Le 13 novembre 2024, Rafael Grossi, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), s’est rendu à Téhéran pour des discussions critiques sur le programme nucléaire iranien dans un contexte de préoccupations internationales croissantes. Ce voyage, qui se déroule à un moment délicat, a mis en évidence à la fois l’urgence de la question nucléaire et la tension croissante autour du manque de coopération du régime. « La situation internationale devient de plus en plus tendue », a averti Grossi avant son départ pour Téhéran. « La marge de manœuvre sur les questions nucléaires se réduit. »
Lors de sa visite à Téhéran, M. Grossi a rencontré des personnalités clés, dont le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, le directeur général de l’Organisation de l’énergie atomique Mohammad Eslami et le président du régime, Masoud Pezeshkian. M. Grossi a décrit la visite comme une « mission de la plus haute importance », soulignant la nécessité d’un dialogue constructif pour répondre aux questions non résolues concernant les activités nucléaires de l’Iran.
Le régime a adopté un ton sensiblement plus doux lors de la visite de M. Grossi, signalant une intention de coopérer. Pezeshkian a assuré à M. Grossi que les activités nucléaires de l’Iran étaient strictement pacifiques et conformes à une « fatwa claire » du guide suprême Ali Khamenei, qui interdit le développement d’armes nucléaires. « Personne n’est autorisé à s’écarter de cette politique », a affirmé Pezeshkian, tout en exprimant la volonté de Téhéran de résoudre les ambiguïtés. De même, M. Eslami a décrit les interactions avec l’AIEA comme productives, déclarant : « Nos contacts ont toujours été constructifs et au cours de cette visite, nous avons eu de bonnes discussions. » Araghchi a ajouté que le régime espérait que les discussions contribueraient à « réduire les tensions » et ouvriraient la voie à « des solutions raisonnables avant que la situation ne devienne plus critique ».
Malgré ces ouvertures, les gestes soudains de coopération de Téhéran correspondent à un schéma familier de posture stratégique chaque fois qu’une résolution de l’AIEA ou de l’ONU se profile. La visite de Grossi a eu lieu alors que les puissances européennes, en particulier la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, préparaient apparemment une résolution lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA. Selon des diplomates cités par Reuters, la résolution exigerait un « rapport complet » sur les activités nucléaires de l’Iran, y compris les questions non résolues telles que les traces d’uranium sur des sites non déclarés et la restriction de l’accès des inspecteurs par Téhéran. « Nos inquiétudes concernant l’activité nucléaire iranienne sont bien connues », a déclaré un diplomate européen. « Il semble naturel de demander à l’AIEA un rapport complet, qui pourra ensuite servir de base pour aborder le comportement iranien ».
Les responsables iraniens ont cependant cherché à minimiser la possibilité d’une telle résolution, mettant en garde contre ce qu’ils ont décrit comme des actions provocatrices. Eslami a menacé de « répondre immédiatement à toute résolution sur les activités nucléaires de l’Iran », ajoutant que « l’Iran ne se laissera pas influencer par la pression » et poursuivra son programme conformément à ses intérêts nationaux. Cette rhétorique reflète la stratégie de Téhéran qui consiste à montrer son attitude de défi tout en projetant simultanément une image de coopération pour éviter un examen plus approfondi de la part de la communauté internationale.
Dans le même temps, Vedant Patel, porte-parole du département d’État américain, a répondu au ton récent de Téhéran en soulignant la nécessité d’une action substantielle. « Les États-Unis exigent des changements de comportement et des actions concrètes de la part du gouvernement iranien », a déclaré Patel, réaffirmant l’engagement de Washington à garantir que l’Iran n’acquière jamais d’armes nucléaires. Faisant écho à ce sentiment, Grossi avait auparavant souligné les enjeux, avertissant l’Iran de reconnaître que « la possibilité de manœuvrer diminue ».
Alors que la diplomatie de Grossi s’est concentrée sur la recherche d’explications immédiates sur les questions en suspens, sa prudence a souligné les défis plus vastes que pose la lutte contre la tendance de longue date de Téhéran à esquiver et à retarder les choses. Les efforts du régime iranien pour détourner une résolution de l’AIEA s’inscrivent dans son objectif plus large d’éviter l’activation du mécanisme de retour à la normale prévu par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce mécanisme rétablirait automatiquement les sanctions de l’ONU contre le régime, annulant ainsi l’allègement accordé en vertu du Plan d’action global commun (JCPOA) de 2015.
Si le monde cherche vraiment à empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, il doit résister au cycle de promesses et de retards de Téhéran. La réponse appropriée consiste à activer le mécanisme de retour à la normale et à renvoyer le dossier nucléaire de l’Iran à l’Assemblée générale de l’ONU en vertu du chapitre 7 de la Charte de l’ONU. Ce n’est qu’en prenant des mesures décisives et coordonnées que la communauté internationale pourra répondre aux ambitions nucléaires du régime et garantir la sécurité régionale et mondiale.