CNRI – Amnesty International a fait paraître cet appel en faveur de sept femmes en Iran menacées de lapidation.
MDE 13/113/2006
Parisa (f), Iran (f), Khayrieh (f) (Amnesty International connaît lidentité complète de ces femmes), Shamameh Ghorbani (alias Malek) (f), Kobra Najjar (f), 44 ans, Soghra Molai (f), Fatemeh (f)
Les femmes nommées ci-dessus risquent dêtre lapidées jusquà ce que mort sensuive.
Parisa a été arrêtée en avril 2004 alors quelle se prostituait à Chiraz, une ville du sud de lIran. Lors des investigations préliminaires, elle a « avoué » sêtre rendue coupable dadultère, expliquant que son mari lavait forcée à se prostituer parce que leur famille était pauvre. Lors de son procès, en juin 2004, Parisa est revenue sur ses déclarations. Or, le 21 juin 2004, la 5e chambre du tribunal pénal de la province du Fars la déclarée coupable dadultère et condamnée à la mort par lapidation. La 32e chambre de la Cour suprême a confirmé cette peine le 15 novembre 2005. Son dossier est actuellement réexaminé par la Cour suprême. Parisa est détenue dans la prison dAdelabad à Chiraz.
Iran, membre du clan Bakhtiari de la minorité arabe ahwazie, aurait été attaquée par son mari, armé dun couteau, tandis quelle parlait avec le fils dun voisin dans la cour de sa maison. Elle a été sauvagement battue et abandonnée à même le sol, en sang et inconsciente. Avant quelle ne reprenne connaissance, lhomme aurait tué son mari avec son propre couteau. Lors dun interrogatoire mené dans le cadre de lenquête sur le meurtre de son mari, Iran aurait « avoué » à la police quelle sétait rendue coupable dadultère avec le fils de son voisin. Elle sest cependant rétractée par la suite. Un tribunal dune ville du Khuzestan la condamnée à cinq années demprisonnement pour complicité de meurtre et à la mort par lapidation pour adultère. Cette décision a été confirmée par la Cour suprême en avril 2006. Lavocat dIran a formé un recours contre sa condamnation. Cette femme est actuellement détenue dans la prison de Sepidar, à Ahvaz.
Khayrieh, issue de la minorité arabe ahwazie, aurait été victime de violences domestiques de la part de son mari. Elle avait apparemment une liaison avec un proche de celui-ci, qui aurait assassiné son mari. La 3e chambre du tribunal de Behbahan, dans le Khuzestan (sud-ouest de lIran), la condamnée à la peine capitale pour complicité de meurtre, et à la lapidation jusquà ce que mort sensuive pour adultère. Bien quelle ait reconnu ladultère, Khayrieh a nié toute implication dans le meurtre de son mari. Sa peine a été confirmée et son dossier aurait été soumis au responsable du pouvoir judiciaire afin quil autorise lexécution. Khayrieh a déclaré : « Je veux bien quils me pendent, mais pas quils me lapident. Lorsquils tétranglent, tu meurs [quasi-instantanément], mais il est très difficile de recevoir une pierre à la tête. »
Shamameh Ghorbani ( alias Malek), arrêtée en juin 2005, a été condamnée à la mort par lapidation en juin 2006, par un tribunal dOrumiyeh qui la déclarée coupable dadultère. Certaines sources indiquent quelle est détenue dans la prison dOrumiyeh. Ses frères et son époux auraient assassiné un homme quils avaient trouvé chez elle et lauraient frappée à coups de couteau, au point quelle a échappé de peu à la mort. Le dossier de Shamameh Ghorbani ferait actuellement lobjet dun réexamen.
Kobra Najjar, actuellement détenue dans la prison de Tabriz (nord-ouest de lIran), risque dêtre exécutée très prochainement. Elle a été condamnée à huit ans demprisonnement pour complicité dans le meurtre de son mari, ainsi quà la mort par lapidation pour adultère. Elle devait être exécutée après avoir purgé sa peine, cest à dire il y a deux ans. Kobra Najjar aurait écrit à la Commission judiciaire des grâces afin que sa condamnation à la mort par lapidation soit commuée ; aujourdhui, elle attend la réponse de cette instance. Son mari, un héroïnomane qui se livrait à des violences sur elle, laurait forcée à se prostituer. En 1995, après quil leut sauvagement battue, elle a fait part de son projet de tuer son époux à un de ses clients réguliers. Kobra Najjar se serait entendue avec celui-ci pour conduire son mari à un endroit précis, où lhomme laurait tué. Il a été condamné à mort mais a obtenu le pardon de la famille de la victime après lui avoir versé la diya (prix du sang).
Soghra Molai a été condamnée à quinze ans demprisonnement pour complicité dans le meurtre de son mari, Abdollah, tué en janvier 2004, ainsi quà la mort par lapidation pour adultère. Lors dun interrogatoire, elle a déclaré : « Mon époux ne cessait de me tourmenter. Mais je nai jamais eu lintention de le tuer. Le soir où cela sest passé [ ] après quAlireza a tué mon mari, je me suis enfuie avec lui parce que je craignais que mes beaux-frères ne me tuent si je restais à la maison. » Alireza a été condamné à la peine capitale pour le meurtre du mari de Soghra Molai, ainsi quà recevoir 100 coups de fouet pour « relations illicites ». Ces condamnations sont en cours dexamen par la Cour suprême. Il y a lieu de penser que Soghra Molai est détenue dans la prison de Rajai Shahr, à Karaj, près de Téhéran.
En mai 2005, la 71e chambre du tribunal pénal de la province de Téhéran a condamné Fatemeh (Amnesty International ne connaît pas son nom de famille), en vertu du principe de qisas (« réparation ») pour complicité de meurtre, et prononcé la peine de mort par lapidation pour « relation illicite » avec un homme répondant au nom de Mahmoud. Son époux a été condamné à seize ans demprisonnement pour complicité dans le meurtre de Mahmoud. La Cour suprême a été saisie de cette affaire. Selon un article paru en mai 2005 dans le quotidien Etemad (Confiance), une querelle aurait éclaté entre Mahmoud et le mari de Fatemeh. Celle-ci aurait reconnu avoir serré une corde autour du cou de Mahmoud, provoquant lasphyxie. Selon ses déclarations, elle avait seulement lintention de lui attacher les mains et les chevilles une fois quil aurait perdu connaissance, afin de le livrer à la police.
INFORMATIONS GÉNÉRALES
Daprès les informations reçues par Amnesty International, deux autres femmes ont été condamnées à la mort par lapidation en Iran : Ashraf Kalhori (voir lAU 203/06, MDE 13/083/2006 du 27 juillet 2006, ainsi que sa mise à jour), et Hajieh Esmailvand (voir lAU 336/04, MDE 13/053/2004 du 16 décembre 2004 et sa mise à jour). Bien que le responsable du pouvoir judiciaire ait annoncé un moratoire sur les peines de lapidation en décembre 2002, certaines sources indiquent quun homme et une femme ont été lapidés à mort en mai 2006.
Amnesty International suppose que des professionnels de santé doivent être impliqués dans les lapidations, probablement en déterminant que la mort a suivi ce traitement cruel.