jeudi, mars 28, 2024
AccueilActualitésActualités: Iran & MondeL'Iran toujours plus dangereux

L’Iran toujours plus dangereux

ImageL’éditorial d’Yves Thréard.

Le Figaro – On voit de moins en moins ce qui pourrait inciter l’Iran à arrêter sa course vers l’arme nucléaire. Alors que la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne viennent de déposer à l’ONU un projet de résolution pour sanctionner le régime des mollahs, ce dernier continue ses travaux d’apprenti sorcier.

L’existence de nouvelles installations en vue d’augmenter sa production d’uranium enrichi a été révélée hier. La coïncidence de calendrier n’est pas fortuite, car Téhéran cultive la provocation comme une autre forme de diplomatie, destinée à mettre ses interlocuteurs toujours plus dans l’embarras. Et il n’y a pas de raison pour que cela cesse dans l’immédiat.
 

Les cinq membres permanents des Nations unies ne parviennent pas à présenter un front uni. Si Londres et Paris, avec l’appui de Berlin, ont longtemps sorti la carte du dialogue, avant de durcir le ton, Washington a souvent changé de pied. Engagé dans les travaux de la centrale iranienne de Bushehr pour près d’un milliard de dollars, Moscou protège ses intérêts. Quant à Pékin, il joue sa propre partition.

Le récent essai atomique nord-coréen aurait pu changer la donne. Et finir par convaincre les grands de ce monde de la nécessité de s’unir contre la prolifération nucléaire, d’où qu’elle vienne. Après tout, leur puissance, leur influence sont en jeu.
 

Des sanctions, mesurées, ont été décidées contre Pyongyang, mais Kim Jong-il menace de rééditer l’expérience à tout instant. L’Iran, de son côté, sait qu’il dispose de l’arme redoutable du pétrole en retour. Les deux États « voyous » n’hésiteront pas à aller jusqu’à la confrontation. L’Europe n’en a pas la force. Les États-Unis sont engagés sur suffisamment d’autres fronts, la Russie aussi. La Chine ménage ses alliances.

C’est dire si de nouvelles règles diplomatiques, de nouveaux moyens de pression doivent être trouvés. D’autant que le traité de non-prolifération nucléaire fait, chaque jour davantage depuis son entrée en vigueur en 1970, la preuve de son inefficacité. Comment refuser aux États aspirant à la bombe ce que l’on autorise à d’autres, comme l’Inde et Israël, pourtant non signataires du TNP ? Y aurait-il deux poids, deux mesures, au gré d’intérêts géostratégiques ? Même les comptes rendus de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) sont parfois bafoués, comme par les États-Unis avant la guerre en Irak.
 

Sans doute le danger vient-il moins aujourd’hui des capacités militaires d’un pays que de la nature du régime qui les entretient. Même s’il convient de prévenir le développement des armes de destruction massive, les efforts doivent se concentrer sur l’affaiblissement, la mise en minorité, de l’intérieur, des gouvernements belliqueux. Sous le couvert d’idéologies incertaines, l’Iran comme la Corée du Nord agitent en permanence le spectre de la guerre, pour toujours plus affirmer leur raison d’être et mieux tenir leur peuple en respect.