CNRI « La communauté internationale historiquement a reconnu le droit de résister face aux régimes dictatoriaux, faire face, résister, avec les moyens dont on dispose, est légitime. On ne peut pas mettre sur la même voie des actes commis par une dictature et des actes pour sopposer aux agents dune dictature. Et ce droit de résister est inscrit dans le préambule de la déclaration universelle des droits de lhomme », a souligné le député maire de Montreuil, Jean-Pierre Bard qui intervenait lors dune conférence sur la peine de mort en Iran, à la Maison de la Chimie à Paris le 5 octobre, à linitiative du Comité français contre les exécutions en Iran.
Il était entouré de juristes et de défenseurs des droits de lhomme, comme le Bâtonnier Gilles Paruelle, Mgr Jacques Gaillot, le Dr Saleh Radjavi représentant du CNRI en France, Me Daniel Jacoby ancien président de la FIDH, Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, Pierre Bercis, président des Nouveaux Droits de lHomme, Mme Anissa Boumediene, écrivain et islamologue, et Me Reza Rohani, président de la commission des Minorités au CNRI.
Voici un extrait de son intervention :
Evidemment le film que nous avons vu est terrible. Je sus le maire dune ville où la solidarité face à la barbarie et la dictature nest pas daujourdhui. Nous avons soutenu les anti nazi, nous les avons cachés. Nous avons soutenus les anti mussoliniens, nous les avons cachés. Nous avons eu, jusquà la chute de la dictature franquiste, cachées dans notre ville les commissions ouvrières, les syndicats clandestins qui combattaient Franco. Et nous avons caché jusquau bout Alvaro Cunhal, le secrétaire général du parti communiste portugais qui évidemment ne sappelait pas chez nous Alvaro Cunhal mais qui portait un autre nom.
Je pense que nous, fils et filles de la révolution française, il ne nous suffit pas de communier, si vous me permettez ce termes religieux, je suis tout à fait laïque, de communier dans le respect de ces valeurs qui forment notre identité, il nest pas de valeur qui reste platonique et il faut pratiquer et il faut donc des actes concrets. La communauté internationale historiquement a reconnu le droit de résister face aux régimes dictatoriaux, faire face, résister, avec les moyens dont on dispose, est légitime. On ne peut pas mettre sur la même voie des actes commis par une dictature et des actes pour sopposer aux agents dune dictature. Et ce droit de résister est inscrit dans le préambule de la déclaration universelle des droits de lhomme qui a été approuvée le 10 décembre 1948 par lAG de lONU. Je rappelle ce que dit la déclaration : il est essentiel que le droit de lhomme soit protégé par un régime de droit pour que lhomme ne soit pas contraints en suprême recours à la révolte contre la tyrannie et loppression. Et ce rappel au droit international dont les Etats sont coutumiers, devrait être systématique, si les citoyens puissent préserver et acquérir le droit à la liberté de pensée, dexpression ou encore à la liberté dassemblée. Quand ces droits élémentaires sont niés, la résistance devient le seul recours de ceux dont les droits ont été violés. Et dans notre pays, le mot de résistance doit signifier quelque chose.
Jai été frappé par ce jeune qui dit au revoir, qui va mourir. Il sait pourquoi il va mourir, il sait quil ne va pas échapper au supplice, mais il assume parce quil sait que son sacrifice ne sera pas vain. On parle beaucoup de Guy Moquet en ce moment. Dans ma ville jai eu un jeune de lâge de Guy Moquet et qui avait 17 ans et qui a fait partie des 27 avec Guy Moquet qui ont été fusillés. Et on pense à dautres, à Jean-Pierre Thimbault, qui au moment où il allait être fusillé par les nazis, à linstant où il avait les soldats face à lui et les fusils qui allaient le tuer, leur a dit une dernière chose avant de seffondrer sous les balles des nazis.
Dans notre pays, je pense que si on sait faire la liaison entre le combat qui est mené contre la dictature des mollahs et les combats qui ont été menés chez nous, il est possible délargir le soutien.
Parce que votre combat nest pas bien connu encore. Il a été obscurci par des campagnes dopinion, y compris linscription sur la liste des organisations terroristes. Notre résistance contre le nazisme chez nous et le gouvernement de Vichy est lillustration de lapplication de ce droit sacré à résister. Et le régime dAhmadinejad est un régime barbare qui peut être combattu.
Jai le sentiment que parfois il en fait trop, par exemple quand il est allé à luniversité Columbia aux USA. Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée de lavoir invité. Parce que évidement on sait comment fonctionne les dictatures. Il y avait des gens des médias iraniens jimagine qui nont pas du tout rendu compte du débat mais qui ont montré quil était accueilli dans une université qui est célèbre et quil avait un soutien à létranger y compris dintellectuels. Donc il ne fait pas permettre des actes comme cela.
