Agence France Presse Dimanche, les Etats-Unis ont accusé lIran de « se moquer du monde » avec ses dernières déclarations visant à apaiser les tensions concernant son programme nucléaire et ont assuré quils feraient pression pour une action ferme de lONU.
La secrétaire dEtat américaine, Condoleezza Rice, a rejeté loffre iranienne dautoriser des inspections à limproviste de ses sites nucléaires et de rouvrir les discussions sur la proposition russe pour que Téhéran puisse mener ses travaux sensibles sur le cycle du combustible.
« A mon avis, ils se moquent du monde », a-t-elle affirmé sur ABC, deux jours après que lAgence Internationale de lEnergie Atomique (AIEA) ait déclaré que lIran navait pas respecté linjonction de lONU de mettre fin à lenrichissement pouvant servir à produire la bombe nucléaire.
« De manière évidente, si ce nétait pas le cas, ils devraient tout confesser, cesser lenrichissement, suspendre lenrichissement et répondre à la liste des demandes de la résolution du conseil des gouverneurs de lAIEA et de la déclaration du Conseil de Sécurité », a déclaré la haute diplomate américaine.
« Ensuite, ils pourront revenir à la table des négociations. »
Rice a affirmé que les Etats-Unis continueraient de réclamer une résolution du Conseil de Sécurité contre lIran se rapportant au chapitre sept de la Charte des Nations Unies, qui ouvrirait la voie pour déventuelles sanctions ou même la force militaire.
« Cest la crédibilité de la communauté internationale qui est en jeu ici et nous avons aussi le choix », a-t-elle ajouté. « Soit nous sommes sérieux lorsque nous disons que lIran doit respecter ses obligations, soit nous continuons de laisser lIran nous défier. »
Téhéran insiste sur le fait quils développent uniquement un programme dénergie nucléaire pacifique, mais Washington pense que lIran cherche à obtenir des armes nucléaires.
Dimanche, un haut responsable iranien a rejeté la pression internationale pesant sur Téhéran à ce sujet.
« Nous naccepterons aucune résolution forcée », a déclaré Ali Larijani, haut responsable de la sécurité nationale, aux étudiants de lUniversité Sharif à Téhéran, la plus prestigieuse faculté scientifique de la République Islamique.
Sous un tonnerre dapplaudissements, il a affirmé que la volonté du pays de maîtriser la technologie nucléaire sensible, à des fins pacifiques et non pour le développement darmes, constituait « un objectif stratégique ».
La Russie et la Chine, qui exercent toutes deux leur veto sur les 15 membres du Conseil de Sécurité, sopposent à des mesures punitives contre lIran pour son programme.
Rice na annoncé aucun progrès dans la tentative américaine de se rallier Moscou et Pékin, disant simplement que « nous allons avancer pas à pas » et quune mission diplomatique intensive les attendait.
Les dirigeants politiques des Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France et lAllemagne vont se rencontrer mardi à Paris afin de se mettre daccord sur une stratégie sur lIran. De plus, les ministres des affaires étrangères doivent se réunir à New York le 9 mai.
LIran insiste fermement pour poursuivre et même accélérer ses travaux denrichissement duranium, mais Rice maintient que la République Islamique nest pas insensible à lopposition occidentale.
« Les Iraniens font tout leur possible pour que le Conseil de Sécurité abandonne ce dossier ce qui suggère selon moi quils craignent effectivement que le Conseil de Sécurité décide de prendre des mesures qui pourraient isoler encore plus lIran », a déclaré Rice.
Les Etats-Unis insistent pour que les Nations Unies imposent au moins un gel des biens et des restrictions sur les voyages des dirigeants iraniens afin de les forcer à revenir à la table des négociations sur leurs ambitions nucléaires.
Mais Washington, parant à la possibilité dune impasse au sein de lorganisme mondial, fait pression sur ses alliés en Europe, dans le Golfe et ailleurs pour quils remettent en question leur propre commerce avec lIran et envisagent des sanctions en-dehors du cadre de lONU.
« Tout le monde est daccord sur le fait que lIran ne doit pas obtenir darmes nucléaires et bien sûr son président, par ses paroles et ses actes, rend lidée quils ne doivent pas obtenir darmes nucléaires encore plus évidente », a affirmé Rice à CNN dans une autre interview.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a appelé à ce quIsraël soit « rayé de la carte » et souligné que lIran ne renoncerait « jamais » à son programme nucléaire controversé.
« La communauté internationale partage totalement le même avis, celui que personne ne veut, na besoin ni ne peut vraiment tolérer un Iran armé nucléairement au beau milieu de la région la plus instable du monde », a ajouté Rice sur CNN.