Téhéran ou par les nostalgiques de la dictature du Chah.

Dans un pays où le pouvoir pend pour intimider, abolir la peine de mort n’est pas un simple choix de société. C’est un acte de rupture civilisationnelle. C’est dire que la vie humaine ne peut être sacrifiée à des fins politiques. C’est refuser que la potence soit un outil de gouvernement.

Les douze condamnés à mort et tant d’autres dans le couloir de la mort aujourd’hui ne sont pas des criminels. Ils sont les témoins d’un régime aux abois qui cherche à briser ceux qui portent l’espoir d’un changement.

À travers eux, c’est tout le peuple que l’on tente de faire taire. Il faut les soutenir au lieu de fustiger ou censurer leur choix politique.

Il a conclu : « La France ne peut pas rester indifférente. Nous devons exiger des sanctions ciblées contre les magistrats, procureurs et agents du régime responsables de ces condamnations.

Nous devons faire entendre ces noms, soutenir les familles et empêcher que ces vies soient effacées dans le silence. Je le dis ici solennellement, soutenir le peuple iranien, c’est défendre nos valeurs.

C’est refuser que la répression devienne une norme et c’est enfin reconnaître que face à la barbarie institutionnalisée, l’espoir organisé est une nécessité.

Nous avons une responsabilité, ne laissons pas les condamnés être oubliés, ne laissons pas leur silence devenir le nôtre ».

Jean-Pierre Brard, ancien député et membre fondateur du CPID a rappelé l’historique du comité : « Quand on a créé le CPID, il y a 17 ans, à quelques semaines près, c’était pour réunir des parlementaires de toutes origines politiques qui pouvaient se réunir parce que la cause commune en valait la peine. Et c’est ce qui a été fait. Donc on s’est retrouvé là avec des gens très différents, mais nous avons été capables d’unir. Et comme au moment de la résistance et de la création du Conseil national de la résistance, vous savez, ceux qui nous ont précédés ont été courageux. Ce qui a été fait à l’époque, nous, d’une façon plus humble, nous avons été capables de le faire ici. Mais c’est ce que le CNRI fait chaque jour qu’il passe en Iran, avec ceux qui consentent chaque jour au sacrifice suprême pour garantir la vie et l’avenir de l’Iran. Ça, c’est fantastique ».

Jean Pierre Brard a ensuite épinglé au passage ceux qui qualifient l’actuel président iranien de modéré. « Ceux qui croient que le président actuel est un modéré devraient avoir honte », a-t-il déclaré. « Interrogé sur sa ligne politique, il répond : “C’est la ligne du Guide suprême” – autrement dit, la ligne des tueurs. » Il a également dénoncé ceux qui cherchent des solutions alternatives pour composer avec les mollahs et ne trouvent rien de mieux que de sortir le fils du Chah d’Iran de la naphtaline, en se disant peut-être qu’on a une chance avec celui-là ». Alors rappelle-t-il que le slogan répandu en Iran en 2022 était bien « Ni Chah, ni Mollah ».

Jean Pierre Brard a également salué Alejo Vidal-Quadras, survivant d’un attentat terroriste en 2023 : « L’écrivain français Romain Rolland disait qu’un héros est quelqu’un qui fait ce qu’il peut, mais que certains font plus que ce qui est possible. Vidal-Quadras est l’un d’eux. »

La conférence s’est conclue par un engagement renouvelé en faveur des aspirations démocratiques du peuple iranien. Forts d’un soutien croissant au sein du Parlement français, illustré par l’adhésion à la « Déclaration Iran-2025 », les députés ont estimé que soutenir la Résistance iranienne n’est pas seulement une question de politique étrangère, mais aussi de responsabilité morale.