CNRI – « Il faut lancer un appel solennel à la France et aux autres pays dailleurs de lUnion européenne, aux pays démocratiques et leur dire de choisir leur camp. Où est le terrorisme ? Est-ce quil nexiste pas un terrorisme dEtat ? LIran nest-il pas un pays qui pratique le terrorisme dEtat ? Et à côté de cela, loin de condamner lIran, on lui apporte un soutien contre les mouvements dopposition, les mouvements de résistance, qui peuvent apporter lespoir dun demain démocratique. Alors nest-ce pas tout de même proprement scandaleux ?
CNRI – « Il faut lancer un appel solennel à la France et aux autres pays dailleurs de lUnion européenne, aux pays démocratiques et leur dire de choisir leur camp. Où est le terrorisme ? Est-ce quil nexiste pas un terrorisme dEtat ? LIran nest-il pas un pays qui pratique le terrorisme dEtat ? Et à côté de cela, loin de condamner lIran, on lui apporte un soutien contre les mouvements dopposition, les mouvements de résistance, qui peuvent apporter lespoir dun demain démocratique. Alors nest-ce pas tout de même proprement scandaleux ? Est-ce que lEtat français dans le cas présent, ne se fait pas complice dun Etat terroriste ? » a lancé Patrick Beaudouin, président dhonneur de la fédération internationale des droits de lhomme lors dune rencontre au sénat français sur la situation des droits de lhomme en Iran le 12 décembre. Organisée par le CFID, le comité français pour un Iran démocratique, la réunion regroupait de nombreux défenseurs des droits de lhomme, comme Danielle Mitterrand, Maryam Radjavi ou Robert Badinter.
Voici le texte de lintervention de Patrick Beaudouin :
Pour un défenseur des droits de lhomme, évidement la situation de lIran nest pas mirobolante, cest le moins quon puisse dire. Sur le plan intérieur, le bilan est catastrophique. Aucune des libertés essentielles nest accordée au peuple iranien : pas de liberté de la presse, pas de liberté de réunion et pas de liberté dassociation. Des étudiants qui manifestent, les avocats embastillés, une justice inexistante, des détentions arbitraires, la torture enfin la litanie, je dirai, malheureusement habituelle et puissamment exercée des violations des droits de lhomme.
Cest lamentable sur le plan démocratique, cest tout aussi lamentable sur le plan des droits économiques, puisque au-delà des atteintes aux libertés individuelles, on trouve de la même manière quelques puissants qui senrichissent, un système de corruption, et une population qui ne bénéficie pas, lorsquil y a des progrès économiques, de la manne qui se répand sur quelques privilégiés.
Alors vous me direz « on connaît ça ailleurs ». Mais enfin en Iran, on fait quand même assez fort.
Je voudrais juste citer un exemple. Je pense que déjà on a dû en parler dans les interventions précédentes, cest la peine de mort en Iran. Alors quaujourdhui, et on sen félicite tous, nous les défenseurs des droits de lhomme qui luttons depuis des années, et je pense quici Madame Mitterrand est un exemple de cette lutte, nous qui luttons tous pour labolition de la peine de mort, nous constatons avec satisfaction quenfin il y a des progrès. Dabord il y a de plus en plus de pays qui ont aboli la peine de mort. Aux Etats-Unis même on constate un certain recul avec lapplication de moratoire. Même en Chine ça commence un peu à bouger.
Jétais il y a 48 heures avec des avocats chinois qui ont obtenu le prix de la commission consultative des droits de lhomme ici en France et qui expliquaient que ça commence à bouger.
En Iran cest linverse. 210 exécutions et encore le chiffre est à prendre avec précaution car il est certainement supérieur, en neuf mois. Entre janvier et septembre 2007. 210 exécutions. Des exécutions dans des conditions épouvantables pour certaines dentre elles, ça a été dit tout à lheure : la lapidation, les exécutions par pendaison sur la place publique, des exécutions qui peuvent viser des mineurs, des exécutions qui peuvent être prononcées pour des délits qui nont rien de violents, tel que ladultère. En Iran on peut être aujourdhui exécuté pour adultère, cest quand même assez épouvantable. Voilà ce pays. Voilà le bilan de ce pays.
