lundi, juin 23, 2025
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Iran : Un député du régime admet que la chute du système est inévitable face au rejet public

Iran : Un député du régime admet que la chute du système est inévitable face au rejet public
Le député Javad Nikbin (à gauche) et l’ancien chef de gang Hossein Allah Karam (à droite) s’engagent dans un débat houleux publié sur la chaîne YouTube d’Iran24, le 31 mars 2025

Un débat orchestré, diffusé sur la chaîne YouTube d’Iran24 le 31 mars 2025, entre un député du régime, Javad Nikbin, et l’ancien chef paramilitaire Hossein Allah Karam, a révélé les failles croissantes au sein du régime clérical iranien quant à la gestion des troubles et du mécontentement croissants dans le pays.

Nikbin, connu pour son soutien à l’application stricte des lois sur le hijab, a mis en garde contre l’effondrement potentiel du régime s’il continue à s’aliéner la population. « Si le peuple, Dieu nous en préserve, se détourne du régime [islamique], nous devrons entendre le son de notre propre chute ce jour-là », a-t-il déclaré.

Établissant un parallèle avec la chute du dictateur syrien Bachar el-Assad et mettant en garde contre cette chute, Nikbin a expliqué : « Pourquoi la Syrie est-elle tombée ? Quand elle perd son peuple, elle tombe. À Raqqa, Homs et Idlib, ces villes sont tombées en une ou deux heures. Si nous perdons notre peuple, tout sera perdu. »

Les déclarations de Nikbin reflètent l’inquiétude croissante du régime face à son sort, alors que la dictature cléricale est confrontée à des défis économiques et sociaux sans précédent. Il a admis que la force seule ne suffirait pas à maintenir le contrôle du régime, avertissant : « Nous ne pouvons pas imposer la culture par des commandements… si nous établissons des lois qui criminalisent la société tout entière, nous devons être conscients que cette société se soulèvera contre nous. »

Allah Karam, ancien voyou associé à la répression brutale des dissidents par le régime, a adopté une position intransigeante, dénonçant ceux qu’il qualifiait de traîtres. « Ceux qui nous ont combattus, comme l’OMPI lors de l’opération Lumière éternelle… ne font pas partie de la nation », a-t-il déclaré.

Il a également fait écho aux griefs concernant l’incapacité du régime à faire respecter les lois sur le port obligatoire du hijab. « L’inaction du gouvernement à appliquer les lois approuvées par le Conseil des gardiens constitue en soi un manquement à son devoir. L’augmentation du nombre de femmes non voilées de 4 % à 20 % est la conséquence directe de ce manquement. Le gouvernement actuel et le président du Parlement sont tous deux responsables, non seulement ici-bas, mais aussi dans l’au-delà. »

Ce débat, tenu dans l’enceinte étroite des médias contrôlés par l’État, illustre les tentatives du régime de créer une illusion de liberté d’expression tout en n’autorisant que les discussions qui ne menacent pas son pouvoir central. Les propos de Nikbin trahissent cependant une crainte croissante d’un soulèvement populaire. « Si le peuple est insatisfait… économiquement, culturellement… si ses esprits ne sont pas convaincus, il agira contre nous. »

Cet échange rare et houleux entre des membres du régime met en lumière la précarité de la dictature cléricale iranienne. Alors que les divisions internes s’accentuent et que les méthodes du régime pour contrôler la dissidence sont scrutées de près, même par ses propres responsables, le spectre d’une révolution populaire se rapproche.