Opinion – Par Mohammad Amine
CNRI – Mohammad Amine, spécialiste de lIran qui collabore à de nombreux medias internationaux, a fait parvenir la réaction suivante :
A la veille de la conférence de Charm El-Cheikh en Egypte, les mollahs iraniens ont appelé à la reconnaissance de leur rôle hégémonique en Irak.
Le journal Keyhan (le seul journal en Iran dont le directeur est le représentant officiel du guide suprême et qui trace la stratégie politique du régime) dans son éditorial du 22 avril notait : Non seulement les Américains nont rien pu faire pour limiter nos opérations en Irak, mais les gouvernements iranien et irakien ont renforcé leurs pactes idéologique, politique et sécuritaire ».
Dans un article publié le 30 avril, Keyhan réaffirmait : Aucune garantie sur lavenir de lIrak ne réussira ou ne fonctionnera si lIran nen accepte les principes.
De manière inattendue, les journaux gouvernementaux ont publié le 27 avril un article du Washington Post dans son intégralité. Intitulé Signes de dégel printanier, les intérêts des deux parties dans les négociations Iran-USA larticle disait : La décision que des dirigeants iraniens prendront dans les semaines à venir sur la stratégie diplomatique déterminera le futur de lIran, ainsi que celui du Moyen-Orient ( ) Mais un processus de tractation est en route entre lIran et les USA. Cest devenu clair cette semaine, par le biais de deux canaux diplomatiques différents »
Pour rassurer les Iraniens, la Secrétaire dEtat Condoleezza Rice a choisi la démarche inhabituelle de désavouer tout plan américain de changement de régime : « Ce nétait pas la politique du gouvernement américain. La politique visait un changement de conduite du régime.
Il serait bon de savoir quelle information le régime religieux a trouvé intéressante pour avoir publié larticle du Washington Post dans son intégralité le jour suivant sa publication.
Pour Michael Ledeen, un analyste de lAmerican Enterprise Institute, lIran tue nos gars et la Secrétaire dEtat le prie de passer un bon marché avec nous. On dirait que nous avons promis aux Irakiens dexpulser lOMPI si les Iraniens venaient en Egypte et se montraient gentils avec Condi. (Je ne suis pas un fan de lOMPI, mais cette sorte de sacrifice préventif est épouvantable. (National Review Online, 26 avril)
Il semble que lauteur de cet article ait conclu quun accord avait été passé entre les USA et lIran sur la base des positions prises par les autorités américaines ces derniers jours.
Le 30 avril, Khalilzad, le nouvel ambassadeur américain aux Nations Unies, mentionnait que lIran joue un rôle significatif dans la stabilisation de lIrak ».
Les déclarations de Mme Rice sont encore plus intrigantes. Auparavant, en plusieurs occasions, elle avait assuré que négocier avec lIran était conditionné à sa suspension de lenrichissement de luranium. Ces derniers temps, elle sest montrée intéressée par une discussion avec le ministre des Affaires étrangères des mollahs sans condition préalable. En réalité, au lieu de vouloir un changement dattitude, les USA font preuve de flexibilité.
Les mollahs de Téhéran ont conclu que le changement de ton des occidentaux démontre quils ne font preuve de flexibilité que si on utilise le langage de la force et que le langage politique na aucun effet sur eux. (Ressalat, un des trois principaux quotidiens gouvernementaux, 29 avril 2007)
Le journal représentant officiellement les mollahs a énuméré des conditions à la négociation avec les Etats-Unis et lun dentre eux insiste sur lOMPI.
Le fait est que les mollahs iraniens voient dans lOMPI la menace la plus importante à leur existence. En réalité, la répression de lOMPI a toujours été leur première exigence vis-à-vis des gouvernements occidentaux.
En fait, lIran a besoin de gagner des points dans ses négociations avec lOccident afin de contenir la montée du mécontentement dans le pays.
Néanmoins, les religieux nabandonneront pas le programme nucléaire, leur ingérence en Irak et la répression interne quoi quils puissent obtenir dans leurs négociations.
Ceux qui font une distinction entre un changement de régime et un changement dattitude ignorent 28 ans dhistoire du régime iranien ou bien cherchent à rebaptiser la « complaisance » en « changement dattitude».
Le changement dattitude ne signifie pas forcer les mollahs à se brosser les dents, à sourire et à être polis. On parle ici de répression de la population iranienne, de domination de lIrak, dingérence et de terrorisme au Liban et de course obstinée à larme nucléaire. Sans ces attitudes-là, le régime de la « suprématie du religieux » (Velayat-e-Faghih) ne serait pas la théocratie que nous connaissons et se serait effondré.
Cest si clair que les dirigeants de la Résistance iranienne ont continuellement demandé aux parties internationales en présence de bien vouloir poursuivre sur cette voie et de négocier si seulement elles arrivent à pousser les mollahs à franchir un demi pas vers la dénonciation de lintégrisme, du terrorisme et de la répression interne.