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Qui est Ali Khamenei, le guide suprême du régime iranien?

Analyse

Iran, 4 octobre 2020 – Ali Khamenei est l’actuel guide suprême du régime des mollahs en Iran. Khamenei est en fin de compte responsable de toutes les violations des droits de l’homme à travers l’Iran et de l’ingérence terroriste dans d’autres pays en tant que l’autorité le plus puissant du régime théocratique ayant le dernier mot sur toutes les questions d’État.

Khamenei, 81 ans, qui a été élevé du jour au lendemain du rang de clerc à celui de l’Ayatollah, est devenu guide suprême en 1989 à la suite de la mort du fondateur du régime Ruhollah Khomeiny, alors qu’il n’avait pas le rang requis de marja-e taqlid (source d’émulation).

Le bureau du Guide suprême, sous la supervision de Khamenei et de son fils aîné Mojtaba, est une entité qui supervise des dizaines d’institutions sécuritaires, politiques et économiques. La richesse de Khamenei est estimée à près de 200 milliards de dollars.

Petite enfance et éducation

Ali Khamenei est né le 19 avril 1939 dans la ville de Machad, au nord-est de l’Iran. Il a commencé ses études à l’école Dianati de cette ville. Il s’est familiarisé avec la politique à l’âge de 23 ans lorsque Khomeiny a rejeté la «Révolution blanche», une série de réformes lancées en Iran en 1963 par le Chah, le dictateur monarchique du pays à l’époque. Après la révolution de 1979, Khamenei a été nommé représentant du Conseil révolutionnaire au ministère de la Défense.

Après le décès du grand ayatollah Mahmoud Taleghani, Khamenei a été nommé par Khomeini en tant qu’imam de la prière du vendredi de la capitale iranienne Téhéran. Après la mort du président du régime d’alors, Mohammad Ali Rajai, puis du premier ministre du régime, Mohammad Javad Bahonar, Khamenei a été nommé président.

Photo : Ali Khamenei (au centre), Ruhollah Khomeini (à droite) et le fils de Khomeiny, Ahmad (à gauche)

Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, un religieux influent proche de Khomeiny, a suggéré que Khamenei soit nommé guide suprême du régime après la mort de Khomeiny en 1989. Hossein Ali Montazeri a été pendant des années le successeur désigné de Khomeiny, mais il a ensuite été exclu pour ses protestations contre le massacre de milliers de prisonniers politiques en 1988. Khamenei a été nommé successeur de Khomeiny lors d’une réunion préétablie le 4 juin 1989 par Rafsandjani.

« Je félicite la nomination d’un guide suprême des pillards et de l’obscénité ! Il n’y a rien que nous puissions faire maintenant que les analphabètes et les irrationnels ont pris le pouvoir », a écrit l’ayatollah Montazeri à cet égard.

Les positions de Khamenei

Ali Khamenei a toujours été l’un des hauts fonctionnaires du régime après la révolution de 1979. Les postes qu’il a occupés incluent la création du « Parti de la République islamique » avec Mohammad Beheshti, Bahonar et Rafsandjani le 18 février 1979. En 1980, il était responsable de la suppression des minorités au Kurdistan et à Khorramchahr par les Gardiens de la Révolution (CGRI).

Chronologie:

Imam de Prière du vendredi de Téhéran – 1979

Membre du Majlis à Téhéran – 1979

Représentant de Khomeiny au Conseil suprême de la défense – 1980

Présence sur s fronts militaires pendant la guerre Iran-Irak – 1980

Deux mandats successifs en tant que président du régime, de septembre 1981 à 1988

Membre du Conseil suprême de la révolution culturelle- chargé de fermer les universités – 1981

Président du Conseil de discernement des intérêts de l’Etat – 1987

Président du Conseil de révision constitutionnelle – 1988

Guide suprême depuis 1989 jusqu’à aujourd’hui

Photo : Ali Khamenei pendant la guerre Iran-Irak des années 80

Les atouts et la richesse de Khamenei

Selon un communiqué publié le 26 avril 2019 par l’ambassade des États-Unis à Bagdad, Khamenei contrôle un empire financier d’une valeur estimée à 200 milliards de dollars. Ses fils et ses filles possèdent chacun des actifs valant des milliards de dollars. Khamenei contrôle également des géants financiers tels que la fondation de « QG de l’exécution de l’ordre de l’Imam Khomeiny» (EIKO ou Setad ), avec des actifs estimés à «95 milliards de dollars».

La Fondation Mostazafan

Khamenei contrôle également la Fondation Mostazafan (des déshérités), qui supervise les actifs laissés par le régime monarchiste du Chah et de ses affiliés. La Fondation possède des milliers de maisons, complexes résidentiels, villas, terres agricoles, usines et palais. Le chiffre d’affaires de la Fondation Mostazafan n’a jamais été annoncé.

Astan-e-Qods-e-Razavi

La fondation religieuse Astan-e Qods Razavi (AQR) est l’une des plus anciennes fondations financières et religieuses d’Iran. Cette entité est un autre exemple de la façon dont le régime clérical tire parti des croyances religieuses du peuple iranien pour poursuivre ses objectifs inquiétants.

L’AQR est dirigée par Ebrahim Raisi, l’actuel chef de la justice du régime et un religieux connu pour son rôle direct dans le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988.

