mercredi, mars 19, 2025
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Iran : Les factions dirigeantes sombrent dans la confusion et les luttes intestines

Iran : Les factions dirigeantes sombrent dans la confusion et les luttes intestines

Alors que le régime iranien est confronté à des turbulences économiques, à la pression internationale et à la colère croissante de la population, ses factions rivales sont en plein désarroi et se livrent à d’âpres disputes. Des positions contradictoires sur les négociations nucléaires aux affrontements internes paralysants au Parlement, la confusion du régime souligne son incapacité croissante à gérer les crises qui menacent sa survie.

Négocier ou ne pas négocier ?
La mission du régime iranien auprès de l’ONU a suggéré que les discussions sur le programme nucléaire de Téhéran pourraient être « réexaminées » si l’objectif est de « dissiper les inquiétudes concernant d’éventuelles dimensions militaires ». Pourtant, le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a catégoriquement rejeté de telles négociations, déclarant : « Il n’existe aucune possibilité de militarisation de notre programme, et nous ne négocierons jamais sous la pression et l’intimidation. De telles discussions ne sont même pas soumises à révision, quel que soit le sujet.»

Les médias d’État iraniens ont peiné à concilier ces positions contradictoires. La radio-télévision d’État du régime a réitéré que « l’Iran ne négociera pas sous la contrainte », amplifiant les propos d’Araghchi tout en évitant toute mention de la position contradictoire adoptée à l’ONU. Cette dissonance témoigne de désaccords internes sur la manière de gérer la pression internationale croissante, d’autant plus que les sanctions économiques continuent de comprimer les finances du régime.

Le chef du pouvoir judiciaire s’en prend violemment aux appels à la négociation.
Le chef du pouvoir judiciaire, Gholam-Hossein Mohseni-Ejei, chargé de l’application des directives du Guide suprême du régime, Ali Khamenei, a fustigé les partisans de la diplomatie : « Il est stupéfiant que des individus se réclamant d’une conscience politique continuent de recommander des négociations avec les États-Unis, malgré leurs observations directes de leurs tactiques d’intimidation !» Il a insisté sur le fait que la crise économique iranienne ne pouvait être résolue que par des « ressources nationales », ignorant la corruption et la mauvaise gestion profondément ancrées du régime.

Parallèlement, Ejei a été contraint de reconnaître le secret et les dissimulations dans d’importants scandales financiers, notamment l’affaire du détournement de fonds de Debsh Tea, affirmant que certaines affaires de corruption avaient été intentionnellement dissimulées au public pour des « raisons d’opportunisme ». Ses propos révèlent une tentative de plus en plus désespérée de dissimuler les malversations financières du régime tout en rejetant la responsabilité de l’effondrement économique de l’Iran.

Les luttes intestines au Parlement révèlent la paralysie économique
Au Parlement, la crise liée à la mauvaise gestion économique a conduit à une guerre ouverte entre les membres du régime. Les législateurs ont violemment attaqué le gouvernement de Masoud Pezeshkian, notamment après le limogeage d’Abdolnaser Hemmati (ministre de l’Économie) et de Mohammad-Javad Zarif (adjoint présidentiel aux Affaires stratégiques). Le ministre du Travail, Ahmad Meidari, a évité de justesse la destitution après avoir reçu un avertissement parlementaire.

Parallèlement, de nombreux responsables de l’État s’accusent mutuellement d’incompétence, de corruption, voire de trahison, révélant ainsi les fractures internes du régime.

Le 11 mars, le député Mehrdad Lahouti a fustigé la gestion gouvernementale du marché de la pomme de terre à la télévision d’État, révélant que l’Iran avait exporté 15 000 tonnes de pommes de terre pour n’en réimporter que 30 000 tonnes, qualifiant cet événement d’« échec catastrophique » en matière de planification économique.

Le même jour, Mostafa Nakhee a averti que l’Iran subissait de fortes hausses de prix, non seulement dues à des profits excessifs, mais aussi à des hausses inexpliquées approuvées par le gouvernement. « Nous constatons que les biens augmentent de prix plusieurs fois par an – qui décide de ces variations de prix absurdes ? »

Le député Mohammad-Javad Asgari a exigé des poursuites judiciaires contre les ministres négligents, avertissant : « Si nous ne remédions pas à la négligence ministérielle, nous nous rendons complices de leurs crimes contre le peuple. »

Parallèlement, les députés se sont affrontés au sujet des nominations politiques, accusant Pezeshkian d’avoir nommé des responsables liés aux soulèvements passés contre Khamenei. Kamran Ghazanfari a dénoncé le principal responsable nommé par le ministère du Travail, affirmant qu’il avait un jour qualifié Khamenei de « dictateur » et participé aux manifestations de 2009.

Un régime sans direction
Les contradictions de la politique nucléaire, les luttes de pouvoir internes au Parlement et les tentatives désespérées d’étouffer les scandales de corruption sont autant de signes d’un régime en perte de contrôle.

Alors que l’économie s’enfonce davantage dans la crise, que l’inflation monte en flèche et que le ressentiment populaire s’intensifie, l’élite dirigeante iranienne ne dispose plus d’une stratégie unifiée pour contenir la rébellion grandissante en son sein. Le régime non seulement échoue à gouverner, mais il se retourne contre lui-même, ses factions se disputant le contrôle du navire en perdition.

Alors que les crises iraniennes s’aggravent, la seule certitude est que le régime de Khamenei se fracture sous le poids de ses propres échecs, et ni ses partisans de la ligne dure ni ses soi-disant modérés n’ont d’issue.