
Une enquête accablante du journal autrichien Der Standard a révélé les liens suspects entre Ramin Mirfakhrai, avocat viennois, et de puissantes entités liées au régime iranien. Si Mirfakhrai a été salué comme une figure de la société civile pour son rôle dans l’affaire d’Ibiza de 2019, qui a conduit à la chute de politiciens autrichiens de droite, des documents récemment découverts suggèrent qu’il était simultanément impliqué dans des transactions douteuses liées à le régime en Iran.
Facilitation de l’influence de Téhéran en Autriche
Selon Der Standard, Mirfakhrai aurait agi comme intermédiaire de confiance pour un réseau viennois affilié à Téhéran, facilitant les demandes de visa de hauts responsables iraniens. Cette opération s’effectuait par l’intermédiaire de Blue River Holding GmbH, une société viennoise qui aurait aidé les élites iraniennes à accéder à l’Europe malgré les sanctions internationales isolant le régime. Des documents indiquent que Blue River a même tenté d’établir un système de transactions financières entre l’Iran et l’Europe pour contourner les sanctions.
Selon le journal, le rôle de Mirfakhrai allait au-delà de la représentation juridique : il aurait participé à la négociation d’accords financiers. En 2021, Blue River a sollicité un prêt bancaire de 10 millions d’euros pour ses projets iraniens, et Mirfakhrai aurait été présent lors de discussions avec d’anciens politiciens autrichiens de droite agissant comme intermédiaires. Des notes de réunion internes de Blue River mentionnent explicitement son nom comme étant celui qui a examiné les conditions de financement.
#Iran News: Swedish News Outlet Exposes Rouzbeh Parsi’s Ties to Regime’s #Influence Networkhttps://t.co/9xkCG1TKZ9
— NCRI-FAC (@iran_policy) 29 janvier 2025
De plus, Der Standard a révélé que Mirfakhrai avait joué un rôle déterminant dans la négociation d’un accord d’exportation de voitures de luxe vers l’Iran, en tentant de s’associer au constructeur automobile britannique Bentley. Le partenaire iranien dans cet accord était le groupe Zar, une entreprise basée à Téhéran et étroitement liée au Corps des gardiens de la révolution iranienne (CGRI). Les dirigeants du groupe Zar, dont son PDG Morteza Soltani, ont été publiquement salués par le guide suprême du régime iranien, Ali Khamenei, et sont étroitement liés à la milice Basij, une branche paramilitaire notoire du CGRI.
Préoccupations juridiques et éthiques
Malgré l’accumulation de preuves, Mirfakhrai nie toute malversation, affirmant qu’il ignorait l’étendue des activités de Blue River. Il insiste sur le fait qu’il n’est plus associé à l’entreprise et rejette les allégations d’implication directe dans des accords de financement. Cependant, Der Standard souligne que son nom apparaît à plusieurs reprises dans des documents internes de Blue River, ce qui soulève de sérieux doutes quant à ses dénégations.
Cette enquête révèle comment les agents du régime iranien utilisent des intermédiaires en Europe pour contourner les sanctions, conclure des accords financiers et étendre leur influence en secret. La présence profonde de réseaux liés à Téhéran en Autriche met en lumière une préoccupation plus vaste : l’ampleur de l’infiltration du régime iranien dans les institutions européennes sous couvert de transactions commerciales et légales.
Alors que l’Autriche et l’UE renforcent les restrictions imposées au régime en Iran, cette révélation soulève des questions urgentes quant à savoir qui, au sein des institutions européennes, facilite les projets de Téhéran, et à quel prix pour la transparence démocratique et la sécurité.