lundi, février 17, 2025
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Révolution des femmes en Iran : Entretien avec Ramesh Sepehrrad

Par Ryan Mauro

Global Politician, 25 janvier – Ramesh Sepehrrad* est spécialiste politique et présidente/fondatrice de la plus ancienne organisation des femmes iraniennes à Washington DC : la Commission nationale des femmes pour un Iran démocratique (fondée en 1990). Sepehrrad est issue d’une famille de prisonniers politiques avec une connaissance pratique des souffrances du peuple iranien, en particulier des femmes, aux mains du régime clérical.

(Première partie)

RM : Quelles est la situation des droits des femmes en Iran ?
 
RS : Le statut actuel des femmes en Iran peut se décrire en une expression : un système d’apartheid sexuel. Le régime de Téhéran a institutionnalisé la violence contre les femmes dans ses lois et dans ses règlements. Les femmes sont considérées comme des citoyens de deuxième classe dont la vie est
dirigée par des tuteurs masculins.
 
RM : Les droits des femmes progressent-ils ou se dégradent-ils ?
 
RS : Avant 1979, les femmes n’avaient pas beaucoup de droits politiques et économiques. Elles jouissaient de quelques droits sociaux de base en vertu de la loi sur la famille dans la sphère du divorce et de la garde d’enfants. C’est pourquoi, les femmes ont joué un rôle important dans la révolution de 1979, mais les extrémistes, menés par l’ayatollah Khomeiny, ont opéré un retour en arrière pour les Iraniennes. En vertu de la loi du Vali-e-faqih (guide suprême religieux), soit l’intégrisme islamique, les femmes n’ont aucun droit. La vision du monde des intégristes islamiques est telle que la femme est considérée comme une source de péchés qui doit être contrôlée à tout moment. Ces 27 dernières années, la mesure du succès des intégristes islamiques, qu’ils soient des dirigeants enturbannés ou non, dépendait de l’ampleur de la répression des droits et des activités des femmes. Des batailles constantes entre factions au sein du régime iranien se jouent sur la question des droits des femmes, du hijab (le code vestimentaire obligatoire pour les femmes) et de la ségrégation publique.
 
RM : Quelle est l’ampleur du mouvement pour un changement démocratique en Iran ?
 
RS : Etant donné la haine envers les femmes du régime de Téhéran, on peut mesurer la force des mouvements démocratiques en Iran grâce à la participation active des femmes aussi bien dans la direction que dans les autres fonctions du mouvement de résistance organisée. Le régime de Téhéran détient le nombre record de femmes exécutées dans le monde pour des raisons politiques ; ce chiffre est même plus important qu’en Chine. Cependant, les femmes ne se découragent pas et continuent de défier le régime d’un point de vue politique, social et idéologique. Pour la première fois dans l’histoire de l’Iran, les femmes organisent d’immenses rassemblements à Téhéran pour réclamer plus de droits et leur liberté. Leur stratégie est louable parce qu’elles demandent des droits sociaux et politiques fondamentaux dans des domaines tels que le divorce, la garde d’enfants ou le travail. Les Iraniennes savent que leurs requêtes basiques ébranlent les fondations mêmes de la théocratie de Téhéran. Les Iraniennes sont parfaitement conscientes du fait que le régime de Téhéran ne cèdera jamais à leurs demandes, pourtant elles poursuivent leurs objectifs qui se réduisent essentiellement à un changement de régime. Elles ne sont pas seules. Elles ont joint leurs efforts à ceux des étudiants et des syndicats en Iran. Elles bénéficient également d’une forte présence à l’extérieur de l’Iran. Par exemple, Maryam Radjavi, présidente du mouvement de résistance iranien en exil, a tenu de nombreuses conférences internationales et séminaires depuis les années 1990 dans le but de faire prendre conscience au monde du danger de l’intégrisme islamique. Elle a rencontré des dirigeants politiques du monde entier en Europe afin de faire entendre la voix de la démocratie en Iran et d’amener un changement démocratique dans son pays. Cela montre sa force aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Iran.
 
RM : De quoi avez-vous besoin de la part de l’Occident pour opérer un changement et quel changement visez-vous ?
 
RS : Les Iraniennes veulent un changement démocratique en Iran amené par le peuple et pour le peuple d’Iran. Nul besoin d’une intervention militaire ni de nouvelles négociations qui ne font que légitimer les crimes terroristes du régime et la violence exercée par l’État contre les femmes. Les Iraniens demandent à l’Occident d’isoler le régime politiquement, diplomatiquement et économiquement. Les Iraniens peuvent s’occuper du reste. La dernière Résolution 1737 du Conseil de sécurité de l’ONU est un pas en avant dans la bonne direction. L’isolation et la pression internationale sur le régime de Téhéran rendent les Iraniens plus forts et affaiblissent le régime d’Ahmadinejad. Cela ouvre la voie pour un changement amené par les Iraniens.

(A suivre)…

* Elle a publié dans The Washington Post, The Washington Times, The United Press International – Outside View, Global Politician, American Chronicle, Women eNews, Feminist Voice, Washington Report on Middle East Affairs, and Women’s Caucus for Gender Justice Newsletter.