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Le chef des services d’espionnage déclare que la Corée du Nord et l’Iran sont des menaces

 Le chef du renseignement canadien a discrètement déclaré à une foule d’initiés qu’il était inquiet du fait que la Corée du Nord et l’Iran surveillaient de près le Canada à la recherche de composants pour fabriquer une bombe atomique.

La Presse Canadienne, 31 octobre – Lors d’un discours devant des intellectuels et d’anciens membres du renseignement, Dick Fadden le directeur du CSIS a parlé « d’enquêtes en cours » des services d’espionnage concernant des personnes cherchant à se procurer des matériaux nucléaires.

La menace d’armes de destruction massive est un « domaine dont nous devons nous préoccuper beaucoup plus que nous l’avons fait jusqu’à présent » a déclaré Fadden.

“La Corée du Nord et l’Iran étant les pays qui nous inquiètent le plus ».

Fadden a tenu ces propos d’une franchise inhabituelle au cours d’un précédent discours non rapporté – et qui demeure en partie secret – à la fin du mois de mai à Ottawa dans un rassemblement de l’Association Internationale pour l’Enseignement du Renseignement.

Le directeur du CSIS a aussi exposé ses inquiétudes sur l’ingérence étrangère dans la politique canadienne et la menace du cyberterrorisme. De plus, il a clairement posé la question de savoir si le fait d’emprisonner des terroristes nés sur le territoire était une vraie solution au problème de la radicalisation. Et il a déclaré au public que l’Inde avait plus d’influence en Afghanistan que le Canada et tous ses alliés unis.

Fadden a déclaré que le Canada semblait avoir « plus que son comptant » en matière d’ingérence étrangère.

« Les personnes ayant un lien ethnique ou culturel avec un autre pays, sont recrutées par des représentants de leurs gouvernements et sont en quelque sorte introduits dans notre système politique. C’est un problème grandissant » a-t-il dit.

« Ils commencent même à l’échelle municipale et à l’échelle d’un état ou d’une province dans l’espoir d’ouvrir la voie vers des positions importantes. »

Le discours arrive deux mois après que Fadden soit apparu à Toronto où il a d’abord exprimé ses craintes concernant l’influence étrangère sur les politiciens, et a eu lieu moins d’un mois après avoir réitéré ces inquiétudes dans une interview télévisée.

Dans l’interview de juin, Fadden a fortement sous-entendu que la Chine tentait de manipuler des officiels canadiens de provinces et de municipalités, déclenchant une vague d’indignation de la part de critiques disant que ses remarques jetaient des soupçons sur toute une communauté.

Il est surprenant que Fadden ait insisté à plusieurs reprises sur ce qui est considéré comme une menace d’agents étrangers influents, a déclaré Wesley Wark, un historien de l’université de Toronto spécialiste du renseignement. « Je reste en quelque sorte surpris par l’idée qu’il s’agisse d’un problème prioritaire pour le CSIS. »

La Presse Canadienne a récemment obtenu une transcription des propos non-publiés de Fadden lors de la conférence d’Ottawa en vertu de la loi sur le droit à l’information. Le CSIS a conservé quelques parties jugées trop sensibles pour être révélées bien que des dizaines de personnes, parmi lesquelles de nombreux professeurs, des agents du renseignement du Canada et des Etats-Unis, se trouvaient dans l’assistance.

Le directeur du CSIS a déclaré devoir faire attention lorsqu’il faisait référence à des pays en particulier.

“Est-ce qu’il y a des media dans la salle? » a-t-il demandé. « D’accord, donc ce n’est pas grand-chose, mais si possible je préférerais ne pas faire la une du Globe and Mail. »

«Mon personnel m’a préparé deux discours où j’ai décidé, à leur grande horreur, de dire ce que je pensais, ce qui n’est pas toujours sage dans mon domaine », a déclaré Fadden, déclenchant des rires.

Sur la page de couverture du discours de 44-minutes, il est marqué « Pour informations internes et recherche uniquement ».

Une personne ayant assisté au discours a refusé de donner des détails, affirmant que le discours avait été prononcé en vertu du règlement de Chatham House – strictement sur le fond et non d’attribution de Fadden.

«Nous avons … mené des enquêtes actives sur des personnes qui cherchent un matériau nucléaire précurseur au Canada», a déclaré Fadden, disant qu’il s’agissait d’ «une affaire très compliquée ».

«C’est un domaine où une certaine expertise technique et scientifique est très utile », a-t-il dit.

« J’espère que les gens, ceux qui ont une formation scientifique, pourront être encouragés d’entrer dans le renseignement et la sécurité, plus que par le passé. »

En juillet, un homme de Toronto a été reconnu coupable d’avoir tenté d’expédier des articles liés au nucléaire à l’Iran après avoir été accusé en 2009.

Interrogé pour une mise à jour sur les enquêtes mentionnées par Fadden, la porte-parole du service Isabelle Scott a déclaré: «Le CSIS n’a pas à discuter de questions opérationnelles spécifiques ou de méthodes relatives à son enquête de renseignement. »

La menace pour les systèmes informatiques américains de piratage tendant au cyberterrorisme est « beaucoup plus préoccupante qu’elle ne l’était il y a même cinq ou dix ans» a déclaré Fadden.

Il a souligné le caractère complexe et global de l’extrémisme et plaidé en faveur de nouvelles approches, en disant que les nouveaux arrivants ne sont «pas toujours satisfaits de la façon dont nous organisons nos sociétés et nous ne sommes pas venus à bout de cela. »

« Nous allons continuer à trouver des gens qui veulent mal agir et nous allons les poursuivre et les mettre en prison », a déclaré Fadden. « Mais cela renforce, dans une large mesure, la rupture sociétale qui les a poussés dans cette voie en premier lieu. »

Un thème prédominant des propos du chef des espions a été la nécessité d’assurer une meilleure compréhension de l’histoire alors que le CSIS traite de plus en plus de cultures étrangères.

Fadden, qui s’est rendu en Afghanistan plus tôt cette année, a suggéré à l’auditoire que n’est que récemment que les alliés occidentaux avaient réalisé collectivement que l’Inde était un acteur principal dans ce pays déchiré par la guerre.

«Ils ont plus d’influence. Ils ont plus de connexions. Ils ont plus de tout et n’importe quoi avec l’Afghanistan que tout le reste d’entre nous réunis. »

Conscient que de nombreux enseignants étaient présents, Fadden a déploré que les agents du CSIS engagés à leur sortie de l’école « ne semble pas savoir écrire ».

« L’essence de ce que nous faisons est d’être capables de communiquer ce que nous trouvons, que ce soit par ce que nous voulons faire connaître au gouvernement ou que nous voulons de l’exécutif qu’il prenne une certaine forme d’action. Et si nous ne pouvons pas communiquer de façon claire et sans ambiguïté, nous ne faisons pas notre travail.”