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L’Iran et le prochain président des Etats-Unis : tracer une nouvelle politique

 Par Alireza Jafarzadeh

Fox News, 4 novembre – Le 4 novembre Américains vont tracer une nouvelle voie, indépendamment de qui gagnera la Maison Blanche. Le changement est à l'horizon, comme une multitude de défis de politique étrangère, peut-être le principal sera la manière de traiter avec le régime des ayatollahs en Iran.

La prochaine administration devra faire face à la quête de Téhéran pour l'arme nucléaire, la subversion et le terrorisme en Irak, ainsi que ses visées régionales. Le caractère immédiat de ces défis de politique étrangère suggère que l'administration actuelle devrait également les traiter de manière responsable, même dans ses derniers jours.

Bien que la crise économique ait estompé le paysage politique des États-Unis ces dernières semaines, de vives discussions sur une politique iranienne efficace ont fait des incursions dans le débat présidentiel. Les conséquences globales d’un régime théocratique doté d’une arme nucléaire, avec une idéologie extrémiste et expansionniste n’ont été ignorées de personne, et les deux candidats ont déclaré publiquement qu'ils ne toléreront pas de régime en Iran doté de l’arme nucléaire. C’est le point le plus fondamental du tracé d'une nouvelle politique en Iran.

D’autres piliers d'une nouvelle politique de l'Iran doivent être édifiés en fonction des dures leçons du passé. Après trois décennies face à un régime pro-terroriste en Iran, il est évident que le système au pouvoir (avec toutes ses factions) tend vers l’expansion du Velayat-e-Faghih au-delà de ses frontières. Il s’appuie pour cela sur les armes de destruction massive et le terrorisme.

Il est également que le régime du Velayat-e-Faghih en Iran est politiquement et intrinsèquement incapable de changer de comportement comme le demande le monde libre. Les lignes rouges stratégiques des ayatollahs sont tracées sur la perspective unique de leur propre sauvegarde. Ils savent, même si l'Occident ne le sait pas, qu'ils ne peuvent pas prospérer en agissant comme un Etat normal ; leur survie dépendant d’un état de crise permanent.

En termes pratiques, cela se traduit par un appareil multiple de répression interne, une quête sans faille d’armes nucléaires et un effort sans relâche pour établir un Etat inféodé en Irak. Ces intérêts stratégiques sont fondamentalement en contradiction avec les institutions internationales et les intérêts régionaux. Néanmoins, tout compromis par Téhéran équivaut à une capitulation, et ce sont des lignes rouges qui ne peuvent être franchies.

Et c’est ainsi que nous atteignons le cœur de la question : Est-ce que le monde libre doit capituler devant les caprices d’un régime théocratique de plus en plus isolé, en guerre contre son propre peuple et le monde extérieur ? Ou, si c’est le contraire, comment le régime des ayatollahs peut-il être contraint à franchir ses lignes rouges ?

Bien qu’elles soient manifestement le moyen le plus souhaitable de résoudre les conflits internationaux, les négociations se sont maintes fois avérées futiles dans le cas de Téhéran.

Les administrations américaines successives et leurs alliés européens ont suivi cette voie, pour aboutir à chaque fois dans une impasse. Un coup d'œil sur l'histoire des relations américano-iranienne depuis 1979 révèle plusieurs tentatives de négociation, sans doute bien intentionnée – directes, indirectes, unilatérales, multilatérales, privées, publiques, sous conditions, et sans condition. Elles ont toutes échoué, et le régime théocratique est devenu plus arrogant dans son comportement et ses demandes. Plus important encore, chaque tentative a renforcé le point de vue des ayatollahs comme quoi, finalement, Washington et ses alliés reviendront avec davantage de mesures incitatives et un empressement renouvelé de négocier.

Le 9 octobre 2008, La Voix de l'Amérique citait le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, disant que depuis 1979, chaque administration américaine avait tendu la main aux dirigeants iraniens, d'une manière ou d'une autre, et chacune avait échoué. M. Gates notait qu’ « en réalité, la direction iranienne a toujours été inflexible sur une très longue période de temps en réponse aux ouvertures répétées des États-Unis pour avoir de meilleures relations et d’un type différent. »

La futilité de ces négociations s’est aggravée en 1997 avec l’inscription sur la liste noire de la principale opposition iranienne, les Moudjahidine du peuple (OMPI) comme une mesure incitative pour les ayatollahs. Selon de nombreux experts du Moyen-Orient, c'est la seule opposition que les mollahs considèrent comme une menace à leur survie.

Ce n'est que lorsque le peuple iranien aura la possibilité de former un gouvernement démocratique, laïc et non nucléaire que l'Iran retournera à un état "normal". Le peuple iranien a une histoire de révolte contre les despotes de divers acabits. Il a aussi un mouvement de résistance nationale – bien qu’enchaîné par les États-Unis et l'Union européenne – au cœur d'un désir populaire croissant pour un changement démocratique.

Le 23 octobre 2008,  le tribunal de première instance des Communautés européennes siégeant à Luxembourg a annulé l’inscription de l’OMPI par l’UE sur la liste noire. La décision est la dernière en date d'une série de verdicts favorables, et coïncide avec l'examen en cours du statut du groupe par le Département d'État américain, qui devrait être achevé avant la mi-janvier 2009.

Le Wall Street Journal a indiqué que la décision « attise les accusations comme quoi le Bloc s’est servi de sa liste terroriste pour satisfaire le gouvernement iranien », parce que « l'Iran a fait de la classification internationale comme terroriste de l’OMPI une priorité diplomatique ». Le New York Times a ajouté que «le groupe est considéré comme potentiellement le plus important dans la force de la résistance iranienne ».

Maintenant que plusieurs tribunaux ont rendu leur jugement, de nombreux membres du Congrès ont déclaré qu'il n'y avait pas de base juridique à continuer de maintenir sur la liste noire la principale opposition de l’Iran. Dans le même temps, Téhéran a intensifié sa quête aux armes nucléaires, ses interventions violentes en Irak et sa répression interne de la population.

L'administration Bush devrait renforcer la pression sur le Conseil de sécurité des Nations unies avec de nouvelles sanctions visant la structure financière, nucléaire et terroriste du régime et lutter contre l'influence de Téhéran en Irak, et tendre la main au peuple iranien, en retirant le principal groupe d'opposition de sa liste noire.

Quant à la prochaine administration, elle devra effectuer des corrections attendues depuis bien longtemps et regarder vers le peuple iranien et son opposition démocratique comme un partenaire dans la recherche de la stabilité et de la tranquillité dans la région, tout comme les Iraniens recherchent le changement démocratique pour leur pays.