CNRI « Quel pays peut encore aujourdhui accepter des amputations, retirer des yeux, couper des doigts ? Cest insupportable. Est-ce quune seule fois, il y a eu un reportage à la télévision vous faisant part de toutes ces exactions ? Jamais. On ne peut que sinterroger », a déploré le bâtonnier Gilles Paruelle qui animait une conférence sur la peine de mort en Iran, à la Maison de la Chimie à Paris le 5 octobre, à linitiative du Comité français contre les exécutions en Iran.
Il était entouré de juristes et de défenseurs des droits de lhomme, comme Pierre Bercis, président des Nouveaux droits de lhomme, Mgr Jacques Gaillot, le député maire de Montreuil Jacques Brard, Me Daniel Jacoby ancien président de la FIDH, Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, le Dr Saleh Radjavi, représentant en France du CNRI, Mme Anissa Boumediene, écrivain et islamologue, et Me Reza Rohani, président de la commission des Minorités au CNRI.
Voici un extrait de son intervention :
LIran a le triste privilège dêtre le pays au monde où il y a le plus dexécutions effectuées eu égard au nombre de sa population. Cest le 2e pays en terme dexécutions, mais eu égard à sa population cest le premier pays au monde.
Cest une situation qui est insupportable et qui empire de jour en jour. Vous verrez tout à lheure un film pour que vous puissiez vous rendre compte de visu de la situation telle quelle se présente aujourdhui en Iran et qui est tout à fait dramatique.
Il est anormal, incroyable, que les médias ne communiquent pas sur cette situation. Cest une situation qui nexiste nulle part ailleurs. Un pays où il y a déjà des enlèvements, des arrestations, des lapidations, des amputations, enfin tout ce que les régimes autoritaires connaissent. Mais au-delà de ces exactions, il y a lapplication rigoureuse, efficace de la peine de mort. Cest une situation qui nest pas acceptable. Nous sommes revenus à des temps lointains et jaime à dire que ce sont des procédés moyenâgeux qui sont employés par le régime aujourdhui pour faire en sorte de maintenir son autorité sur le pays.
Quel pays peut encore aujourdhui accepter des amputations, retirer des yeux, couper des doigts ? Cest insupportable. Est-ce quune seule fois, il y a eu un reportage à la télévision vous faisant part de toutes ces exactions ? Jamais. On ne peut que sinterroger. Je pense que ce quil faut faire, cest de communiquer. Faire en sorte que lon sache ce qui se passe dans ce pays et que cest inacceptable. La peine de mort en Iran est prévue pour un certain nombre de crimes, elle est prévue pour lhomicide, le vol à main armée, le viol, le blasphème, lapostasie, la conspiration contre le gouvernement, ladultère, la prostitution, lhomosexualité et les délits liés à la drogue. Cest un panel effrayant.
Lorsquon regarde les chiffres, on se rend compte que dans les 6 derniers mois, il y a eu 235 exécutions capitales, principalement par pendaison, reconnues par le gouvernement. Cest à peu près le double des années précédentes. Dans les trois derniers mois, lorsque lon prend les rapports dAmnesty International, jai pu relever tout à lheure quil y a eu en trois mois 101 condamnations. Et aujourdhui le régime ne se cache pas, annonce à la radio, à la télévision quil va y avoir des pendaisons qui sont publiques.
Nous avons vu dernièrement cet été quil y avait eu 21 pendaisons le même jour dans une ville. Cest une situation qui est insupportable. Cest le cur qui parle, ce nest pas simplement le juriste, cest vraiment lhomme par lui-même qui ne peut-être que révolté par tant de barbarie. Jemploie des mots qui sont généralement modérés, mais là il ny a pas dautre termes à employer à lencontre de telles exactions. Les dernières étant trois pendaisons publiques le 27 septembre dernier. Personne nest épargné. LIran a pourtant signé la convention internationale des droits de lenfant. Les mineurs sont quand même exécutés. Cest une situation qui ne peut pas être acceptée.