
Le 2 février 2025, l’Iran a connu une recrudescence de protestations dans plusieurs villes, alors que des investisseurs, des retraités, des propriétaires fonciers et des enseignants escroqués se sont mobilisés contre la mauvaise gestion, l’instabilité économique et la répression systématique. Des manifestations ont eu lieu à Téhéran, Ispahan, Kerman, Ahvaz, Shush, Rasht et Qaemshahr, les manifestants réclamant justice, des salaires équitables et la fin de la corruption de l’État. Pendant ce temps, au Kurdistan, les autorités ont intensifié leur répression contre les enseignants, en prenant des mesures punitives sévères contre 47 militants.
Les investisseurs et les propriétaires fonciers escroqués demandent des comptes
A Téhéran, les victimes d’une institution financière frauduleuse liée à des réseaux affiliés à l’État, ont organisé une manifestation pour exiger le remboursement de leurs investissements perdus. Les manifestants ont dénoncé l’inaction du régime, accusant les responsables de complicité dans des escroqueries financières qui ont anéanti les économies de milliers de personnes.
Simultanément, les propriétaires fonciers du district de Khavaran à Tabriz se sont rassemblés devant le bureau présidentiel, condamnant le gouvernement pour ne pas avoir tenu ses promesses de leur fournir des logements. Ces personnes avaient acheté des terres et des maisons dans le cadre de projets officiels soutenus par l’État, mais se sont heurtées à des retards interminables et à des engagements non tenus.
Les retraités protestent contre la dégradation des conditions économiques
Dans les villes du pays, les retraités des secteurs de l’acier, des mines et de la sécurité sociale ont organisé des manifestations coordonnées, exigeant des retraites plus élevées et un accès aux services de base.
Kerman et Qaemshahr – Les retraités de l’industrie sidérurgique ont protesté contre les faibles retraites, dénonçant l’incapacité du gouvernement à ajuster leurs paiements en fonction de l’inflation.
February 1—Mashhad, northeast Iran
Healthcare workers rally in front of the Medical Sciences University to protest unpaid and overdue wages.#IranProtests pic.twitter.com/hItRi44C5X— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 1 février 2025
Shush, Rasht et Ahvaz – Les retraités de l’Organisation de la sécurité sociale sont descendus dans la rue, scandant « Nous ne vivrons pas dans la tyrannie ! » et réclamant des salaires équitables et de meilleurs soins de santé.
Ispahan – Les retraités de l’industrie sidérurgique et minière se sont rassemblés sous le slogan « Ils abusent de la religion pour détruire la vie des gens ! », accusant directement le régime d’utiliser la rhétorique religieuse pour justifier la mauvaise gestion économique.
Répression contre les enseignants au Kurdistan
Au Kurdistan, le régime a intensifié sa répression contre les enseignants militants, prenant des mesures disciplinaires sévères contre des dizaines d’éducateurs en réponse à leur plaidoyer pour de meilleures conditions de travail et des réformes éducatives.
Selon des militants locaux, le ministère de l’Éducation a prononcé des peines contre les enseignants :
27 enseignants ont été déchus de leur rang professionnel et de leurs avantages salariaux
10 enseignants ont été purement et simplement licenciés de leur poste
6 enseignants ont été suspendus de la fonction publique
4 enseignants ont été contraints de prendre une retraite anticipée
4 enseignants ont reçu des réprimandes officielles
4 enseignants ont subi des réductions de salaire
2 enseignants ont été exilés dans des endroits reculés
1 enseignant s’est vu interdire d’occuper des postes de direction ou de direction
Ces décisions font suite aux manifestations qui ont suivi le soulèvement de 2022, au cours duquel les enseignants ont joué un rôle crucial dans la défense du changement social. Dans une lettre ouverte du 26 janvier, les enseignants kurdes ont condamné la persécution continue du régime, soulignant plus de 700 cas de déductions de salaire et au moins 47 cas de rétrogradations, de licenciements et de relocalisations forcés.
PMOI Resistance Units in Zahedan condemn executions in Iran, reiterate their commitment to struggle for freedom.#PMOI #ResistanceUnits pic.twitter.com/njamJmYfo9
— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 1 février 2025
Un porteur frontalier kurde abattu par les forces de sécurité
Les forces de sécurité iraniennes ont abattu un kulbar (transporteur de marchandises) kurde au poste-frontière de Hanjiran, près de Marivan, ce qui a contribué à l’indignation du public. Les kulbars, qui transportent des marchandises à travers les frontières en raison de l’extrême pauvreté et du manque d’opportunités d’emploi, sont fréquemment pris pour cible par les forces de sécurité.
Selon les rapports sur les droits de l’homme, rien qu’en 2024, au moins 40 kulbars ont été tués et 222 blessés, la majorité des décès étant causés par des tirs directs des patrouilles frontalières. Le traitement brutal des kulbars est depuis longtemps un sujet de discorde, les organisations de défense des droits de l’homme condamnant le régime iranien pour avoir systématiquement ciblé ces travailleurs vulnérables.
Agitation croissante et appels à la justice
Les manifestations généralisées du 2 février reflètent un mécontentement croissant dans divers secteurs de la société iranienne, des griefs économiques aux violations des droits du travail et à la répression de l’État. Alors que les retraités, les travailleurs, les enseignants et les communautés marginalisées descendent tous dans la rue, le régime est confronté à un défi croissant pour réprimer la dissidence. Le recours continu du régime iranien à la négligence économique, à la fraude financière et à la violence d’État pour faire taire l’opposition n’a fait qu’alimenter davantage la résistance.