jeudi, juillet 17, 2025
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La famille de Kazem Seddiqi symbolise la corruption institutionnalisée du régime iranien

La famille de Kazem Seddiqi symbolise la corruption institutionnalisée du régime iranien

L’arrestation récente des proches de Kazem Seddiqi, imam par intérim du vendredi à Téhéran, a une fois de plus révélé la corruption profondément enracinée et systémique au sein du régime iranien au pouvoir, laissant entrevoir une application sélective de la justice visant à apaiser la colère sociale plutôt qu’à s’attaquer véritablement aux problèmes fondamentaux d’injustice et de souffrance.

L’arrestation du fils et de la belle-fille de Seddiqi, conjuguée aux enquêtes judiciaires et à la dissolution de l’une de leurs sociétés, met en évidence un schéma plus large d’activités illicites impliquant de hauts fonctionnaires, leurs familles et des institutions puissantes comme le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI).

Un rapport détaillé du média gouvernemental Rouydad24 révèle les vastes transactions commerciales de la famille Seddiqi, mettant en lumière son implication dans l’accaparement de terres, la gestion hôtelière, l’exploitation minière et les partenariats avec les commandants du CGRI et d’autres personnalités influentes.

Un réseau de corruption
L’empire commercial de la famille Seddiqi s’étend à de multiples secteurs, de l’immobilier à l’exploitation minière en passant par l’hôtellerie, souvent facilité par ses connexions avec des initiés du régime. Au cœur de ses activités se trouve le « séminaire de l’Imam Khomeini », situé sur une vaste propriété de 23 000 mètres carrés au nord de Téhéran.

Selon des informations relayées par les médias d’État, ce terrain aurait été acquis sur une période de deux décennies grâce à des transferts douteux de la part de la municipalité de Téhéran, de l’Organisation des dotations et du Centre de services du séminaire.

Le terrain, divisé en 20 titres de propriété, a été intégré au patrimoine du séminaire, prétendument par l’intermédiaire de la société familiale, Sherkat Peyrovan Andisheh Qaem. Cette société, créée en 2022 par les fils de Seddiqi, Mohammad Mahdi et Mohammad Hossein, ainsi que par leur belle-sœur Rezvaneh Aqagoli et un ancien fonctionnaire municipal, illustre la capacité de la famille à exploiter ses relations institutionnelles à des fins personnelles.

Au-delà de l’immobilier, la famille Seddiqi s’est lancée dans l’exploitation minière et la gestion hôtelière. Une société minière créée en 2012 rue Mirdamad à Téhéran, en partenariat avec un ancien parlementaire, a obtenu des permis d’extraction minière.

Par ailleurs, Mohammad Hossein Seddiqi, le plus actif des deux frères, a créé plusieurs sociétés entre 2010 et 2022, notamment dans la gestion hôtelière. Un cas notable concerne l’hôtel Jahan à Machhad, qui aurait été transféré au séminaire de l’Imam Khomeini en 2014 dans des circonstances douteuses.

Liens avec le CGRI et les élites du régime
Les partenariats de la famille Seddiqi s’étendent à certaines des figures les plus puissantes du régime. Leurs activités incluent des collaborations avec d’anciens commandants du CGRI, comme Hamid Shakibmehr, et d’éminents hommes d’affaires comme Mohammadreza Mousavi, PDG de Saipa Citroën, et Ehsan Bagherian, acteur clé du secteur pétrolier et gazier iranien.

L’Institut de recherche et d’éducation Imam Khomeini, présidé par Kazem Seddiqi, compte parmi ses membres du conseil d’administration et ses actionnaires des personnalités telles que Reza Motallebi Kashani, Mehdi Khamoushi, Gholamreza Fayyazi et le général Mohammad Hejazi, commandant adjoint de la Force Qods du CGRI, aujourd’hui assassiné. Ces liens illustrent comment la famille Seddiqi a su tirer parti de sa proximité avec l’élite politique et militaire du régime pour accumuler richesse et influence.

Un feu vert venu d’en haut ?
Les arrestations des proches de Seddiqi ne sont pas survenues dans le vide. Les analystes pointent du doigt les récentes déclarations du Guide suprême du régime, Ali Khamenei, qui a souligné la nécessité pour les responsables et leurs familles d’éviter la corruption, comme un signal d’action pour le pouvoir judiciaire.

Ce timing suggère que le régime tente peut-être de répondre au mécontentement de la population face à une corruption endémique, d’autant plus que les difficultés économiques et les troubles sociaux continuent de s’aggraver. Cependant, le fait que les activités de la famille Seddiqi aient été scrutées pendant des années avant qu’aucune mesure ne soit prise soulève des questions quant à l’engagement du régime à rendre des comptes.

La résistance à enquêter sur des personnalités de premier plan comme Seddiqi, combinée au feu vert final d’en haut, souligne le caractère sélectif des efforts de lutte contre la corruption au sein du régime. Ces actions superficielles et sélectives ne servent souvent que de soupapes de sécurité, destinées à alléger la pression immense d’une société explosive aux prises avec une injustice profondément ancrée, une pauvreté généralisée et des conditions de vie de plus en plus insupportables.

Modèle de corruption systémique
L’affaire Seddiqi n’est pas un incident isolé, mais plutôt un symptôme de la corruption institutionnalisée qui imprègne les systèmes politique et économique iraniens. L’élite du régime, notamment les dignitaires religieux, les commandants du CGRI et leurs familles, exploite depuis longtemps sa position pour conclure des accords commerciaux lucratifs, souvent au détriment des ressources publiques.

L’accaparement des terres, comme l’a montré l’affaire du Jardin d’Ozgol, est une tactique courante : des propriétés de valeur sont transférées à des fidèles du régime sous couvert d’objectifs religieux ou caritatifs. De même, les partenariats avec des personnalités du CGRI et l’accès à des secteurs contrôlés par l’État, comme les mines et le pétrole, permettent à l’élite d’accumuler d’immenses richesses tandis que les Iraniens ordinaires sont confrontés à des difficultés économiques.

Par conséquent, tant que l’élite du régime continuera d’agir en toute impunité, la confiance du public dans les institutions iraniennes restera érodée, alimentant le mécontentement et les appels à un changement systémique. L’affaire Seddiqi rappelle brutalement que la corruption en Iran n’est pas une aberration, mais une caractéristique de la gouvernance du régime.