Interview par Daniel Eskenazi
Le Temps (suisse) – Pour la deuxième fois en neuf mois, Stuart Levey, sous-secrétaire américain au Trésor, chargé des sanctions financières envers l’Iran, s’est déplacé en Suisse. Cette visite intervient près de trois mois après les nouvelles restrictions commerciales visant l’Iran. La Suisse applique la résolution du conseil de l’ONU depuis le 15 février. A l’occasion de sa venue, Stuart Levey livre son point de vue dans un entretien exclusif.
Le Temps : Quelles sont les raisons de votre visite?
Stuart Levey : Nous sommes venus donner de nouvelles informations aux dirigeants des banques suisses pour les rendre attentifs aux risques de réputation qu’elles peuvent encourir en maintenant des relations financières avec l’Iran. Nous avons apporté des nouvelles preuves concernant l’implication d’institutions financières iraniennes dans le programme d’enrichissement de l’uranium, voire à des fins de terrorisme. L’Iran est le banquier central du terrorisme. Il offre chaque année 200 millions de dollars au Hezbollah. Ces fonds sont conditionnés au succès d’attaques terroristes.
Le Temps : Credit Suisse (CSGN.VX) et UBS (UBSN.VX) ont gelé leurs affaires avec l’Iran. Qu’en est-il de la collaboration des autres banques suisses?
Stuart Levey : Je ne veux citer aucun nom. La collaboration est bonne, mais il s’agit d’un effort continu pour empêcher le système financier iranien de se développer. Celui-ci tente par tous les moyens d’enlever les noms des personnes reliées aux transactions.
Le Temps : Certains experts doutent des effets des sanctions sur l’Iran, notamment en raison du maintien des relations commerciales avec la Russie et la Chine. Que leur rétorquez-vous?
Stuart Levey : Les sanctions auront un effet sur le long terme. Nous comptons sur le secteur privé, notre meilleur allié. Aujourd’hui déjà, les sociétés étrangères ne sont plus attirées à effectuer des investissements en Iran. Les perspectives à long terme n’y sont plus réjouissantes, ce qui affaiblit le pays.
– Après les fausses preuves montrées par les Etats-Unis sur l’Irak, quelles sont les vôtres qui permettent de dire que le programme iranien d’enrichissement de l’uranium est destiné à obtenir la bombe atomique?
Stuart Levey : Je ne fais aucun commentaire à ce sujet.