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L’anniversaire du soulèvement populaire de novembre 2019 en Iran

L'anniversaire du soulèvement populaire de novembre 2019 en Iran
Manifestations en Iran, novembre 2019

Début octobre, le guide suprême du régime iranien Ali Khamenei a prononcé un discours devant les principaux responsables de la sécurité dans lequel il a affirmé que « la sécurité est notre problème le plus important ». Khamenei a mentionné la « forte menace des ennemis », y compris les « ennemis intérieurs ». Depuis lors, des avertissements concernant cette menace ont été répétés à tout va par les responsables sécuritaires et les médias iraniens. L’anniversaire du soulèvement national de novembre 2019 a suscité de nombreuses inquiétudes au sein du régime qui craint un nouveau sursaut populaire.

Un commandant provincial du Corps des gardiens de la révolution islamique a déclaré que « le conflit a été transféré de l’extérieur de nos frontières à l’intérieur de notre maison ». Fin octobre, le média d’État Aftab-e Yazd a publié un éditorial avertissant que « des millions de personnes n’auront rien à perdre et auront recours à la violence » à moins que le gouvernement ne prenne des mesures sérieuses pour freiner un déclin économique qui a laissé plus de la moitié de la population dans la pauvreté et environ un quart dans l’extrême pauvreté en marge de la société.

Le soulèvement de novembre 2019 a englobé près de 200 villes et villages iraniens et comportait des slogans anti-gouvernementaux clairs tels que « mort au dictateur » ainsi que des déclarations rejetant à la fois les factions « dures » et « réformistes » de la structure politique du régime. En ce sens, le soulèvement a été largement reconnu comme la suite directe d’un mouvement similaire en janvier 2018, qui impliquait plus de 100 localités et comportait bon nombre des mêmes slogans.

Les manifestations nationales de novembre 2019 en Iran

Le soulèvement de janvier 2018 se distingue également par le fait qu’il a incité le Guide suprême des mollahs à contredire la propagande de longue date de son régime concernant la Résistance qui prône une alternative démocratique à la dictature théocratique. Dans un discours prononcé au plus fort du soulèvement précédent, Khamenei a reconnu que l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) « s’était préparée depuis des mois » pour mener à bien le soulèvement. Cela contrastait avec des années de déclarations publiques et de reportages dans les médias d’État qui suggéraient que l’OMPI n’avait ni de soutien populaire ni de force organisationnelle pour présenter une menace aussi directe à l’emprise des mollahs.

Presque immédiatement, le discours de Khamenei a suscité des avertissements de la part de collègues religieux, d’officiers du CGRI et d’autres, concernant la menace de nouveaux troubles provoqués par l’influence sociale croissante du principal groupe d’opposition. Cela a déclenché de nouveaux efforts de répression pour consolider le pouvoir.

Fin 2018, Khamenei a nommé Ebrahim Raïssi à la tête de la justice iranienne. Il occupait cette position depuis plusieurs mois au moment du deuxième soulèvement, date à laquelle il a joué un rôle majeur dans la réponse brutale et sans précédent du régime. Après que Khamenei a exhorté les autorités à « faire tout ce qu’il faut » pour rétablir l’ordre, les pasdarans ont ouvert le feu sur la foule de manifestants et la justice a adopté une stratégie de torture systématique visant toute personne arrêtée dans le cadre du soulèvement ou soupçonnée d’être liée à la résistance.

Quelques jours seulement après le déclenchement du soulèvement de novembre 2019, au moins 1 500 personnes ont été tuées par balle. Le nombre total de morts est difficile à établir étant donné l’absence de dossiers concernant ceux qui pourraient être morts sous la torture ou succomber à leurs blessures plus tard alors qu’ils étaient détenus dans les conditions tragiques dans les centres de détention iraniens. Mais les détails d’une grande partie des tortures qui s’y sont déroulées ont été publiés par Amnesty International en septembre 2020, dans le cadre d’un rapport intitulé Trapling Humanity.

En avril suivant, Amnesty a publié une nouvelle déclaration selon laquelle Téhéran avait « de plus en plus utilisé la peine de mort comme arme de répression politique contre les dissidents, les manifestants et les membres de groupes ethniques minoritaires, en violation du droit international ». Ce n’était qu’une des nombreuses déclarations qui indiquaient que la répression de 2019 était un phénomène récurrent, sinon constant.