Par Daniel Hannan
The Daily Telegraph – Une des nombreuses conséquences tragiques de la guerre en Irak, c’est qu’elle a rendu plus difficile d’agir contre l’Iran. La proximité géographique et alphabétique des deux pays nous tente à faire de fausses comparaisons. On se dit : regardez la pagaille que les néo-conservateurs ont causé en Irak. On ne va sûrement pas laisser ces andouilles faire la même erreur stratégique contre l’Iran. Vous n’entendez pas non plus cet argument dans la bouche détudiants échevelés.
Mohammed El-Baradei, qui dirige l’Agence internationale de l’énergie atomique, dit que l’Irak devrait servir d’avertissement à ceux qui veulent ce genre de politique contre Téhéran.
Bien ! Je ne suis pas néo-conservateur. J’étais le seul éditorialiste de ce journal à avoir argumenté contre la guerre en Irak. Je me suis opposé à l’invasion parce que je ne croyais pas que Saddam possédait un programme d’armement. Quand il s’agit de l’Iran, cependant, il ne fait aucun doute que le régime développe une capacité nucléaire et qu’il a le vecteur : des missiles Chahab-3 d’une portée de 2400 km.
Il ne peut y avoir non plus beaucoup de doute sur le fait que les ayatollahs veulent la bombe pour l’utiliser. Regardez, après tout, ce qu’ils sont déjà entrain de faire. Ils ont armé des milices aussi loin que le Balkans, le Caucase et la vieille Route de la soie des Khanates.
Ils ont fourni des roquettes à leurs agents libanais du Hezbollah. Ils ont été impliqués dans un attentat contre un centre de la communauté juive en Argentine.
Pouvons-nous vraiment être surs que, s’ils avaient la technologie, ils n’armeraient pas certaines de ces bombes avec des têtes nucléaires?
C’est la bombe de Buenos Aires que je trouve la plus intéressante. Quel intérêt stratégique les mollahs pourraient-ils avoir en Argentine? La réponse, sûrement, c’est que l’éloignement en soi de la cible l’a rendue attirante : Téhéran affichait sa capacité de frapper partout où il le voulait. C’est ce qui rend une bombe iranienne si effrayante : nous n’avons pas affaire, comme pendant la Guerre froide, à un régime avec des objectifs rationnels. Les ayatollahs jouent avec des règles différentes.
Ils l’ont fait savoir avec le tout premier acte de leur révolution : la prise de l’ambassade des Etats-Unis. L’inviolabilité du personnel diplomatique est la base de toutes les relations internationales. Même pendant la Deuxième Guerre mondiale, quand des idéologies mutuellement antagoniques ont lutté pour s’éliminer l’une l’autre, le personnel des légations avait été paisiblement évacué par des Etats neutres. En violant ce principe, les mollahs envoyaient un signal délibéré : vos notions de juridiction territoriale ne signifient rien pour nous ; nous reconnaissons une autorité supérieure à la vôtre.
Ils y ont échappé, là aussi. Même tandis que le personnel de l’ambassade amércaine était détenu en otage, la mission iranienne à Londres a été prise. Nous avons envoyé le SAS, nous avons repris le bâtiment et l’avons rendu à Téhéran avec un chèque pour couvrir les dégâts.
Les ayatollahs ont conclu qu’ils pourraient y arriver des deux manières, se voir accorder les privilèges d’un état souverain sans devoir rendre la pareille.
Cela a tracé le modèle de ce qui allait suivre. L’Iran n’a jamais montré beaucoup de respect pour la souveraineté des Etats.
Comme tous les régimes révolutionnaires, il a débordé derrière ses frontières, cherchant à se reproduire ailleurs. Il a cherché, en particulier, à radicaliser ses coreligionnaires dans le monde arabe, incitant le Roi Abdollah de Jordanie à mettre en garde contre un "croissant chi’ite" allant du Liban à la Syrie, de la Turquie à l’Iran en passant par les monarchies du Golfe.
Cependant notre réponse – et par "notre", je veux dire celle de l’Union européenne — a été de suivre une politique "d’engagement constructif" dans l’espoir de faire reculer les mollahs de leurs ambitions nucléaires. À son crédit, même Jack Straw, qui était l’agent le plus visible de cette politique et qui a pendant quelques temps semblé être à Téhéran toutes les quinze jours, reconnaît aujourd’hui son échec.
Alors, qu’elle est l’alternative ? Eh bien, entre la politique actuelle qui tente de cajoler les Chinois pour nous laisser passer des résolutions à l’ONU et l’option d’une action militaire directe, il y a plusieurs étapes d’escalade. D’abord, il y a l’isolement économique.
Par cela, je ne veux pas parler du refus d’investir de quelques compagnies occidentales, ce qui se fait déjà ; je veux parler de sanctions appropriées. L’UE est aisément le plus grand partenaire commercial de l’Iran et, comme Malcolm Rifkind l’a souligné, beaucoup de ce commerce est assuré par des garanties de crédit à l’exportation. Des sanctions appropriées devraient inclure la saisie d’avoirs, le gel de comptes et des interdictions de voyage.
Il y a ensuite l’option de soutenir une opposition interne : quelque chose les Iraniens adorent faire dans d’autres pays.
Une des concessions les plus stupides que nous ayons faites aux ayatollahs lors de notre "engagement constructif" a été de décider que la branche militaire du principal groupe d’opposition, le Conseil national de Résistance en Iran, était une organisation terroriste. Enlever cette étiquette de ce groupe – les Moudjahidine du peuple d’Iran – et la coller à la place aux ayatollahs pourrait indiquer que nous sommes sérieux.
Il y a beaucoup d’Iraniens mécontents. Il y a les monarchistes, les laïcs, les socialistes et les étudiants.
Il y a les Sunnites, à qui l’on ne permet même pas de construire une mosquée à Téhéran. Il y a les minorités nationales, y compris les Azeris et les Arabes, avec fort peu d’amour pour l’Etat persan. Nous pourrions faire beaucoup plus pour soutenir les groupes d’opposition démocratiques, comme nous l’avons fait dans les territoires soviétiques autrefois.
En dernier ressort, si rien d’autre ne marche, nous pourrions appliquer une sorte de siège armé total avec des zones d’interdiction de survol et des raids aériens ciblés, comme pour l’Irak entre les deux guerres. Notre présence en Irak et en Afghanistan a supprimé deux pouvoirs anti-chi’ites des flancs de l’Iran; mais nous avons maintenant des bases d’où nous pouvons nous déployer in extremis.
Avant que vous ne vous plaigniez de l’escalade, considérez les conséquences dencore plus de non-escalade.
Les Iraniens ont été impliqués dans des attentats terroristes contre des intérêts Occidentaux.
Ils y ont échappé, et ils ont donc commencé à soutenir les milices anti-britanniques à Bassora. Quand ils ont échappé à cela aussi, ils sont allés un pas plus loin et ont kidnappé nos marins.
Quelle que soit la définition, l’utilisation de la force contre des militaires britanniques en uniforme en patrouille sur le territoire d’un Etat allié est un acte de guerre, mais là aussi les mollahs ont échappé à la moindre conséquence.
A présent, nos soldats dans le Helmand se plaignent que l’Iran arme les Taliban. Notre non-escalade, en d’autre terme, a beaucoup encouragé l’escalade des ayatollahs. Pouvez-vous être vraiment sûrs que, s’ils avaient la Bombe, ils pourraient ne pas l’utiliser ?