
Alors que les négociations nucléaires indirectes entre l’Iran et les États-Unis ont repris aujourd’hui à Mascate, à Oman, la vulnérabilité de Téhéran est pleinement visible. Loin de faire étalage de sa force, le retour du régime iranien aux négociations met en évidence les efforts déployés par le régime pour éviter l’effondrement de sa position stratégique, tant sur le plan intérieur qu’international.
Parallèlement à ces négociations, le ministre des Affaires étrangères du régime, Abbas Araghchi, a lancé une action diplomatique urgente auprès des puissances européennes. « La balle est désormais dans leur camp », a déclaré Araghchi en début de semaine, proposant de se rendre à Paris, Berlin et Londres pour « lancer un nouveau cycle de négociations » visant à empêcher l’activation du mécanisme de « snapback » prévu par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU avant la date butoir prévue plus tard cette année.
Ces dernières semaines, Araghchi s’est rendu à Moscou pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, puis a eu des consultations avec de hauts responsables chinois à Pékin. Cherchant à afficher sa force en s’alignant sur Moscou et Pékin, Araghchi a néanmoins souligné sa volonté de collaborer avec les E3.
Les gouvernements européens ont réagi avec prudence, conscients de la tendance de longue date de Téhéran à utiliser les négociations pour gagner du temps. Aucun signal positif immédiat n’a émergé de Londres ou de Berlin concernant les propositions d’Araghchi. Parallèlement, les ouvertures de Téhéran à la Russie et à la Chine n’ont jusqu’à présent pas permis d’apporter une aide matérielle ni de mettre fin à l’isolement international croissant de l’Iran.
L’urgence des mesures prises par le régime reflète des vulnérabilités internes plus profondes. Depuis 2017, la dictature cléricale a été confrontée à des vagues successives de troubles intérieurs, culminant avec les soulèvements nationaux de 2022-2023, qui ont gravement affaibli sa légitimité interne. Au niveau régional, la profondeur stratégique de l’Iran s’est érodée, entraînant des revers majeurs pour son réseau de mandataires et la perte de la Syrie comme allié fiable.
Malgré la détérioration de sa position, Téhéran maintient une ligne dure dans les négociations nucléaires. Araghchi a réaffirmé que si l’Iran est « prêt à instaurer la confiance », les activités d’enrichissement d’uranium demeurent « non négociables » – un point de discorde central avec les États-Unis et l’Europe.
La stratégie de longue date de Téhéran – dilitation, déni et tromperie – est à nouveau mise en évidence. Pourtant, contrairement au passé, le régime est aujourd’hui confronté à des options de plus en plus limitées et à des risques croissants.
Alors que la date limite de retour à l’équilibre s’approche rapidement, les mois à venir permettront de voir si la communauté internationale reconnaîtra la diplomatie désespérée de Téhéran pour ce qu’elle est – une stratégie de limitation des dégâts sous une pression immense – ou si elle retombera dans un cycle d’accords temporaires qui laissent les questions fondamentales sans solution.

