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Iran : Téhéran organise un exercice de sécurité par crainte d’une reprise du soulèvement

Iran : Téhéran organise un exercice de sécurité par crainte d'une reprise du soulèvement
Exercice des forces de sécurité pour le Nowruz 2023, le mardi 14 mars 2023

Dans une démonstration de force visant à asseoir leur contrôle, les autorités iraniennes ont mené un exercice de sécurité de grande envergure à Téhéran, décrit comme un « exercice de préparation à la sécurité publique » pendant les célébrations du Nouvel An persan (Nowruz). Cet exercice s’est déroulé place Azadi et a réuni de hauts responsables de la sécurité, dont le général Ahmadreza Radan, commandant en chef des Forces de sécurité de l’État (FSE).

Les médias d’État ont présenté cet exercice comme une démonstration de la volonté de la police de maintenir le contrôle et de faire respecter les mesures de sécurité dans la capitale. Cependant, l’exercice, qui comprenait des démonstrations tactiques par des unités spécialisées, ressemblait davantage à un moyen d’intimidation qu’à un véritable engagement en faveur de la sécurité publique, pour renforcer ainsi l’emprise répressive du régime sur la population.

Si les autorités ont présenté cet exercice comme une mesure de routine pour sécuriser les fêtes, les analystes suggèrent qu’il témoigne d’inquiétudes plus profondes au sein du régime quant à d’éventuels troubles. Le timing de cet exercice fait suite à de récentes manifestations publiques de défiance, notamment de violentes manifestations lors des célébrations annuelles de Chaharshanbe Souri, une fête traditionnelle de sauts de feu qui est de plus en plus souvent l’occasion de manifestations anti-régime.

La dictature cléricale iranienne a l’habitude d’utiliser les manœuvres sécuritaires comme tactique psychologique pour dissuader la dissidence. La présence de hauts responsables à l’événement souligne la priorité accordée au contrôle des zones urbaines où des troubles ont déjà éclaté.

Lors de l’exercice, le chef de la police de Téhéran, le général Abbasali Mohammadian, a souligné l’engagement de ses forces à « réduire la criminalité ». Il a également souligné l’intensification de la répression contre ce qu’il a qualifié de « déviants sociaux », une référence fréquemment utilisée par les autorités iraniennes pour justifier les arrestations massives de dissidents politiques, de manifestants et de groupes marginalisés.

Cet exercice s’inscrit dans le cadre plus large du renforcement des mesures de sécurité prises par le régime iranien en réponse à la montée du mécontentement économique et des troubles sociaux. Les précédentes mobilisations de grande ampleur, telles que l’exercice du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) en janvier 2025, impliquant 110 000 paramilitaires bassidjis, ont été largement interprétées comme des actions préventives contre d’éventuels soulèvements.

Avec une inflation et un chômage records et une frustration croissante de la population, les autorités semblent se préparer à de nouvelles manifestations. Les déploiements de forces de sécurité se sont intensifiés dans les grandes villes, et des rapports font état d’une surveillance accrue et d’arrestations préventives de militants à l’approche du Nouvel An persan.

Des organisations de défense des droits humains et plusieurs experts de l’ONU ont exprimé leur inquiétude face au recours persistant du régime iranien à des tactiques brutales pour réprimer la dissidence. Les rapports faisant état d’exécutions, d’arrestations massives et d’un recours excessif à la force contre les manifestants ont été condamnés par les organisations de surveillance internationales et les gouvernements occidentaux. Les appels à la responsabilisation se sont intensifiés, les défenseurs des droits humains exhortant la communauté internationale à prendre des mesures plus fermes contre la répression de l’opposition par Téhéran.

Malgré la démonstration de force du régime, la population iranienne continue de défier l’autorité par des actes de résistance constants. Les semaines à venir révéleront si la stratégie d’intimidation de l’État parviendra à réprimer la dissidence ou à attiser davantage l’opposition contre l’establishment religieux.