En même temps il ne faut pas pactiser. Je suis très frappé en ce moment on parle beaucoup de la Birmanie. Les journalistes y vont nombreux mais ne se risquent pas laller à Rangoon mais vont prudemment à la frontière, en attendant que quelquun la franchisse pour recueillir les dernières impressions.
Comme vous le savez, comme en Iran, Total a des intérêts puissants et toutes ces affaires ont évidemment une odeur de pétrole. Les valeurs de ces gens là ne sont pas au Panthéon mais sont dans les bourses et leur idole cest le veau dor. Celui que pour adorer, on nhésite pas à sacrifier les libertés. Et peut être vous a-t-il échappé quà propos de la Birmanie depuis quelques jours on ne parle plus de Total. Que sest-il passé? Je ne veux pas outrager Mgr Gaillot, mais était-ce une manifestation du St Esprit? Pas du tout cest une intervention de lElysée, parce quil avait été demandé le retrait de Total et on ne demande plus le retrait de Total de Birmanie et parce quon échange ses convictions contre des pétro-dollars. Il ny a pas de doute. Qui peut nier que pour lIran cest la même chose? Et on sait bien que la contrepartie de la présence de Total en Iran, cest une tolérance certaine vis-à-vis du régime dictatorial et les pressions contre ceux qui le combattent et les Moudjahidine du peuple sont bien placés pour savoir de quoi il sagit.
Comme toutes les dictature, elle sattaque à lennemi intérieur. Ce nest pas nouveau. Mais ce qui montre quil est en difficulté, ce régime, cest lexhibition de la cruauté dans les châtiments qui sont infligés au peuple iranien. Et lopinion internationale en est même incrédule. Toutes ces pendaisons publiques ou en groupe par exemple, ou en série, exactement comme dans les camps de concentration nazi et les nazi avait le souci du rendement dans la multiplication de la mort. Je crois que cest le bâtonnier ou Pierre Bercis qui a parlé de la guerre. Faire la guerre avec la peau des autres cest un exercice assez aisé et certains ne se privent pas de le pratiquer. Je pense que de la part des Moudjahidine du peuple, cest extraordinairement responsable de dire pas dintervention étrangère ou militaire. On sait sinon comment ça finit. Et si lon veut que ce régime barbare puisse se victimiser et enfin de compte essaie de reconstituer une certain de solidarité autour de lui, cest que lintervention étrangère, la guerre cest la meilleure solution. On voit hélas de tristes exemples y compris à la frontière iranienne. Et comme vous lavez dit, la première victime sous les bombes ce ne sera pas Ahmadinejad, ce sera les Iraniens qui eux nont pas de quoi se protéger ( )
Pour ma part je reste convaincu que cest en soutenant sous toutes les formes adéquates, chacun à sa manière et dans tous les lieux pertinents moi jai lassemblée nationale et puis jai ma ville et puis pour dautres cest dautres formes. Il est très important de multiplier le soutien au mouvement dopposition. Cest comme ça que la dictature franquiste a été isolée et que la dictature de Salazar, il y a eu une sorte de conjonction entre la résistance intérieure dans des formes extraordinairement difficiles et intelligentes et le soutien extérieur qui a fini par faire tomber le régime. Et rappelez-vous le régime dapartheid, lisolement relatif. Dailleurs qui était en Afrique du sud du temps de lapartheid ? Total ! On retrouve toujours les mêmes, qui avait toujours les mêmes soutiens avec des positions complètement schizophrènes au sens cynique. Une schizophrénie parfaitement gérée. On a un discours publique parce quon ne veut pas affronter son opinion publique et on a une pratique qui renforce ceux quon prétend combattre. Cest ce qui passé en Afrique du sud, mais là encore la convergence du combat difficile à lintérieur et de la solidarité internationale est venu à bout de la dictature. Et cest au sein du peuple iranien que sont les forces principales pour venir à bout de cette horrible dictature, tant il est vrai quhistoriquement une dictature nest jamais parvenue à simposer durablement à un peuple qui a décidé de vivre debout.
Mais cest clair quavec toutes ces barbaries il est important dabréger ces souffrances pour la démocratie, pas la démocratie dimportation, mais la démocratie dans les formes décidées par le peuple iranien conformément à son histoire plurimillénaire. Jespère que je réussirai à entraîner dautres collègues dans lexpression et dans le soutien au combat courageux que vous menez; jusque là où chacun et chacune souhaitera sengager mais à chaque petit pas, cest déjà une petite évolution du rapport de force absolument nécessaire à lévolution de la situation.