lundi, juillet 14, 2025
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Khamenei ordonne au Parlement de faire face aux crises qui frappent la théocratie iranienne

Khamenei ordonne au Parlement de faire face aux crises qui frappent la théocratie iranienne

Dans un discours soigneusement formulé, mais résolument autoritaire, prononcé devant l’Assemblée consultative islamique (le Majlis) le 11 juin 2025, le Guide suprême du régime, Ali Khamenei, a sévèrement mis en garde les législateurs contre toute contestation ou obstruction au gouvernement dirigé par Massoud Pezeshkian. Ce discours, prononcé lors d’une séance solennelle inaugurant le nouveau présidium du Parlement, intervient alors que le régime traverse l’une de ses périodes les plus instables de son histoire récente.

Tout en louant publiquement le rôle législatif du Parlement, le véritable message de Khamenei était de freiner la dissidence et de prévenir les critiques de la part des députés, même s’ils sont déjà rigoureusement contrôlés et purgés par le système électoral opaque du régime. « Évitez de distraire le gouvernement en convoquant des ministres ou en posant des questions excessives », a-t-il déclaré, reprenant les griefs qui auraient été exprimés par l’administration Pezeshkian. « Ces questions et convocations ne sont pas toutes nécessaires. Concentrez-vous uniquement sur l’essentiel. »

Derrière cette consigne se cache un régime qui peine à maintenir son contrôle. L’Iran est actuellement confronté à un mécontentement socio-économique croissant, notamment chez les jeunes qui ne voient aucune perspective d’avenir sous un régime théocratique. La politique du hijab obligatoire du régime continue de susciter une résistance généralisée et est bloquée malgré les pressions de plusieurs députés. Le projet de loi controversé sur la censure d’Internet, qui isolerait davantage les Iraniens du monde extérieur, est également bloqué en raison de la réaction négative de l’opinion publique. L’influence régionale s’affaiblit également, des intermédiaires comme le Hezbollah et le régime d’Assad subissant une pression croissante, voire étant tombés.

Khamenei, conscient de ces crises, cherche désespérément à projeter l’unité intérieure. Mais ses directives au Parlement ne font que souligner l’absence totale de véritable partage du pouvoir au sein de la dictature cléricale iranienne. « Du pays, une seule voix doit être entendue sur les questions fondamentales », a-t-il déclaré, ajoutant que « les querelles de goût, de politique et de style de gestion » sont néfastes et doivent être évitées.

Cette directive fait suite aux tentatives de rejet de la responsabilité du gouvernement Pezeshkian, qui aurait pointé du doigt le pouvoir législatif pour son impasse politique et ses lacunes administratives. En réponse, Khamenei a choisi de maîtriser le Parlement, soustrayant l’exécutif à tout contrôle à un moment où la survie du régime est en jeu.

Le discours de Khamenei était également marqué par une subtile contradiction. Tout en affirmant que le Parlement iranien est sans égal au monde par son « véritable poids », il a clairement indiqué que les députés sont censés faire preuve de retenue, de déférence et de conformité idéologique, ce qui réduit encore davantage leur pertinence au sein du pouvoir étroitement contrôlé de l’État. « Ce Parlement, fondé sur la piété, est un lieu de culte », a-t-il déclaré. « Mais cette sainteté ne se préservera pas d’elle-même. Elle doit être préservée par un engagement responsable. »

Les implications plus larges sont sombres. Si les députés suivent les directives de Khamenei, la nature autoritaire et creuse du régime sera encore plus exposée, les législateurs étant réduits à une obéissance cérémonielle et sans véritable contrôle d’un exécutif défaillant. S’ils résistent, cela risque de déclencher des luttes intestines qui pourraient encore démanteler la façade délabrée du régime. L’une ou l’autre voie met en évidence le dysfonctionnement croissant du système.

En fin de compte, le discours de Khamenei a révélé la profonde anxiété qui saisit l’élite dirigeante iranienne. Dans un contexte de déconfiture économique, d’agitation de la population, d’isolement international et de luttes intestines, son régime ne peut se permettre une scission en son sein. Pourtant, la nécessité même de lancer de tels avertissements indique que l’unité n’est plus garantie, même parmi les loyalistes triés sur le volet.