vendredi, mars 29, 2024
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Les Iraniens ont peur d’avoir peur

The Washington Times  –   De Nir Boms et Reza Bulorchi –  Suite à deux décennies de mensonges par Téhéran et trois années de faux espoirs de la communauté internationale, le dossier nucléaire de Téhéran a finalement été confié au Conseil de Sécurité. Pendant ce temps, la « mollahcratie » de Téhéran se prépare pour la prochaine phase de ce conflit international.

Les Iraniens ont peur d'avoir peurThe Washington Times  –   De Nir Boms et Reza Bulorchi –  Suite à deux décennies de mensonges par Téhéran et trois années de faux espoirs de la communauté internationale, le dossier nucléaire de Téhéran a finalement été confié au Conseil de Sécurité. Pendant ce temps, la « mollahcratie » de Téhéran se prépare pour la prochaine phase de ce conflit international.

Le même jour, Téhéran a déclaré : « la proposition russe ne fait plus partie de notre programme ». Le Sunday Telegraph a rapporté que l’Iran avait construit secrètement un centre de commande d’urgence souterrain dans le nord de Téhéran pour « se préparer contre une confrontation avec l’Occident en raison de son programme nucléaire illicite ».

L’hodjatoleslam Mohsen Gharavian, disciple de l’ayatollah ultraconservateur Mesbah Yazdi, aurait en février approuvé le recours aux armes atomiques contre les « ennemis de l’Islam ». Pendant ce temps, la partie loyale et craintive du régime théocratique se mobilise pour mener des manifestations devant les ambassades européennes et les sites nucléaires afin de donner l’apparence d’une légitimité nationale.

Les ambitions nucléaires des mollahs rendent sans doute les Iraniens furieux, mais pour des raisons vraiment éloignées de ce que les mollahs pourraient admettre.

Pendant des années, les mollahs se sont avérés être les plus grands ennemis des Iraniens. Le régime a mené des exécutions sommaires de milliers de prisonniers politiques lors du massacre de 1988 qui a suivi une fatwa émise par l’ayatollah Khomeiny. Même les détenues enceintes n’ont pas été épargnées. L’année dernière, Mohammad Abbaspour, membre de la commission sociale du parlement iranien, a déclaré : «Aujourd’hui, 90 % de la population  vivent sous du seuil de pauvreté ». La dette étrangère a atteint presque 30 % du PNB. Des milliers d’Iraniens vendent leurs reins pour pouvoir joindre les deux bouts. Certaines familles vendent leurs filles à des trafiquants d’êtres humains. Le flux important des revenus croissants du pétrole en Iran ne sert qu’à financer un gigantesque programme d’armes de destruction massive qui présentent de nombreux aspects, ainsi qu’une infrastructure grandissante de la terreur à travers le Moyen-Orient.

En effet, la vaste majorité des Iraniens sont opposés aux ambitions nucléaires du régime théocratique qui poussent un peu plus leur pays vers le conflit militaire. Un rapport interne classifié rédigé par un centre de sondages d’Etat aurait conclu que seulement 31 % des Iraniens considéraient le programme nucléaire comme un projet « national ». Le rapport ajoute que 86 % des Iraniens pensent que l’énergie nucléaire ne vaut pas la peine d’entrer en guerre.

Chose plus importante cependant, les Iraniens font leur possible pour faire avorter les programme d’armes nucléaires des mollahs. Tandis que les imageries satellites et les inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont contribué à se faire une idée de l’étendue des ambitions nucléaires de l’Iran, c’est l’opposition iranienne qui a joué un rôle fondamental en exposant les secrets nucléaires des mollahs. Le Conseil national de la Résistance iranienne, grande coalition de l’opposition, a révélé en août 2002 que Téhéran construisait deux nouveaux sites nucléaires secrets dans les villes d’Arak et de Natanz. En février 2003, l’Iran a admis l’existence de deux sites, événement qui a débouché sur la résolution de l’AIEA de renvoyer l’Iran devant le Conseil de Sécurité de l’ONU.

Il est devenu de plus en plus difficile pour les mollahs de présenter leur désir de nucléaire comme un programme « iranien » alors que l’opposition est au centre de la campagne qui s’y oppose. Et pour contrer l’opposition, les mollahs ont choisi la voie habituelle. Quelques jours avant la réunion de l’AIEA, les responsables des prisons ont annoncé que si le dossier nucléaire était renvoyé au Conseil de Sécurité, ils passeraient leur colère sur les prisonniers politiques.

Et cette menace est devenue une réalité effrayante juste le lendemain du vote de l’AIEA. Hodjat Zamani, 31 ans, prisonnier politique et membre de l’OMPI (qui fait partie de la coalition de l’opposition), a été délogé de sa cellule par les gardiens de la prison et pendu à l’aube le 7 février, selon Amnesty International. D’autres prisonniers risquent le même sort.

Le cas de Zamani montre que le désir de l’Iran de se procurer des armes nucléaires n’est que l’envers de sa campagne de répression dans le pays. Depuis le début de l’année seulement, plus de 30 individus ont été exécutés, un grand nombre en public, ou condamnés à mort. La grève audacieuse des employés des transports de Téhéran a été réprimée dans la violence, comme l’a été la résistance pacifique mais rebelle de plusieurs milliers de musulmans soufis la semaine dernière. De plus, Elham Afroten, une journaliste de 20 ans, serait incarcérée depuis le 23 janvier et maltraitée pour avoir soi-disant publié un article satirique comparant l’ayatollah Khomeiny au virus du SIDA.

La théocratie de l’Iran ferait n’importe quoi pour faire naître la peur ; c’est pourquoi elle ne recule devant rien pour accéder au nucléaire. Et lorsqu’elle y parviendra, on peut facilement imaginer ce que ferait aux citoyens du monde « infidèle » un régime qui se soucie aussi peu de son propre peuple. Pour le bien du monde et pour le bien de la population iranienne, les mollahs ne doivent pas avoir la possibilité de choisir le nucléaire.

La plus grande raffinerie de pétrole au Japon, Nippon Oil, a annoncé la semaine dernière qu’elle réduirait les importations de pétrole iranien de 15 % cette année, ce qui est vu comme une précaution au cas où le conflit nucléaire prendrait de l’ampleur et mettrait l’industrie pétrolière en danger.

Nir Boms est le vice-président du Centre pour la Liberté au Moyen Orient. Reza Bulorchi est le directeur exécutif de l’Alliance pour un Iran démocratique, aux Etats-Unis.