Le régime iranien, longtemps entouré de secret et d’un contrôle autoritaire, est familier des luttes de pouvoir internes. Cependant, les récentes révélations d’Abdolnaser Hemmati, ancien ministre de l’Économie, ont révélé la corruption systémique et les luttes intestines qui caractérisent le fonctionnement interne du régime. L’interview explosive d’Hemmati, le 5 juin 2025, a révélé comment les membres du Parlement iranien ont exercé un lobbying agressif pour contrôler les nominations économiques clés, exigeant que les PDG et les membres des conseils d’administration des banques soient nommés pour servir leurs intérêts personnels.
Son refus de nommer des coupables précis, invoquant les « intérêts du régime », ne fait que souligner le délicat équilibre au sein de l’élite de Téhéran, où la loyauté envers le système prime souvent sur la responsabilité.
Les aveux d’Hemmati dressent le sombre tableau d’un régime corrompu. « Ils voulaient tous quelque chose », a-t-il déclaré, décrivant comment les parlementaires ont fait pression sur lui pour qu’il nomme leurs alliés à des postes lucratifs dans les banques et les zones franches. Lorsqu’il a résisté ou remplacé des dirigeants, il a essuyé les critiques des mêmes législateurs qui l’accusent aujourd’hui de diffamation. Sa réticence à « dénoncer la Banque centrale » ou à nommer des personnalités au Parlement reflète la loi du silence tacite qui protège les initiés du régime, même lorsqu’ils se disputent le pouvoir et la richesse à huis clos.
La réaction du Parlement a été rapide et défensive. Abbas Goudarzi, un membre éminent, a rejeté les accusations d’Hemati, les qualifiant d’attaque contre le « rôle de supervision » du Parlement, l’accusant de manipuler l’opinion publique. Le 8 juin, Goudarzi a exigé qu’Hemati fournisse des noms ou présente des excuses publiques, qualifiant ses allégations d’atteinte à la « sainteté » du Parlement. D’autres législateurs, comme Farhad Bishiri et Salman Eshaqi, ont partagé ce sentiment, Eshaqi allant plus loin, qualifiant Hemati de personnage délirant et incompétent, responsable des difficultés économiques de l’Iran. Leur indignation, cependant, ne réfute guère le fond des accusations d’Hemati, mais met plutôt en lumière l’intolérance du régime à l’égard de la dissidence, même dans ses propres rangs.
Ce scandale survient à un moment de transition pour le leadership économique iranien. Trois mois après la destitution d’Hemati, le président Massoud Pezeshkian a nommé Ali Madanizadeh au poste de ministre de l’Économie, une décision annoncée par l’agence de presse officielle ISNA. Pourtant, cette nomination n’a guère apaisé les troubles. Le Parlement, encore sous le choc des accusations d’Hemati, demeure un champ de bataille pour des factions rivales, chacune cherchant à asseoir son influence sur les leviers économiques du régime. Le timing des révélations d’Hemati, juste au moment où un nouveau ministre est nommé, suggère une tentative calculée de dénoncer la corruption du système, même s’il s’abstient de citer des noms.
Les implications plus larges de ce conflit sont dramatiques. L’économie iranienne, déjà malmenée par les sanctions, la mauvaise gestion et l’inflation, est encore plus fragilisée par les responsables mêmes chargés de sa gestion. Les exigences du Parlement pour contrôler les nominations bancaires et les zones franches révèlent un système où l’enrichissement personnel et la loyauté politique priment sur la gouvernance. La décision d’Hemati de s’exprimer, même avec prudence, témoigne d’une frustration croissante, même parmi les hauts responsables, qui jugent les contradictions internes du régime intenables.
Alors que la guerre des mots se poursuit, la façade d’unité du régime iranien s’effrite. Les révélations d’Hemati, conjuguées à la réaction indignée du Parlement, révèlent une élite dirigeante rongée par la cupidité et les luttes intestines. Pour les Iraniens ordinaires, qui subissent de plein fouet les difficultés économiques, ces conflits offrent peu d’espoir de réforme. Au contraire, ils confirment ce que beaucoup soupçonnent depuis longtemps : les responsables du régime sont davantage préoccupés par le pillage des richesses du pays que par la résolution de ses crises. Sans résolution en vue, les luttes de pouvoir au sein du pouvoir à Téhéran sont vouées à s’intensifier, déstabilisant davantage un système déjà fragile.
L’affaire Hemati est plus qu’une vendetta personnelle ; c’est un aperçu des dysfonctionnements au cœur du régime iranien. Alors que les factions s’affrontent pour le pouvoir et les privilèges, la corruption structurelle décrite par Hemati demeure incontrôlée, dissimulée derrière la rhétorique des « intérêts du régime ». Pour l’instant, les appels du Parlement à des excuses et à des enquêtes peuvent occulter la vérité, mais les failles du système sont impossibles à ignorer. Les dirigeants iraniens, empêtrés dans leurs propres conflits, risquent de saper le régime même qu’ils prétendent préserver.