Par Lara Mace
Bakchich.info – Bientôt champion des mises en examen, le nouveau patron de Total, Christophe de Margerie, est soupçonné davoir versé de façon un peu illicite de grosses sommes dargent à des décideurs iraniens entre 1996 et 2003 pour sassurer lobtention de contrats en Iran [1] . Au coeur de ces tractations, le petit Mehdi Hachémi Rafsandjani, fils de lancien président iranien. Retour sur un scandale où Paris a plus quoutrepassé ses pouvoirs.
Par Lara Mace
Bakchich.info – Bientôt champion des mises en examen, le nouveau patron de Total, Christophe de Margerie, est soupçonné davoir versé de façon un peu illicite de grosses sommes dargent à des décideurs iraniens entre 1996 et 2003 pour sassurer lobtention de contrats en Iran [1] . Au coeur de ces tractations, le petit Mehdi Hachémi Rafsandjani, fils de lancien président iranien. Retour sur un scandale où Paris a plus quoutrepassé ses pouvoirs.
17 juin 2003 : 1300 flics démantèlent de façon spectaculaire un « groupe terroriste très menaçant » à Auvers-sur-Oise. LOrganisation des Moudjahidines du Peuple Iranien (OMPI) est bien classée comme terroriste par lUnion Européenne (voir encadré) mais Maryam Radjavi, lépouse du chef, et ses disciples vivaient depuis 20 ans dans cette charmante localité du Val dOise. Alors pourquoi cette rafle ? Le juge Jean-Louis Bruguière, encore lui, argue la menace que représentent les 17 mis en examen contre « lordre géopolitique mondial ». Par timidité, pas un mot sur les contrats que lorgnent Total en Iran.
Cest, en effet, sans grande subtilité que Paris a joué la carte du marchandage avec Téhéran. Quelques mois avant la rafle, Dominique de Villepin, alors au Quai dOrsay, rencontrait son homologue iranien, Kamal Kharazi, pour lassurer que la France était consciente du problème OMPI. Au gouvernement, on saffaire : les Iraniens simpatientent. Un bulletin interne du ministère des renseignements iraniens (n°3727-D, 23/06/03, art5/p5) note à cette période : « Lopération mentionnée, qui est sans précédent, a été programmée depuis plus de deux ans et demi par les services de sécurité intérieure français (DST) et les étapes judiciaires dont les détails ont été discutés lors déchanges dans des réunions avec les services susnommés, ont avancé progressivement. »
Collaborer avec lIran pour le bien de lhumanité ? Cest ce qua avancé le gouvernement français. Sauf que les discussions ont surtout porté sur limplantation de Total en Iran. Quelques jours avant cette fameuse rafle, Total et le britannique BP étaient retenus pour un contrat dexploitation à Bangestan pour 2 milliards de dollars. Contrat qui sera remporté par Total le 22 juin 2003, soit quelques jours après le coup de filet dAuvers-sur-Oise.
À mesure que la France peaufine sa coopération économique avec lIran (avec ses 8,5 % de parts de marché, elle est le 3ème fournisseur de lIran, lequel est son 3ème client au Moyen-Orient), lopposition iranienne, dont le siège est en région parisienne, se voit régulièrement réprimée. En 2004, un heureux hasard fait que la signature du contrat de construction dune usine à South-Pars par Total suit de très près la rencontre de Jacques Barrot (ex président du groupe UMP à lAssemblée) et de Hassan Rohani (alors Secrétaire général du Conseil suprême de sécurité nationale). Rencontre durant laquelle Barrot a réitéré lengagement de la France dans la lutte contre le terrorisme et de fait, contre les Moudjahidine du peuple. Hassan Rohani est satisfait et se prévaut des excellentes relations quentretient son pays avec la nation des Lumières :« sur le plan économique, le contrat qui a été conclu avec Total a réchauffé davantage les relations entre nos deux pays [2]. »
10 ans damour donc entre les gouvernements français et iranien, au prix de quelques basses manuvres destinées à maintenir Total au pays des mollah. Toujours prompts à réagir quand il sagit dor noir, les États-Unis apprécient peu cette amourette et sintéressent de très près aux agissements du groupe pétrolier. La justice américaine aurait envoyé une convocation à Big Moustache, surnom de Margerie selon La Tribune. Ce que nie Total qui tente, coûte que coûte, de sauver son projet Parts de gaz naturel liquéfié (GNL). Remis en cause pour des raisons quelque peu géopolitiques de hausse des coûts en Iran, le projet déplaît de surcroît outre Atlantique