
Une vague de protestations a déferlé sur l’Iran les 2 et 3 novembre 2025, unissant divers segments de la société dans une puissante manifestation de colère publique contre la corruption systémique et la gestion catastrophique du régime clérical. Des retraités du secteur des télécommunications dans au moins 18 villes, aux infirmières, étudiants, agriculteurs et chauffeurs, des Iraniens de tous horizons sont descendus dans la rue, leurs griefs convergeant vers un message unique et incontestable : le régime a échoué et la patience du peuple est à bout.
Il ne s’agit pas d’accès de mécontentement isolés, mais d’un mouvement coordonné à l’échelle nationale, révélant de profondes fissures dans l’autorité du régime et soulignant une société poussée à ses limites par la ruine économique et la déliquescence institutionnelle.
Les retraités ciblent l’empire financier des Gardiens de la révolution
Les manifestations les plus importantes et les plus politiquement chargées ont été menées par des retraités du secteur des télécommunications. Lors d’une action coordonnée le 3 novembre, ils ont organisé des manifestations dans au moins 18 villes, dont Téhéran, Ispahan, Kermanshah, Tabriz, Ahvaz et Mashhad. Ces retraités, qui ont consacré leur vie à la construction des infrastructures du pays, sont désormais contraints de manifester pour leurs pensions de base, qui ont été pillées par des entités contrôlées par le régime.
November 3—Zanjan, northwest Iran
Retirees of the Telecommunications Company of Iran (TCI) rallied against systemic corruption, mismanagement, and injustice by regime-linked shareholders.
Chant: “They looted the wealth, they trampled our rights!”#IranProtests pic.twitter.com/Nqwts23kQP— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 3 novembre 2025
Les manifestants désignent explicitement la Fondation coopérative du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et l’Organisation d’exécution des ordres de l’imam Khomeiny (Setad Ejraei) – deux des principaux conglomérats financiers du Guide suprême – comme étant à l’origine de leur misère. À Ispahan, leurs slogans ont résonné dans les rues : « Nous avons construit les télécoms, les Gardiens de la révolution les ont pris, nous avons tout perdu ! » À Téhéran, un autre slogan a percé la propagande officielle : « Hussein, Hussein est leur slogan ; le vol et le pillage sont leur métier ! » Cette confrontation directe avec les institutions les plus puissantes et les plus redoutées du régime marque une escalade significative dans l’audace des manifestants.
Un régime incapable de nourrir son peuple
L’échec du régime est si profond qu’il n’est plus en mesure de fournir les produits de première nécessité, répondant aux revendications légitimes non pas par des solutions, mais par des menaces. Le 2 novembre, des étudiants en soins infirmiers à Izeh ont protesté contre la nourriture avariée et immangeable servie à la cafétéria en alignant leurs plateaux repas de la cafétéria jusqu’au bureau du directeur du réseau de santé. Ils ont signalé avoir trouvé des pierres, des cheveux et des ingrédients avariés dans leurs repas pendant plus d’un an. Le lendemain, des étudiants en ingénierie à Eslamabad-Gharb ont organisé une manifestation similaire. Dans les deux cas, les autorités ont répondu en menaçant les étudiants d’expulsion et de sanctions disciplinaires.
November 3—Zanjan, northwest Iran
Retirees of the Telecommunications Company of Iran (TCI) rallied against systemic corruption, mismanagement, and injustice by regime-linked shareholders.
Chant: “They looted the wealth, they trampled our rights!”#IranProtests pic.twitter.com/Nqwts23kQP— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 3 novembre 2025
Cette négligence flagrante s’étend aux travailleurs de la santé en première ligne. À Kermanshah, des infirmières et du personnel médical se sont rassemblés devant l’Université des sciences médicales le 3 novembre pour protester contre le non-paiement de leurs salaires et indemnités depuis un an. Leurs slogans étaient une dénonciation directe du système corrompu : « Infirmière, crie, revendique tes droits ! Nous ne pardonnerons pas la corruption et l’injustice ! »
Producteurs et travailleurs en révolte
Les secteurs productifs iraniens sont à l’arrêt, poussant producteurs et travailleurs à la révolte ouverte. À Ispahan, des éleveurs de volailles ont lancé un ultimatum au gouvernement, menaçant d’arrêter toutes les ventes de poulets s’ils ne reçoivent pas les approvisionnements essentiels en aliments pour animaux. À Sanandaj, les chauffeurs de taxi ont déclenché une grève générale pour protester contre des tarifs inchangés, largement dépassés par la flambée des prix du carburant et des pièces détachées. Parallèlement, des agriculteurs de Ramhormoz ont manifesté devant le bureau du gouverneur du district, exigeant l’accès à l’eau pour leurs terres desséchées et le paiement des indemnités d’assurance pour leurs récoltes perdues.
November 3—Ramhormoz, southwest Iran
Farmers in Soltanabad rallied outside the district office, protesting lack of irrigation water and unpaid insurance compensation for crop losses, jeopardizing their livelihoods.#IranProtests pic.twitter.com/J7OiVCbNQB— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 3 novembre 2025
La corruption généralisée se fait également sentir au niveau local. À Kermanshah, des victimes d’une vaste escroquerie foncière se sont rassemblées pour protester. Une coopérative a vendu des terrains initialement attribués à moins de 200 personnes à plus de 1 000 acheteurs, et pourtant le responsable reste libre et poursuit ses activités frauduleuses en toute impunité.
Les données révèlent une nation en chute libre
Ces manifestations sont la conséquence humaine d’un effondrement économique total, confirmé par des données officielles et semi-officielles alarmantes. Des experts économiques iraniens préviennent que le taux d’inflation annuel dépassera certainement les 50 % d’ici la fin de l’année. La crise a anéanti le pouvoir d’achat des Iraniens ordinaires. Selon le Centre statistique d’Iran, environ 70 % du revenu d’une famille de quatre personnes est désormais consacré à la seule alimentation, ne laissant que peu de ressources pour le loyer, l’éducation ou les soins de santé.
November 3—Hamedan, western Iran
Retirees of the Telecommunications Company of Iran (TCI) gathered at TCI headquarters to protest systemic corruption, mismanagement, and injustice by regime-linked shareholders. They demanded their long-denied basic rights/pensions.#IranProtests pic.twitter.com/rrHMEXJwS8— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 3 novembre 2025
Par conséquent, les produits de première nécessité comme la viande et l’accès aux services médicaux disparaissent des budgets de la plupart des ménages. Un membre du parlement du régime a lancé un avertissement alarmant : si les tendances actuelles se poursuivent, le prix du poulet pourrait bientôt atteindre 500 000 tomans le kilogramme, et celui de la viande 2 millions de tomans le kilogramme. Cette réalité économique n’est pas le fruit du hasard ; elle est la conséquence directe de la politique de pillage systématique menée par le régime pour financer son appareil répressif et ses aventures à l’étranger.
Les événements du début novembre 2025 constituent une condamnation sans appel d’un régime corrompu et illégitime qui s’est montré incapable de gouverner. Lorsqu’un État est incapable de fournir une alimentation saine à ses étudiants, de payer les salaires de ses infirmières ou de garantir les pensions de ses retraités, il a perdu sa raison d’être fondamentale. Le courage des manifestants qui scandent désormais ouvertement des slogans contre les Gardiens de la révolution et les fondations corrompues du Guide suprême montre que le mur de la peur s’effrite. Il ne s’agit pas de revendications isolées pour des mesures économiques, mais d’un cri collectif pour un changement fondamental. La question n’est plus de savoir si le régime iranien sera confronté à un soulèvement populaire majeur, mais quand.

