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L’Argentine va juger par contumace des responsables du régime iranien pour l’attentat de l’AMIA

L'Argentine va juger par contumace des responsables du régime iranien pour l'attentat de l'AMIA
Attentat de 1994 contre le centre AMIA à Buenos Aires, Argentine

Dans une décision judiciaire historique mûrie depuis trente ans, un tribunal fédéral argentin a décidé de juger par contumace sept hauts responsables iraniens et trois membres du Hezbollah pour leur rôle dans l’attentat de 1994 contre le centre communautaire juif AMIA à Buenos Aires – l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire de l’Argentine, qui a fait 85 morts et plus de 300 blessés.

Cette décision, rendue par le juge Daniel Rafecas le 26 juin, marque la première fois que l’Argentine autorise un procès par contumace dans une telle affaire. Cette décision fait suite à l’adoption d’une nouvelle loi défendue par le président Javier Milei, permettant de poursuivre les fugitifs accusés de crimes contre l’humanité lorsque l’extradition n’est pas possible.

Parmi les personnes jugées figurent de hauts responsables du régime iranien, tels que l’ancien ministre du Renseignement Ali Fallahian, l’ancien ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Velayati, le commandant en chef du CGRI Mohsen Rezaï et Ahmad Vahidi, ancien commandant de la Force Al-Qods. Sont également cités les diplomates iraniens Hadi Soleimanpour, Mohsen Rabbani et Ahmad Reza Asghari, tous trois en poste à l’ambassade du régime à Buenos Aires au début des années 1990. Trois ressortissants libanais, tous membres du Hezbollah, Rauf Salman, Abdullah Salman et Hussein Munir, auraient coordonné et exécuté l’attentat.

L’ancien président du régime iranien Ali-Akbar Hashemi Rafsandjani, longtemps soupçonné d’avoir autorisé l’attaque, a été retiré de la liste suite à son décès en 2017.

L’affaire, longtemps entachée par la corruption, l’ingérence politique et les retards, connaît un regain d’intérêt grâce à des renseignements récemment déclassifiés, notamment le rapport Toma. Rédigé par l’ancien chef du renseignement argentin Miguel Ángel Toma, ce rapport confirme que l’attaque a été orchestrée par le régime iranien par l’intermédiaire de son mandataire, le Hezbollah. Il détaille un vaste réseau de renseignements opérant depuis les ambassades iraniennes à travers l’Amérique latine.

L’affaire AMIA est devenue emblématique des dangers de la conciliation avec Téhéran. Le procureur Alberto Nisman, qui a dirigé l’enquête et révélé le rôle du régime iranien, a été retrouvé mort en 2015 dans des circonstances suspectes, peu après avoir accusé la présidente de l’époque, Cristina Fernández de Kirchner, de complot visant à dissimuler l’implication de Téhéran. Elle est maintenant jugée pour un protocole d’accord de 2013 avec l’Iran, qui, selon ses détracteurs, visait à entraver la justice.

La Cour interaméricaine des droits de l’homme a condamné le gouvernement argentin pour n’avoir pas empêché l’attaque et l’avoir systématiquement dissimulée. La Cour a jugé l’État responsable à la fois de l’attentat et du dérapage ultérieur de l’enquête.

La Résistance iranienne, qui a été la première à révéler le rôle du régime iranien dans l’attaque de l’AMIA en 1994, a salué la décision de la Cour. Le groupe a souligné que le Guide suprême Ali Khamenei devrait figurer en tête de la liste des personnes tenues responsables, invoquant son autorité directe sur le CGRI et les services de renseignement. Le CNRI a réitéré ses appels à une position internationale ferme à l’égard de l’appareil terroriste mondial de Téhéran, avertissant que la politique d’apaisement n’a fait qu’encourager le régime à continuer de cibler les civils dans le monde entier.

À la lumière de cette décision, de nouvelles questions se posent également quant à la conduite actuelle du régime. Les hauts responsables du régime à Téhéran, tout en niant toute malversation dans l’affaire AMIA, continuent d’afficher une rhétorique provocatrice.

À la lumière de ce jugement, de nouvelles questions se posent quant à la longue histoire de violence extraterritoriale et d’irresponsabilité du régime iranien. Si Téhéran a longtemps nié toute implication dans l’attentat de l’AMIA de 1994, il a refusé de coopérer aux mandats d’arrêt internationaux et aux demandes d’extradition. Le silence du régime après la décision historique du tribunal argentin de procéder à un procès par contumace est révélateur. Aucun des accusés – dont beaucoup occupent encore des postes importants ou symboliques – n’a émis de commentaire officiel.

À la suite des frappes israéliennes du 12 juin 2025, qui ont tué plusieurs hauts responsables de la Force Al-Qods du CGRI, dont le commandant en chef du CGRI, Hossein Salami, Khamenei a nommé l’ancien chef de la Force Al-Qods, Ahmad Vahidi, à la tête du CGRI. Cependant, Vahidi a été brusquement démis de ses fonctions en quelques heures, sans que le régime ne fournisse d’explication. Ce revirement soudain a alimenté les spéculations, d’autant plus que Vahidi est recherché depuis longtemps par Interpol pour son rôle présumé dans l’attentat de l’AMIA en Argentine en 1994.