France 3, 16 octobre – Deux Iraniens sont jugés aujourdhui pour provocation au suicide. Ils sont accusés davoir encouragé une militante des moudjahidine du peuple à simmoler par le feu en 2003, dans la capitale. Cette femme était décédée des suites de ses blessures. Elle protestait à larrestation en France de dizaines dopposants au régime de Téhéran, dont leur présidente Maryam Radjavi.
Cette torche humaine, cest Marzieh Babakhani qui vient de simmoler devant les locaux de la DST. Elle restera six mois dans le coma, elle va survivre à son acte. Mais sa mère et sa sur, elles, ne le savent pas encore. Quand nous les rencontrons quelques semaines après limmolation à Achraf, à 150 km au nord-est de Bagdad. Dans ce camp de larmée de libération nationale, la branche armée de la résistance iranienne, ces deux femmes espèrent quelle ne mourra pas.
Mme Babkhani mère: « Je le dis avec des mots simples. Jai la douleur dans le cur, parce que je suis une mère. Je nai pas de larmes, mais au plus profond de moi, je pleure.
La sur de Marzieh Babakhani : « je ne crois pas que limmolation soit une réponse, si ma soeur la fait, cest quelle était désespérée. »
Marzieh Babakhani, la voilà. Quatre ans après, cette femme souffre encore mais ne regrette rien. Pour cette fervente musulmane, parler de suicide est une insulte. Avant daccomplir son geste, elle a surtout prié pour les siens tués par le régime de Téhéran.
Marzieh Babakhani : « A cet instant jai pensé à tous mes amis exécutés par le régime des mollahs, à mes deux frères qui ont été exécutés, à mon père qui a été torturé. Jai pensé au combat de 30 ans de résistance piétinés par la police française, tout cela a défilé comme un film devant mes yeux. »
Aujourdhui, Marzieh Babakhani est témoin au procès avec cet autre immolé, un allemand. Cest paradoxalement lavocat des deux iraniens jugés pour provocation au suicide qui les a fait venir. Laccusation na pas estimé utile de les citer à comparaître.
Me Cohen-Seban : « Je ne supporte pas quon vienne dire dun résistant quil est un sectaire, je ne supporte pas quon vienne dire de quelquun qui est courageux, qui a mis sa vie dans la balance, quil est un veau quon veut envoyer à labattoir. Parce venir dire quon la incité au suicide, cest venir lui enlever son cerveau, cest lui enlever son libre arbitre. »
Laffaire des immolés est jugée en ce moment au tribunal correctionnel de Paris. Loccasion pour la défense, dévoquer laffaire principale, celle de terrorisme, ayant motivé la rafle dAuvers-sur-Oise en 2003.