Ces dernières années, le monde a assisté à l’émergence d’une situation profondément explosive en Iran. Des manifestations généralisées, des vagues incessantes de soulèvements et le courage d’une jeune génération réclamant la liberté ont révélé la fragilité fondamentale du régime. L’idée que la République islamique soit au bord de l’effondrement n’est plus une prédiction : c’est une évaluation répandue, partagée par les analystes, les décideurs politiques et les observateurs internationaux.
Face à cette crise de légitimité croissante, le régime iranien a recours à une stratégie multiforme de répression, de tromperie et de désinformation. L’une de ses tactiques les plus tenaces a été de perpétuer le mythe selon lequel il n’existe aucune alternative viable à son régime. Au cœur de cette tromperie se trouve une campagne de diabolisation agressive et largement financée, ciblant la force d’opposition la plus organisée et la plus puissante du régime : les Moudjahidine du peuple (OMPI).
Depuis des décennies, le régime investit chaque année des millions de dollars dans la guerre psychologique et la propagande pour délégitimer l’OMPI. Il a fait appel à des transfuges, à des agents de renseignement et même à des médias occidentaux pour fabriquer des récits visant à discréditer le mouvement. En déformant la vérité et en présentant des récits inventés, Téhéran cherche non seulement à ternir l’image de l’OMPI, mais aussi à occulter l’existence même d’une alternative démocratique. Cet article explore l’une des tactiques de désinformation du régime : le recrutement et l’utilisation de membres expulsés de l’OMPI comme outils de sa campagne de diabolisation.
Un stratagème bien connu de tromperie
L’une des tactiques insidieuses employées par le régime iranien consiste à recruter et à planter des individus exclus de l’organisation. Le ministère iranien du Renseignement et de la Sécurité (VEVAK) a systématiquement instrumentalisé ces individus expulsés pour construire un faux discours d’opposition, se présentant à la fois comme anti-régime et anti-OMPI, pour semer ainsi la confusion.
Cette approche n’est ni nouvelle ni isolée. Depuis des décennies, Téhéran utilise cette méthode avec une constance étonnante. Le régime recrute ces individus – dont beaucoup ont été exclus de l’OMPI pour manquements à l’éthique, comportement délictuels ou collaboration avec les services de renseignement ennemis – par l’intermédiaire de ses ambassades à l’étranger, notamment dans des pays comme l’Albanie, où l’OMPI est basé. Une fois cooptés, ces individus reçoivent pour instruction de se présenter comme d’« anciens membres » de l’OMPI, devenus depuis critiques à la fois du régime iranien et de l’OMPI.
La consigne est claire : ils doivent créer des blogs, gérer des pages sur les réseaux sociaux, publier des « articles » critiques du régime afin d’acquérir une crédibilité de façade, puis, sous le même couvert anti-régime, lancer une campagne de diffamation soutenue contre l’ompi. En se faisant passer pour des critiques indépendants, ils cherchent à renforcer la crédibilité des arguments de Téhéran, en présentant leurs accusations alimentées par le régime comme des « témoignages d’initiés ».
Étude de cas : Le réseau de recrutement albanais
Une illustration convaincante de cette tactique est fournie par une lettre écrite par Abdolrahman Mohammadian, un ancien membre de l’OMPI, dont la propre lettre adressée au Secrétaire général de l’ONU (documentée dans le PDF ci-joint) révèle l’ampleur de l’infiltration du VEVAK. Mohammadian avoue avoir été recruté par l’ambassade d’Iran à Tirana, en Albanie, et formé pour lancer une opération médiatique se faisant passer pour une plateforme de défense des droits humains. Il affirme que des responsables de l’ambassade lui ont demandé de se présenter comme un critique du régime tout en attaquant systématiquement l’OMPI et en fournissant des renseignements aux agents iraniens. Il écrit : « Ils m’ont donné pour instruction de créer une page Facebook et une chaîne YouTube prétendant soutenir la démocratie en Iran tout en accusant l’OMPI de violations. »
Il décrit également comment des agents du régime ont tenté de l’utiliser pour orchestrer des incidents visant à présenter l’OMPI sous un jour négatif, notamment en faisant comparaître de faux témoins et en fabriquant des histoires pour les médias occidentaux. Cette opération, selon Mohammadian, a été orchestrée et financée directement par l’ambassade de Téhéran à Tirana.
Légitimité fabriquée grâce aux chambres d’écho médiatiques
Le régime amplifie la voix de ces « anciens membres » en leur facilitant l’accès à des journalistes proche du régime ou mal informés et à des médias internationaux. En les présentant comme des « lanceurs d’alerte » ou des « rescapés » de l’OMPI, le VEVAK blanchit la désinformation par le biais de sources apparemment neutres. Ces opérations sont en outre soutenues par de fausses ONG, comme la Société Nejat, qui se font passer pour des organisations humanitaires.