CNRI – » Je pense que la politique du gouvernement des États-Unis, et je l’espère de nos amis en Europe, doit être claire et sans ambiguïté sur le fait que nous voulons un changement de régime en Iran pour donner au peuple de ce pays l’occasion d’exprimer ses préférences librement dans des élections libres et équitables et le plus tôt sera le mieux », a déclaré John Bolton à Bruxelles le 2 décembre.
L’ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU s’exprimait dans d’un symposium dans la capitale belge sur les obligations de la communauté internationale vis-à-vis d’Achraf. Etaient rassemblées des sommités du monde politique et juridique international, et l’invitée d’honneur était Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne.
Voici les points forts de son intervention:
Merci beaucoup c’est un grand plaisir d’être ici aujourd’hui avec vous tous à propos de ce sujet très important. Si j’avais un point à souligner, tant à l’égard de la Cité d’Achraf, que par rapport à la question plus vaste de l’opposition au régime de Téhéran et de la situation politique générale, je pense que nous sommes à un moment de réelle urgence. Je pense que pour des raisons diverses que j’aborderai, nous allons arriver à un moment déterminant concernant le régime de Téhéran, probablement au cours de l’année prochaine. Il existe un certain nombre de forces qui convergent et donc traiter la question de ce qui se passe à Achraf, de ce qui se passe en Irak, de ce qui se passe à l’intérieur de l’Iran et dans la région, a largement besoin d’être soumis à l’attention du public, à la fois aux États-Unis et en Europe.
Mais je ne pense pas que l’on comprennent sérieusement la menace posée par le régime de Téhéran qui est de plus en plus une dictature militaire. Il est moins une théocratie, même s’il en est toujours une, et davantage une dictature militaire vu que le pouvoir s’écoule des ayatollahs vers les gardiens de la révolution. Cependant aujourd’hui, le régime est le banquier central du terrorisme international dans le monde et il finance sans discrimination le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah au Liban et en Irak et en Afghanistan. Et combinée à cette menace du terrorisme international, il y a la quête de la capacité d’armement nucléaire poursuivie depuis vingt ans par le régime, qui est maintenant très proche de donner des fruits. Si et lorsque cette capacité sera atteinte, cela changera fondamentalement non seulement le Moyen-Orient, mais le monde entier. Et c’est une des raisons pour lesquelles il est si important de tenter d’arrêter le régime de se doter de l’arme nucléaire, et pas seulement compter sur la dissuasion après le fait. Et pourtant, nous avons vu la diplomatie échouer, nous avons vu les sanctions échouer, le régime a été ébranlé, tout au mieux. Permettez-moi de vous signaler que la Corée du Nord est le régime le plus lourdement sanctionné au monde et il a fait exploser deux nouveaux dispositifs nucléaires et vient de révéler au monde il y a quelques semaines, une importante nouvelle installation d’enrichissement d’uranium et la construction d’une nouvelle installation d’armement nucléaire. Donc, si vous êtes déterminé à avoir un réacteur nucléaire, si vous êtes déterminé à acquérir l’arme nucléaire, les sanctions peuvent représenter des dépenses en plus, mais ne vont pas vous empêcher d’atteindre vos objectifs.
Alors, quelle est la situation aujourd’hui, pour le régime de Téhéran, pour son opposition légitime, pour la situation humanitaire et à Achraf. D’abord, il me semble qu’en termes de formation du gouvernement en Irak, nous sommes à une période critique. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai dit au début, qu’il y a un sentiment d’urgence face à ce problème. Nous avons vu le régime de Téhéran déployer tous les efforts pour installer un gouvernement sympathique à Bagdad. Je ne pense pas que nous sachions encore totalement comment cela va tourner. Mais c’est un sujet de préoccupation, je ne pense pas seulement dans la région, mais partout dans le monde. Cela me préoccupe. Je dois dire que la meilleure chose à laquelle nous pouvons penser à l’heure actuelle, en termes de protection des résidents d’Achraf d’un régime hostile irakien, c’est l’ONU, qui est un échec en fait. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles je continue de penser que le gouvernement des États-Unis, ayant créé l’environnement dans lequel cette menace est possible à Achraf, en a la responsabilité permanente, même si nous avons rendu la souveraineté à un gouvernement en Irak il y a quelque temps.
