jeudi, mars 28, 2024
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Le faucon iranien s’abat sur les universités pour supprimer l’opposition

Le faucon iranien s’abat sur les universités pour supprimer l’oppositionDe Robert Tait à Téhéran

The Guardian – Le président Mahmoud Ahmadinejad sévit contre les universités iraniennes afin d’écraser un mouvement étudiant pro-démocratique et renforcer la mainmise des radicaux sur le pouvoir. Les leaders étudiants activistes ont été jetés en prison ou expulsés des universités et des enseignants ont été renvoyés, alors que le gouvernement propose de soumettre les universitaires à des mesures religieuses strictes.

 

Les autorités ont également débuté un programme d’inhumation de corps de soldats inconnus dans les campus, initiative considérée par les leaders étudiants comme une tentative à peine voilée de faire rentrer des extrémistes religieux dans les universités sous prétexte de mener des « cérémonies de martyre ». Les étudiants craignent qu’une telle présence ait pour objectif de réprimer violemment leurs activités.

Récemment, des étudiants de l’Université Charif à Téhéran ont été attaqués par des membres du Bassidj en civil (miliciens religieux) alors qu’ils tentaient d’empêcher les funérailles à l’intérieur de la mosquée du campus de trois soldats morts pendant la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988, mais en vain. L’incident a eu lieu sous la surveillance de Mehrdad Bazrpash, proche conseiller de M. Ahmadinejad et ancien leader du Bassidj.

Cet événement est survenu en réponse à la série de discours prononcés par M. Ahmadinejad, ancien professeur d’université, qui a mis l’accent sur la nécessité du « martyre » dans la confrontation entre l’Iran et l’Occident concernant son programme nucléaire.

Les leaders étudiants estiment qu’il s’agit d’une prise de contrôle des universités par les forces ultraconservatrices de M. Ahmadinejad. Les campus constituaient le foyer du mouvement pro-démocratique pendant le mandat présidentiel de l’ancien leader réformiste, Mohammad Khatami. « Ils veulent le contrôle absolu sur toutes les universités, qui ont toujours eu une influence importante sur l’atmosphère sociale et politique et qui soutiennent en général la démocratie plutôt que les forces autoritaires », a déclaré Abdollah Momeni, activiste qui fait appel contre une sentence de cinq ans d’emprisonnement pour avoir mené une manifestation étudiante.

« En enterrant les martyres sur les campus, ils ouvrent la porte aux milices armées et ajoutent les universités à leur fief. »

D’autres activistes ont dû stopper leurs études après l’intervention des services de renseignements iraniens. Les étudiants affirment également qu’on leur interdit toutes activités politiques mineures qui étaient autorisées pendant le mandat de M. Khatami.

La purge s’est étendue aux universitaires et aux administrateurs des universités. Un enseignant en sciences politiques a été renvoyé en raison de son appartenance à un groupe militant pour les droits humains.

Le président de l’Université des sciences et de l’industrie de Téhéran a démissionné pour protester contre l’interférence du gouvernement. On reproche aussi à M. Ahmadinejad de supprimer la pratique établie de nomination des présidents et des directeurs des facultés parmi les membres du personnel et d’imposer à la place ses hommes de confiance. Un religieux radical s’est vu récemment offrir le poste de  président de l’Université de Téhéran.