vendredi, mars 29, 2024
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Washington concentre ses attaques sur les Gardiens de la révolution iraniens

Par Corine Lesnes

Le Monde – A la veille d’une réunion du groupe des six (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, plus l’Allemagne) à New York, vendredi 21 septembre, prélude à des négociations aux Nations unies sur une nouvelle résolution concernant le nucléaire iranien, les Etats-Unis maintiennent la pression contre Téhéran. Ils soulignent son rôle "néfaste" en Irak et en Afghanistan tout en répétant qu’ils veulent s’en tenir à une approche visant à contenir le régime iranien. Et si le terme de "guerre" est parfois employé, c’est de "guerre froide" dont il est fait mention.

Les accusations américaines portent sur les agissements des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime iranien, dont est issu le président Mahmoud Ahmadinejad. Devant le Congrès, l’ambassadeur américain à Bagdad, Ryan Crocker, et le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, n’ont pas caché, le 10 septembre, que l’influence grandissante de l’Iran dans la région est l’une des raisons pour lesquelles Washington juge nécessaire une présence de longue durée en Irak. "Le président Ahmadinejad a dit que si les Etats-Unis quittent l’Irak, l’Iran est prêt à combler le vide. C’est cela ici qui est en jeu", a expliqué le 12 septembre la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice.

Soutien à l’opposition

L’ambassadeur Crocker, qui a été autorisé à entamer le premier dialogue officiel entre les deux pays depuis 1979, a affirmé que les Gardiens de la révolution avaient entrepris de créer en Irak un mouvement de type Hezbollah libanais. Le général Petraeus a précisé que la capture du chef des commandos de l’armée du Mahdi, Qaïs Khazali, a permis de confirmer que la milice chiite a été entraînée par l’unité d’élite Al-Qods des Gardiens de la révolution.

A propos de l’Afghanistan, les responsables américains ont laissé filtrer que la force multinationale conduite par l’OTAN avait intercepté le 6 septembre une importante livraison d’armes iraniennes destinées aux talibans alors que ceux-ci luttent contre le gouvernement d’Hamid Karzaï, dont Téhéran est l’allié. Là encore les Américains ont mis en cause les Gardiens de la révolution et non pas les plus hautes autorités à Téhéran. Les militaires américains sont inquiets de constater que ce sont les mêmes mines meurtrières contre les véhicules blindés qui sont utilisées en Afghanistan et en Irak.

Ces exemples ont été avancés pour convaincre, semble-t-il, le Congrès et l’opinion du danger stratégique que représenterait un retrait précipité d’Irak. Quand le sénateur et "faucon" démocrate Joseph Lieberman a demandé au général Petraeus si le moment n’était pas venu de lui donner les moyens de poursuivre les fauteurs de troubles Iraniens de l’autre côté de la frontière, le militaire a été pris de court. "La Force multinationale devrait se concentrer sur l’Irak", a-t-il répondu.

A l’approche de la venue de M. Ahmadinejad à l’ONU, les Iraniens ont libéré, mercredi, le sociologue Irano-Américain Kian Tajbakhsh qu’ils détenaient depuis mai sous l’accusation de chercher à provoquer un changement de régime. Emprisonnée pour les mêmes raisons pendant plusieurs mois, l’universitaire Irano-Américaine, Haleh Esfandiari, a aussi pu quitter l’Iran, début septembre. De leur côté, les forces américaines détiennent les cinq "diplomates" iraniens capturés à Erbil, dans le kurdistan irakien, en janvier. Selon l’agence iranienne IRNA, le premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, a promis d’obtenir leur libération à l’occasion du Ramadan.

Les Etats-Unis continuent à soutenir financièrement les opposants et les organisations de défense des droits de l’homme iraniens. Selon le Washington Post, des actions clandestines américaines auraient été entreprises en Iran, notamment de désinformation.