AQR n’est pas responsable devant le gouvernement et relève lui-même de Khamenei. Selon le Fonds monétaire international, l’investissement de la fondation au cours de l’exercice 2014 était d’environ 188 milliards de dollars. L’AQR gère toutes les dotations financières accumulées au cours des dernières décennies et Khamenei lui-même nomme son « gardien».

Au cours des 40 dernières années, trois personnes seulement ont occupé ce poste. L’Astan-e Qods Razavi a joué un rôle actif en apportant un soutien financier, matériel et logistique aux groupes fondamentalistes et terroristes au cours des dernières années. En particulier, les chefs de l’AQR ont des liens étroits avec les hauts responsables du Hezbollah libanais. Il convient de noter que ces activités se sont développées ces dernières années.

Violations des droits humains

En tant que plus haute autorité du régime des mollahs, Khamenei est le principal responsable des violations des droits de l’homme en Iran. Cela comprend l’exécution de 120000 prisonniers politiques, le massacre de 30000 prisonniers politiques en 1988, la torture et l’emprisonnement de milliers de dissidents qui étaient pour la plupart des membres et des partisans de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI / MEK), la répression des groupes religieux et ethniques et des minorités, discrimination contre les femmes en particulier, répression du soulèvement étudiant de 1999, répression des soulèvements post-électoraux de 2009, répression des manifestations nationales de 2017/2018, assassinat de 1500 manifestants à la suite des manifestations nationales de novembre 2019, assassinat de dissidents à l’intérieur du pays et à l’étranger, comme le professeur Kazem Radjavi en Suisse, et des complots terroristes tels que celui contre le rassemblement de l’opposition iranienne de 2018 à Villepinte, en France, et les massacres visant des populations en Syrie, au Yémen et en Irak.

Le régime iranien a abattu et massacré plus de 1500 manifestants lors du soulèvement national de novembre 2019

En tant que membre de la Cour suprême de la révolution culturelle, Khamenei a joué un rôle clé dans la fermeture des universités et l’épuratiuon des étudiants et des enseignants dissidents dans les premières années qui ont suivi la révolution de 1979.

Khamenei était le président du régime lors du massacre de prisonniers politiques en 1988. «Avons-nous aboli la peine de mort ? Non ! En République islamique, nous avons la peine de mort pour ceux qui la méritent », avait-il déclaré à l’époque. « S’ils sont connectés à l’OMPI, que devons-nous faire ? Ils sont condamnés à mort et nous les exécutons. Nous ne plaisantons pas à ce sujet. » avait-il ajouté.

Attaques terroristes à l’étranger

Après la mort de son fondateur Ruhollah Khomeiny, Khamenei prévoyait d’éliminer les figures d’opposition internes et externes dans les années 1990.

La première cible était Abdul Rahman Ghassemlou, leader du groupe kurde iranien PDKI (Parti démocratique du Kurdistan d’Iran). Il a été assassiné le 13 juillet 1989 à Vienne par des terroristes du régime iranien qui prévoyaient de le rencontrer pour de prétendus pourparlers de négociation. À l’époque, la faiblesse des efforts des autorités autrichiennes a permis aux assassins de retourner en Iran, où ils ont été chaleureusement accueillis et récompensés par les responsables du régime.

Un autre personnage renommé assassiné en 1990 était le Pr. Kazem Radjavi, frère du dirigeant de la Résistance iranienne Massoud Radjavi. La fatwa pour son meurtre a été publiée il y a de nombreuses années par Khomeiny lui-même. Il était détesté par les mollahs pour avoir dénoncé les crimes du régime contre l’humanité, en particulier contre les prisonniers politiques et les prisonniers d’opinion. Le Pr. Kazem Radjavi était le premier ambassadeur d’Iran à l’ONU à Genève après la révolution avant de démissionner et de devenir le représentant du Conseil national de la Résistance iranienne auprès des institution de l’ONU.

Sans se rendre compte du changement dans le spectre international, les mollahs ont à nouveau tenté de commettre une autre attaque terroriste en 2018. Cette fois, ils ont envoyé l’un de leurs hauts diplomates, Assadollah Assadi, pour préparer une bombe lors du rassemblement annuel de la Résistance iranienne à Villepinte, près de Paris. Assadi a été appréhendé par les autorités allemandes en flagrant délit sur le sol allemand après avoir livré les explosifs à l’équipe de frappe au Luxembourg. Il est actuellement jugé en Belgique. C’est la première fois qu’un diplomate iranien est jugé pour implication directe dans le terrorisme.

Aucune de ces attaques ne pouvait être menée sans des ordres et autorisations spécifiques de Khamenei.

Le successeur de Khamenei

Ebrahim Raisi, l’actuel chef de la justice, est considéré comme une figure potentielle pour succéder à Khamenei. Mais on ne sait pas qui deviendra éventuellement le successeur de Khamenei. En 2019, dans une évolution inattendue en Iran, la lutte pour le pouvoir sur la position du guide suprême du régime s’est considérablement accrue. Mohammad Yazdi, un haut responsable du régime iranien qui est membre du Conseil des gardiens et qui dirigeait auparavant le pouvoir judiciaire, a attaqué Sadeq Larijani, également ancien chef du pouvoir judiciaire et, selon les rumeurs, un concurrent potentiel de Raisi.

La lutte pour le pouvoir et les ambiguïtés entourant la succession de Khamenei l’ont laissé, lui et son régime, dans un état de faiblesse, et rendent plus difficile pour lui le maintien du pouvoir.

Source : PMOI