Reuters – Des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne mettront en garde l’Iran la semaine prochaine contre des sanctions plus dures à moins quil ne cesser ses activités nucléaires que l’occident soupçonne d’être destinées à fabriquer des bombes atomiques, ont déclaré les diplomates jeudi.
Cependant, un projet de déclaration ministérielle sur lequel se sont accordés les ambassadeurs de l’UE évite de répondre directement à une offre française aux Etats de l’UE pour mettre en place leurs propres sanctions sans attendre l’ONU pour agir de nouveau. La proposition a divisé les membres de l’UE.
L’UE « va considérer quelles mesures complémentaires elle pourrait prendre pour soutenir le processus de l’ONU et les objectifs partagés par la communauté internationale », dit le projet.
Il dit que les ministres, qui se rencontrent lundi et mardi prochains, demanderont aux experts « de fournir un conseil opportun » sur de nouvelles sanctions possibles.
Les grandes puissances ont consenti à retarder de nouvelles sanctions de l’ONU jusqu’à novembre en attendant une nouvelle médiation et un rapport du négociateur de l’UE, le chef de la politique étrangère Javier Solana, sur des pourparlers censés pousser l’Iran vers une suspension.
Les hauts fonctionnaires des six grandes puissances tiendront leur réunion suivante à Berlin mercredi pour discuter de l’épreuve de force avec l’Iran, a dit un diplomate.
Le porte-parole du Département d’Etat américain Sean McCormack a dit aux journalistes à Washington mercredi que la réunion des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – la Grande-Bretagne, la Chine, la France, la Russie et les Etats-Unis – plus l’Allemagne discuteraient les termes d’une nouvelle résolution de sanctions de l’ONU.
Le Conseil de sécurité a déjà convenu de deux rounds de pénalités pour l’Iran pour refuser de suspendre l’enrichissement d’uranium, dont l’occident craint que Téhéran n’ait l’intention de l’utiliser pour des armes atomiques.
L’Iran dit que son programme nucléaire vise seulement la production d’électricité.
La Russie et la Chine, qui comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France sont des membres permanents, exerçant un veto du Conseil de sécurité, s’opposent à une troisième résolution de sanctions contre l’Iran.
LA PROPOSITION FRANÇAISE
La France a vivement recommandé à l’UE la semaine dernière de prendre l’initiative de l’élargissement des sanctions financières, disant que le monde ne pouvait pas se permettre d’attendre une action de l’ONU pour maîtriser les ambitions nucléaires de Téhéran.
Les diplomates de l’UE ont dit que le projet évitait une référence directe à la proposition française, alors que certains Etats de l’UE étaient peu disposés à la suivre. "C’est une ambiguïté constructive", a dit l’un d’eux.
L’Autriche, ainsi que l’Italie et l’Allemagne, importants associés commerciaux de l’Iran, se sont opposées à la proposition française.
Le Premier ministre italien Romano Prodi a dit la semaine dernière que les sanctions devaient être décidées aux Nations unies et qu’il n’était pas en faveur d’un durcissement des mesures pour l’instant.
Les diplomates ont dit que de nouvelles sanctions pourraient inclure l’élargissement existant des interdictions de visa et le gel davoirs ou l’expansion de mesures pour interdire des garanties de crédit à l’exportation et l’investissement dans quelques secteurs.
"Le but ne serait pas d’étendre des sanctions à tout prix, mais de maintenir une pression calibrée sur le régime iranien pour le faire réfléchir sérieusement à la direction qu’ils prennent", a dit l’un d’entre eux.