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Le ministre des Affaires étrangères des mollahs accusé de chaos diplomatique

Le ministre des Affaires étrangères des mollahs accusé de chaos diplomatique
Le ministre des Affaires étrangères du régime iranien, Abbas Araghchi, dans un restaurant à Damas le 2 décembre 2024

 

Ham Mihan, un journal affilié à l’État et lié à la faction dite « réformiste » du régime, a critiqué le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, soulignant non seulement ses échecs mais aussi l’instabilité plus large de la politique étrangère du régime. L’article, rédigé par le rédacteur en chef Mohammad-Javad Ruh, révèle un appareil diplomatique dysfonctionnel et l’approche contradictoire de Téhéran dans les négociations.

L’article daté du 2 février, souligne que la nomination d’Araghchi a été scellée avant même que le gouvernement de Pezeshkian ne soit formé. « Avant même que l’équipe de transition et les comités gouvernementaux ne soient pleinement formés, le nom d’Araghchi avait déjà été confirmé comme ministre des Affaires étrangères. » L’éditorial ajoute que les rôles précédents d’Araghchi – notamment son mandat au sein du CGRI et ses liens avec des factions extrémistes comme Motalefeh – ont fait de lui un candidat idéal, capable d’équilibrer les intérêts du régime tout en s’engageant auprès de l’Occident.

Malgré cela, Ham Mihan note que la position du ministre a rapidement diminué : « Six mois après le quatorzième gouvernement, le soutien politique d’Araghchi s’estompe. » Ce déclin, suggère l’éditorial, provient de son incapacité à maintenir l’équilibre délicat entre la position belliqueuse publique du régime et ses manœuvres diplomatiques privées.

Le journal détaille comment l’autorité diplomatique de Téhéran est de plus en plus fragmentée. « Des personnalités comme Ali Shamkhani, bien qu’elles n’occupent pas de poste officiel, se présentent toujours comme des personnages clés dans le dossier nucléaire, tandis que le ministère des Affaires étrangères et le gouvernement restent silencieux. » L’éditorial critique également les interventions de Kharrazi, affirmant que « bien que ces déclarations semblent coordonnées, elles indiquent une concurrence croissante, le Conseil stratégique des relations étrangères outrepassant son rôle consultatif. »

Le manque de coordination contraste fortement, selon Ham Mihan, avec l’administration de Rohani, où les négociations étaient centralisées sous le ministère des Affaires étrangères. L’éditorial prévient que « les expériences précédentes de négociations officieuses et secrètes ont démontré qu’elles n’apportent aucun avantage au pays et ne font qu’aggraver les divisions internes – un exemple en est l’affaire McFarlane. »

L’article expose en outre la duplicité stratégique de Téhéran, en particulier dans son approche envers les États-Unis. Il critique les commentaires d’Araghchi à Al Jazeera, où il a décrit la libération des fonds gelés de l’Iran comme une « mesure de confiance » de la part de Washington. Ham Mihan dénonce une erreur diplomatique majeure : « Si l’on avait eu une compréhension même élémentaire de l’état d’esprit de Trump, n’importe quelle déclaration aurait dû être faite – sauf pour demander des exigences et des fonds. »

Cette contradiction est au cœur de l’approche du régime : dénoncer publiquement l’Occident tout en recherchant en privé un engagement. L’éditorial note que « même des responsables comme Ali Abdolalizadeh, contrairement à Araghchi, reconnaissent l’importance de cadrer les négociations en termes d’opportunités d’investissement plutôt que d’exigences directes. »

L’article examine également les faux pas diplomatiques d’Araghchi, en particulier ses récents voyages dans des zones de conflit. « Sa visite à Beyrouth, au plus fort des frappes aériennes israéliennes sur le Liban, et pire, son voyage à Damas quelques jours avant la chute de Bachar al-Assad, ont eu un impact néfaste sur son bilan. » L’éditorial soutient que la présence d’Araghchi dans ces régions n’a pas contribué à faire valoir la puissance iranienne, mais a plutôt révélé son influence déclinante : « Les responsables libanais comme Nabih Berri ont réagi avec un ton inhabituellement critique, et les nouveaux dirigeants syriens, ouvertement hostiles à l’Iran, ont vu la visite de dernière minute d’Araghchi comme rien d’autre qu’un signe de désespoir. »

Si le journal critique ostensiblement Araghchi, le message plus profond est que l’ensemble de l’appareil diplomatique est en train de s’effondrer. La stratégie de Khamenei – nommer Araghchi pour signaler l’ouverture à l’Occident tout en poursuivant une rhétorique anti-occidentale sur le plan intérieur – a non seulement échoué, mais a également révélé les faiblesses du régime. Téhéran espère bloquer les négociations jusqu’à ce qu’une crise internationale majeure – comme les conflits en cours à Gaza ou en Ukraine – détourne l’attention des puissances mondiales. Ce schéma reflète les tactiques passées de l’Iran consistant à prolonger les engagements diplomatiques tout en faisant avancer secrètement son programme nucléaire et ses ambitions régionales.

Alors que les factions rivales envoient des messages contradictoires et que Téhéran peine à maintenir sa crédibilité, l’évaluation d’Ham Mihan sur Araghchi est, en réalité, une mise en accusation de la politique étrangère du régime dans son ensemble. Les contradictions, les échecs diplomatiques et le manque de coordination indiquent que Khamenei ne cherche pas une véritable solution mais plutôt à gagner du temps, en attendant que les événements extérieurs modifient la situation géographique.