vendredi, mars 29, 2024

La dure réalité en Iran

Par Fouad Al-Obaid

Kuwait Times – Depuis la montée au pouvoir de ce que l’on considère comme des dirigeants religieux conservateurs, l’Etat islamique de l’Iran fait face à de nombreux problèmes. Son ambition de développer sa propre énergie nucléaire, dont il prétend qu’elle est destinée à un usage pacifique (la question est toujours débattue), est autant confrontée à des pressions externes qu’internes.

La question que beaucoup d’observateurs se posent sur le dossier nucléaire est de savoir si l’Iran est sérieux dans son désir de réduire sa dépendance au pétrole (qui est aujourd’hui, plus que jamais, la veine jugulaire de l’Iran et la source principale de liquidités) ou si c’est une tentative de retrouver sa place dans la région et finalement de jouer un rôle actif dans les affaires des Etats voisins.

On peut comprendre que l’Iran veuille diversifier sa source d’énergie en exportant davantage de pétrole. La question avec son ambition nucléaire c’est que quand les objectifs ne sont pas très clairs, quand la direction extérieure n’apparaît ni stable, ni raisonnable et quand il y a un sentiment sincère d’inquiétude parmi les puissances régionales, il ne s’agit plus d’une question de sécurité d’énergie, plutôt de stabilité régionale.

Il est inutile de mentionner que les crises nucléaires ne sont pas aussi importantes pour sa propre population que la pénurie actuelle de carburant qui crée la tension intérieure. Et cela vient s’ajouter à sa jeunesse, qui constitue une grande partie de la population et qui pour beaucoup n’a pas connu d’autre vie que celle de la révolution islamique. Avec un sens clairement limité des libertés et un  taux de chômage exceptionnellement élevé parmi les jeunes aux environs de 52 pour cent, les statistiques rappelleraient la vraie raison pour laquelle la direction de la République islamique insiste sur la question nucléaire,  alors qu’elle a clairement des questions beaucoup plus urgentes à régler.

Avec ces statistiques, on peut seulement mettre en doute la validité ou la lucidité de la direction iranienne pour s’engager dans un programme qui lui coûte clairement sa crédibilité parmi les grandes puissances et désillusionne ses propres citoyens alors que les promesses ne se réalisent pas. Je ne suis pas d’Iran et je n’y suis jamais allé, cependant j’ai appris dans les livres et les documentaires que l’Iran est une grande nation, qui a traversé les ages et une civilisation qui dure depuis des millénaires.

L’Empire persan était un grand empire qui s’est étendu de la Méditerranée au golfe Perso Arabique. C’était certainement la patrie de grands poètes, de savants, d’intellectuels et de découvreurs. On comprend pourquoi il essaie de regagner un peu de son prestige perdu.

Cependant il devrait se rendre compte que dans la structure du monde moderne, la souveraineté d’un pays est rarement violable. De plus dans l’éventualité d’une agression, la communauté mondiale ne resterait certainement pas silencieuse, particulièrement quand il s’agit d’une région explosive comme le Moyen-Orient aujourd’hui.

L’envoi d’un autre porte-avion américain porte le total dans le Golfe à trois, et des informations sont diffusées comme quoi les Etats-Unis voient dans  l’action militaire un moyen de dissuader et d’empêcher l’Iran de développer pleinement son potentiel nucléaire par crainte de le voir produire des armes nucléaires. Cela vient s’ajouter aux capacités de missiles balistiques de l’Iran (bien qu’il ait toujours une portée ICBM limitée, il est toutefois capable de toucher des cibles dans son voisinage, y compris Israël). La situation à laquelle nous faisons face aujourd’hui est un véritable casse-tête, car si les USA ne veulent prendre des mesures, il est possible qu’Israël le fasse.

Si c’est le cas, cela créerait une situation où le résultat d’un tel conflit est au mieux encore obscur. Car les dégâts éventuels pourraient provoquer l’Armageddon de la région si des armes nucléaires étaient engagées.

J’invite la population en Iran retrouver la raison. La guerre n’est pas une solution, souvenez-vous des huit années de guerre et de leurs conséquences. Quant aux dirigeants, menacer des pays est une façon bon marché de distraire la population des véritables problèmes, qui sont internes. Peu importe combien vous voudrez blâmer de facteurs externes, la situation tendue se retournera sans aucun doute contre vous à long terme.