Mais il y a des circonstances aux États-Unis qui ont radicalement changé aussi et nous verrons en janvier la Chambre des représentants passer sous de contrôle du Parti républicain et il portera à la présidence de la commission des Affaires étrangères de la Chambre, Ileana Ros-Lehtinen, qui a été une très fervente défenseur de la radiation de l’OMPI de la liste des organisations terroristes et une fervente défenseur des droits de la population du camp d’Achraf. Je ne dis pas qu’Howard Berman et Brad Sherman et d’autres de l’autre côté de l’allée, ne soient pas concernés non plus, mais Ileana Ros-Lehtinen est moins préoccupée par les états d’âme de la Maison Blanche quand elle mène ses audiences et fait comparaitre des officiels de l’administration et pousse des résolutions qui peuvent mettre en évidence les préoccupations de la population d’Achraf et créer certaines possibilités qui n’existaient pas auparavant.
Je pense que c’est aussi un moment où il nous faut parler beaucoup plus sérieusement aux États-Unis et en Europe de l’importance d’un changement de régime à Téhéran. Personne ne peut croire sérieusement que l’élection de 2009 a été libre et juste et je pense que nous avons vu que la conduite, à la fois du régime et des candidats de l’opposition à cette élection depuis, démontre pourquoi ce n’est pas simplement une question de favoriser un membre du régime actuel sur un autre membre du régime actuel, c’est le régime lui-même qui doit partir. Il n’y a pas de modérés au sein de ce régime que ce soit dans la perspective de la menace nucléaire et terroriste qu’il pose ou dans le sens de favoriser véritablement un gouvernement représentatif pour le peuple iranien.
Je pense que la politique du gouvernement des États-Unis, et je l’espère de nos amis en Europe, doit être claire et sans ambiguïté sur le fait que nous voulons un changement de régime en Iran pour donner au peuple de ce pays l’occasion d’exprimer ses préférences librement dans des élections libres et équitables et le plus tôt sera le mieux.
A présent la question qui concerne je pense plus particulièrement beaucoup d’entre vous ici, c’est ce qui va se passer avec la classification de terroriste de l’OMPI aux États-Unis. Elle a été supprimée dans tous les pays européens, le Parlement européen s’est prononcé, le pouvoir judiciaire aux États-Unis s’est exprimé très clairement lors d’une audience, dans un jugement rendu cet été par la Cour du District de Columbia demandant au Département d’État de revenir en arrière et de revoir sa classification antérieure de l’OMPI. Et essentiellement sur la base des déclarations du ministère de la Justice lors de cette audience, il n’y a pas de nouvelles informations, au moins pas de nouvelles informations non classifiées qui justifierait le maintien de la classification.
Il est parfaitement clair à mes yeux pour avoir suivi cette affaire au fil des ans, que la désignation initiale s’est faite à des fins politiques sous l’administration Clinton, quand elle menait une politique de complaisance avec le régime de Téhéran et pour la décision la plus récente de la Secrétaire Rice à la fin de l’administration Bush, elle a aussi été motivée par le désir politique d’obtenir des négociations avec le régime sur le programme nucléaire. Ce sont des bases fondamentalement illégitimes pour prendre des décisions sur une question pareille. Ces décisions doivent être prises strictement sur des faits sans coloration politiques d’une façon ou d’une autre.
A présent, le Département d’Etat a la possibilité de corriger tout de suite ces erreurs précédentes. Je ne connais pas de faits qui soutiendrait la classification en vertu de la formule légale et réglementaire; l’OMPI devrait avoir, mérite pleinement la possibilité se défendre face à cette information et j’espère que nous verrons dans un proche avenir une bonne décision prise en fonction uniquement des faits.
Mais il y a aussi une autre raison pour laquelle je pense que nous avons un sentiment d’urgence, qui est souligné par les révélations de WikiLeak de ces deux dernières semaines. Je pense que personne ne devrait être surpris par l’attitude des gouvernements arabes de la péninsule arabique et de leur opposition au programme d’armes nucléaire du régime ou de leur opposition au régime lui-même. Je ne pense pas que quelqu’un à Téhéran soit surpris par l’attitude révélée par les câbles. Mais je pense que nous avons atteint un point critique où continuer à traiter avec ce régime, que ce soit par la complaisance ou des efforts de négociations ou des efforts d’accommodement ou la manière dont vous voulez le caractériser, ne peut pas réussir, et n’avancera pas plus que par le passé.
Le régime est une menace pour ses voisins, pour le monde dans son ensemble. Il reste que cette menace qu’il fait peser sur l’opposition, son existence en Iran, au camp d’Achraf, à travers le monde ne fait que croître et nous sommes à un point où nous allons prendre des dispositions dans un avenir très proche.