Si on se tourne vers linternational, ça a dû être dit. Mais trois remarques ; il y en a des dizaines à faire. Mais sur linternational, voilà une puissance qui manifeste sa volonté dêtre dangereuse de façon permanente avec le problème de larme nucléaire. Voilà une puissance qui continue de subventionner, dalimenter, de favoriser les mouvements terroristes en dehors même de lIran. Voilà une puissance dont le chef dEtat nhésite pas à dire urbi et orbi quil veut rayer Israël de la carte. Voilà ce pays.
Alors, face à cette situation, juste quelques mots. Il se trouve quen ma qualité de représentant de la fédération internationale des droits de lhomme je suis avocat dans la procédure en cours en France contre le mouvement des Moudjahidine. La France dans tout cela ne shonore pas. Il faut le crier haut et fort. La France ne shonore pas, dabord à travers une procédure, dont dès le départ, nous les avocats, nous avons dit que cétait la chronique dun désastre judiciaire annoncé. Cst une procédure qui date depuis plus de quatre années maintenant. Elle a été lancée à grands renforts médiatiques, avec une opération dont tout le monde se souvient à Auvers-sur-Oise. On a arrêté 200 personnes ou à peu près. Finalement on les a relâchées pour lessentiel. Les personnes qui avaient été incarcérées ont été tout de suite relâchées. Ce qui est quand même très rare dans ce type daffaires, et on a dit association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, une incrimination extrêmement grave.
Tout cela sest dégonflé comme une baudruche et quatre ans et demie après, on a pratiquement abandonné cette accusation qui ne repose sur aucun fondement et on essaye de se rabattre sur blanchiment dargent, sur escroquerie, sur des délits financiers en essayant de faire des recherches sur la façon dont le mouvement est financé. Bref, cest vraiment une situation où lon voit que laccusation tombe comme un château de cartes, mais pour des raisons politiques et surtout des raisons économiques, cette procédure est maintenue. On voit très bien dailleurs dans la procédure, lorsquon la suit, quelle suit les évolutions politiques et économiques, les contrats en particulier. Quand il y a un contrat en vue entre lIran et la France, on en remet une louche. Mais cest très net, je nai pas le temps dentrer dans les détails, mais je pourrai en citer dix exemples.
Alors pour terminer cette intervention et je rejoins les propos que jai entendu des précédents intervenants, je crois quil faut lancer un appel solennel à la France et aux autres pays dailleurs de lUnion européenne, aux pays démocratiques et leur dire de choisir leur camp. Où est le terrorisme ? Est-ce quil nexiste pas un terrorisme dEtat ? Est-ce que le terrorisme est seulement un terrorisme anti-étatique ? Certainement pas. On le sait par lhistoire, on le sait par la réalité daujourdhui dans beaucoup de pays hélas. Et lIran nest-il pas un pays qui pratique le terrorisme dEtat ? Et à côté de cela, loin de condamner lIran, loin de prendre des mesures qui pourraient forcer contraindre lIran à modifier sa politique en matière de respect des droits de lhomme, on lui apporte un soutien et on lui apporte un soutien contre les mouvements dopposition, les mouvements de résistance, les mouvements qui peuvent apporter lespoir dun demain démocratique. Alors nest-ce pas tout de même proprement scandaleux ? Est-ce que lEtat français dans le cas présent, ne se fait pas complice dun Etat terroriste ?
Alors je pense quil est temps de changer de politique. Je terminerai juste pour dire que lhistoire effectivement nest pas perdue, car il est vrai, cest encore une chance que dans nos pays démocratique, il existe des contre-pouvoirs. Il existe des garde-fous et il existe des institutions judiciaires certes parfois manipulables et manipulées mais qui au bout du compte redressent la tête. Et on la vu donc avec cette décision à léchelle européenne qui a dénié la classification en tant quorganisation terroriste du mouvement des Moudjahidine. On la vu en Grande-Bretagne et espérons que la France va, il est permis de douter compte tenu de ce quon voit depuis deux ou trois jours sur nos écrans, mais enfin on ne sait jamais il y aura peut-être une repentance, eh bien espérons que la France modifiera sa politique et quen tout cas les médias, lopinion publique française deviendront enfin sensible à cette nécessité et pour nous, de ne pas être seulement un pays du business et un pays qui finalement au nom du business abandonne, mais sous le boisseau, sa réputation qui devient de moins en moins justifiée, de pays des droits de lhomme.