
Le 9 juin 2025, des retraités de la Compagnie iranienne des télécommunications (TCI) ont organisé des manifestations coordonnées dans de nombreuses villes iraniennes, exigeant des ajustements financiers attendus depuis longtemps et la fin du pillage systémique par des entités affiliées au régime. Ces manifestations, qui ont vu des retraités descendre dans les rues de Téhéran, Tabriz, Kermanshah, Bijar, Chiraz, Sanandaj et Zanjan, mettent en lumière l’aggravation de la crise économique et l’audace croissante des citoyens face à la corruption liée à l’État.
Des décennies de service, vidées de leur substance et non respectées
Les retraités, qui ont consacré leur vie professionnelle au secteur des télécommunications, réclament le respect de leurs droits fondamentaux, érodés par des années de mauvaise gestion économique et d’inflation galopante. Leurs principales revendications portent notamment sur l’urgente nécessité d’une actualisation des allocations sociales de 2022 et 2023 pour tenir compte de la hausse du coût de la vie.
June 9—Iran
Retirees of the Telecommunications Company of Iran resume protests across the country, reiterating their demands for higher pensions and better living conditions.#IranProtestspic.twitter.com/WBxpxVpaK4— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 9 juin 2025
Ils exigent également que la direction de TCI se conforme à un règlement de 2010 exigeant l’ajustement des pensions en fonction du coût de la vie, règlement systématiquement ignoré. De plus, les manifestants réclament la résolution de problèmes de longue date concernant leur assurance complémentaire et le paiement intégral de tous les arriérés aux taux actuels, indexés sur l’inflation. Pour ces vétérans, le non-respect de ces revendications se traduit par une lutte quotidienne pour la survie, leurs maigres pensions étant continuellement dévaluées.
Les manifestants s’attaquent nommément à de puissantes entités liées au régime
Il est significatif que les retraités manifestants n’hésitent pas à accuser directement de puissantes organisations parapubliques profondément ancrées dans les structures économiques et de pouvoir du régime. À Kermanshah, des slogans tels que « Le Setad (l’exécution de l’ordre de Khomeiny) a volé nos retraites » et « La Fondation coopérative du CGRI a également rongé nos droits » ont résonné dans les rues, impliquant directement des entités souvent considérées comme intouchables.
June 9—Tehran, Iran
Protest by telecommunications retirees, highlighting their frustration with economic conditions and government policies. Protesters chant, "Leave hell alone, think about us."#IranProtestspic.twitter.com/YTu4uIU0UX— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 9 juin 2025
Ces accusations témoignent de la conviction que leurs difficultés financières ne résultent pas seulement de l’incompétence bureaucratique, mais du pillage délibéré d’organisations liées aux plus hautes sphères du pouvoir.
À Bijar, les retraités se sont mobilisés contre les actionnaires de l’entreprise, soutenus par l’État, qui n’ont pas respecté leurs obligations financières et n’ont pas versé les retraites auxquelles ils ont droit. Ils ont notamment exigé la pleine application du règlement de 2010, qui, selon eux, garantirait leurs droits légaux pendant plus de 15 ans, mais qui a été systématiquement ignoré par les principaux actionnaires, dont Setad (EIKO). De même, à Chiraz, des retraités de la province de Fars ont insisté sur la nécessité de « l’application des statuts, qui constituent notre droit indéniable », statuts bafoués depuis des années par les actionnaires affiliés au cabinet de Khamenei et à EIKO.
Les slogans de défiance révèlent une colère profonde et une désillusion politique
Les slogans scandés lors de ces manifestations vont au-delà des simples revendications économiques et révèlent une profonde désillusion à l’égard de la gouvernance du régime et de ses prétentions à la légitimité religieuse. À Téhéran, les manifestants ont scandé « Laissez l’enfer tranquille, pensez à nous », une attaque directe contre les priorités idéologiques souvent mises en avant par le régime, qui privilégient le bien-être immédiat de sa population. À Téhéran, un autre slogan était particulièrement cinglant : « Hossein, Hossein est leur slogan, le vol et le pillage sont leur œuvre », dénonçant l’hypocrisie perçue des responsables qui invoquent des figures religieuses tout en se livrant à une corruption systémique.
À Kermanshah, la frustration était palpable, avec des cris tels que « Retraités, levez-vous, réclamez vos droits », « 14 ans de trahison, honte à vous » et « Les TCI n’obéissent à aucune loi ». Dans d’autres villes comme Sanandaj, Zanjan et Tabriz, le sentiment était similaire, les manifestants scandant : « Nous n’avons pas vu justice, nous n’avons entendu que des mensonges », et le cri récurrent : « Retraités, criez, réclamez vos droits ». Ces slogans dressent collectivement le portrait d’une population qui se sent trahie, trompée et systématiquement dépouillée par les institutions mêmes censées la servir.
June 9—Tabriz, northeast Iran
Retirees of the Telecommunications Company of Iran resume rallies in front of TCI's provincial headquarters, protesting low pensions and the government's lack of response to their demands.#IranProtests pic.twitter.com/BOJh4qAFzj— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 9 juin 2025
Un soulèvement résilient contre l’injustice systémique
Les manifestations coordonnées et soutenues des retraités des télécommunications iraniens sont plus qu’un simple conflit du travail ; elles représentent un défi majeur à l’autorité du régime iranien et à son discours de stabilité. Le courage des manifestants, qui ont désigné des entités puissantes comme Setad et la Fondation coopérative du CGRI comme responsables de leur appauvrissement, témoigne d’un refus croissant de se taire.
Ces rassemblements en chaîne ont, une fois de plus, démontré que le soulèvement des retraités n’est pas une simple revendication syndicale ; il s’agit plutôt d’un cri de protestation contre la dictature religieuse, la corruption institutionnalisée et la discrimination.
Une nation de pillards des institutions affiliées au cabinet de Khamenei. L’esprit inflexible de ces retraités témoigne d’un profond désir de justice, de responsabilité et de droits fondamentaux que l’establishment au pouvoir semble peu disposé ou incapable de satisfaire.