lundi, juin 23, 2025
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Nucléaire : menace d’un effondrement du régime iranien face à l’escalade des tensions

Nucléaire : menace d’un effondrement du régime iranien face à l’escalade des tensions
Des commandants du CGRI posent lors d’une visite sur un site d’essais de missiles en Iran

Le régime iranien se trouve à un carrefour précaire, en proie à une anxiété croissante concernant son programme nucléaire, symbole de sa défiance envers les puissances occidentales et une société en pleine ébullition.

De récentes déclarations de responsables du régime iranien et des médias d’État révèlent une crainte profonde que l’échec du projet nucléaire ne précipite la chute du régime lui-même. Cette anxiété, ancrée dans des préoccupations à la fois stratégiques et idéologiques, est amplifiée par l’escalade de la pression internationale et le spectre de nouvelles sanctions ou d’actions militaires. La rhétorique du régime, empreinte de défiance et de désespoir, souligne les enjeux existentiels liés à ses ambitions nucléaires.

Un programme nucléaire en état de siège
La semaine du 7 juin 2025 a marqué un tournant pour le dossier nucléaire du régime iranien. Les gouvernements occidentaux, dont les États-Unis et les trois parties européennes au Plan d’action global commun (PAGC) – la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni – ont préparé une résolution condamnant le régime iranien au Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

La résolution accuse le régime iranien de ne pas respecter ses obligations en matière de garanties, une accusation que Téhéran rejette avec véhémence. Shahab Shahsavari, journaliste spécialisé dans les affaires internationales du régime au journal d’État Ham-Mihan, a souligné le 7 juin qu’une telle résolution pourrait porter à leur paroxysme les relations entre Téhéran et l’Europe, déjà à leur plus bas niveau depuis la révolution de 1979.

Le ministre des Affaires étrangères du régime iranien, Abbas Araghchi, a vivement réprimandé le trio européen sur le réseau social X, accusant le trio européen de lancer de « fausses accusations » fondées sur des « informations fragiles et politisées » pour fomenter une crise.

Il a averti que le régime iranien réagirait « résolument » à toute violation de ses droits, signalant la volonté de Téhéran d’intensifier ses tensions si elle était poussée plus loin. Les propos d’Araghchi reflètent une préoccupation plus large au sein du régime : la pression occidentale, notamment si elle conduit à un renvoi du dossier iranien devant le Conseil de sécurité de l’ONU ou à l’activation du mécanisme de « snapback » du JCPOA, pourrait compromettre non seulement le programme nucléaire, mais aussi l’influence géopolitique plus large du régime iranien.

Hassan Beheshtipour, expert en affaires nucléaires proche du régime, a établi un parallèle avec le début des années 2000, lorsque les gouvernements occidentaux avaient adopté neuf résolutions de l’AIEA contre le régime iranien avant de soumettre son dossier au Conseil de sécurité en 2006. « La situation actuelle est similaire », a averti Beheshtipour, suggérant que les actions de l’Europe constituent une tentative délibérée de coincer le régime et d’obtenir des concessions.

Le programme nucléaire, pilier de la survie du régime
Pour le régime iranien, le programme nucléaire est plus qu’un atout scientifique ou stratégique : il est un pilier de sa légitimité et de sa survie. Ali Asghar Nakhee-Rad, député du régime, l’a exprimé le 8 juin, soulignant que le dossier nucléaire a un impact direct sur l’avenir économique, la sécurité et la position internationale de l’Iran.

Critiquant le ministère des Affaires étrangères pour avoir négocié sur des « exigences minimales » au lieu de soutenir la position intransigeante du régime, Nakhee-Rad a déclaré que l’enrichissement d’uranium à 60 % était une « ligne rouge » à ne pas franchir. Ses propos trahissent une profonde inquiétude quant à la possibilité que tout recul sur le front nucléaire soit un signe de faiblesse, incitant à de nouvelles agressions occidentales et déstabilisant l’emprise du régime sur le pouvoir.

Cette crainte se retrouve dans le discours idéologique du régime, qui lie le programme nucléaire au concept de Velayat-e Faqih (la tutelle du juriste islamique), principe fondateur du régime iranien.

Hamid Rasaii, membre de la commission culturelle du Parlement, a affirmé le 7 juin sur la chaîne d’information officielle de l’État (IRIB) que la survie de l’industrie nucléaire dépendait de l’autorité du Guide suprême. « Sans Guide suprême », a-t-il affirmé, « notre industrie nucléaire aurait été démantelée et détruite. »

Il a présenté l’opposition occidentale aux ambitions nucléaires du régime iranien comme faisant partie d’une campagne plus vaste contre les fondements du régime, citant des déclarations américaines historiques selon lesquelles leur conflit ne porte pas sur le régime, mais sur ses dirigeants théocratiques. Pour Rasaii, le programme nucléaire est un bouclier pour le cœur idéologique de la révolution, sans lequel le régime risque de s’effondrer.

Un clergé rebelle mais inquiet
Le clergé du régime, pilier essentiel de son autorité, a également exprimé son inquiétude quant au sort du programme nucléaire. Rasoul Fallahati, imam de la prière du vendredi de Rasht, a déclaré sur la chaîne de télévision Baran Network le 7 juin que les États-Unis et leurs alliés cherchaient à « mettre la République islamique à genoux » en la privant de l’énergie nucléaire, qu’il a qualifiée de « bienfait naturel ».

La rhétorique présente le programme nucléaire comme un droit divin, le mêlant à la légitimité religieuse du régime. De même, Ali Hosseinipour, imam du vendredi d’Arak, s’exprimant lors de la prière de l’Aïd al-Adha, a dénoncé les États-Unis comme une puissance criminelle, dépourvue de légitimité pour dicter la politique nucléaire de l’Iran. « Qui est l’Amérique pour que nous devions faire des compromis ou lui céder ? » a déclaré Hosseinipour, exprimant son indignation face aux exigences occidentales de contrôle des capacités nucléaires iraniennes. Son appel à la défiance est cependant teinté de frustration, reflétant le sentiment croissant d’encerclement du régime.

Un régime au bord du gouffre
La rhétorique du régime iranien début juin 2025 révèle une crainte profonde que la perte de son programme nucléaire ne déclenche une cascade de crises, aboutissant à sa chute. Le dossier nucléaire n’est pas seulement une question technique, mais un symbole de la défiance, de la légitimité et de la mission idéologique du régime.

Alors que les puissances occidentales resserrent l’étau par le biais de résolutions de l’AIEA et d’une possible intervention du Conseil de sécurité, les dirigeants de Téhéran sont confrontés à la menace existentielle de perdre leurs ambitions nucléaires – et avec elles, la révolution elle-même.

L’attitude provocatrice du régime, exprimée par les parlementaires, le clergé et les responsables, masque une inquiétude plus profonde : l’effondrement du programme nucléaire pourrait bouleverser le fragile équilibre des pouvoirs qui a soutenu le régime iranien pendant plus de quatre décennies. Face à la pression internationale croissante, les dirigeants du régime sont contraints de naviguer sur un chemin périlleux.