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Téhéran a commis un acte de guerre en Irak, doit-il être récompensé ?

Téhéran a commis un acte de guerre en Irak, doit-il être récompensé ?

Le 13 mars, douze missiles balistiques, quatorze selon certains médias iraniens, ont frappé la ville d’Erbil, dans le nord de l’Irak, détruisant des biens et blessant des habitants. Sans précédent, les gardiens de la révolution du régime iranien ont rapidement revendiqué la responsabilité et ont eu recours à un ton belliqueux, signalant que ce n’est le début.

Les médias se sont demandé si cette décision mettrait en péril les pourparlers nucléaires en cours à Vienne. Le nouvel accord appelé Plan d’action global conjoint 2.0 a déjà été compromis par l’exigence de la Russie d’être à l’abri de nouvelles sanctions américaines dans le cadre du nouvel accord.

L’indignation et la condamnation internationales ont suivi l’attaque contre le sol et la souveraineté irakiens, mais n’ont pas dissuadé le régime iranien pour reculer.

« Mener des opérations de missiles juste à côté de responsables kurdes en manque de détermination, comporte un message spécial », a écrit le 15 mars le journal d’État Kayhan, dont les directives éditoriales sont dictées par le bureau du guide suprême du régime iranien. « Téhéran leur a montré que la tenue d’une réunion de normalisation avec Israël sous la bannière des Accords d’Abraham a des coûts. Ce message peut également être envoyé aux dirigeants arabes réactionnaires du golfe Persique. »

Énumérant les déclarations de soutien de groupes inféodés comme le Hezbollah irakien, l’Organisation Badr, le Mouvement du Jihad islamique, le Kata’eb Hezbollah, le Mouvement irakien Al-Nujaba et le Front populaire de libération de la Palestine, Kayhan a quotidiennement menacé les responsables irakiens qu’il poursuivra d’autres attaques si Bagdad refuse de céder.

Un ancien responsable iranien s’est montré plus agressif, affirmant que les Irakiens n’avaient pas le droit de protester contre l’assaut sur leur sol. Ancien député et conseiller du vice-président, Gholam-Ali Jafarzadeh Aymanabadi a écrit dans une tribune le 15 mars : « Les protestations des hauts responsables irakiens et la frustration du peuple irakien sont surprenantes ! Nous ne pouvons pas supposer qu’ils ne comprennent pas le problème ; il est clair qu’ils protestent en raison de leur affiliation américano-sioniste. »

« Quoi qu’il en soit, l’Iran a le droit de défendre sa sécurité et de répondre aux actes pervers du régime sioniste, l’Iran ne demandera la permission d’aucun responsable », a averti le Jafarzadeh.

Dans un autre article publié par Kayhan le 14 mars, le journal a affirmé : « En vertu du droit international, Téhéran a le droit de riposter », fustigeant plus directement Massoud Barzani, ancien dirigeant de la région kurde semi-autonome irakienne.

Mais si l’histoire et la moindre connaissance de la rhétorique de Téhéran sont un guide, peut-être faudrait-il en tirer d’autres conclusions.

En rapportant le ressentiment du CGRI, le New York Times a écrit le 13 mars : « Les partis politiques irakiens, y compris le parti de M. Barzani et un bloc fidèle au chiite Moktada al-Sadr, sont en train d’essayer de former un gouvernement après que l’élection de l’année dernière a entraîné de lourdes pertes pour les partis traditionnels soutenus par l’Iran. »

Avec les pourparlers nucléaires dans l’impasse à Vienne et le déclin de l’influence de Téhéran en Irak, le régime iranien a peut-être d’autres objectifs que le « régime sioniste ».

Jusqu’à présent, Washington a déclaré que ses forces au consulat américain à Erbil n’étaient pas la cible. Certains observateurs estiment que surchargée par la guerre en Europe de l’Est ainsi que par d’autres problèmes nationaux et internationaux, l’administration Biden veut retirer de la table le dossier nucléaire du régime iranien. Mais le passé est un prologue. Obtenir la signature du JCPOA 2.0 ne sera pas la fin des méfaits des mollahs, mais plutôt un début.

En 2015, l’accord nucléaire initial a été sérieusement défendu au Capitole par l’administration Obama, espérant que les mollahs en Iran coopéreraient avec l’Agence internationale de l’énergie atomique pour résoudre les problèmes restants liés au programme nucléaire iranien, et souhaitant résoudre d’autres problèmes comme son programme de missiles balistiques et son ingérence régionale, en espérant que tout se termine par un changement de comportement à Téhéran.

Le 15 décembre 2015, le Conseil de surveillance nucléaire a publié une résolution visant à clore le dossier sur les éventuelles dimensions militaires (PMD) du programme nucléaire de Téhéran. Au lieu de changer de comportement, le régime iranien a intensifié les combats par procuration au Moyen-Orient et accéléré ses avancées en matière de missiles balistiques. Et pourtant, plus de six ans après la signature de l’accord sur le nucléaire, l’organisme de surveillance nucléaire de l’ONU n’est toujours pas en mesure d’éliminer le PMD du régime et les problèmes restants.

Alors que les puissances mondiales luttent actuellement pour signer le JCPOA 2.0 avec un Téhéran désespéré et plus dangereux, espérant des discussions plus larges avec les mollahs sur «d’autres questions», l’attaque du CGRI sur le sol irakien et les menaces qui en découlent pourraient servir d’indice concernant la manière dont un CGRI mieux financé agira.