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L’effondrement économique et la corruption alimentent les manifestations en Iran

L'effondrement économique et la corruption alimentent les manifestations en Iran
Des ouvriers du textile manifestent à Yazd contre les coupures de courant répétées – 11 mai 2025

Du 7 au 11 mai 2025, l’Iran a été secoué par une vague de protestations sans précédent, qui s’est propagée des villes frontalières aux grandes métropoles. Le pays a vu défiler des boulangers et des retraités contre les coupures d’électricité chroniques, des grutiers, des ambulanciers, des travailleurs des services d’eau et d’électricité, des vendeurs ambulants et des citoyens ordinaires.

Les catalyseurs sont bien connus : coupures de courant incessantes, flambée des coûts de production, retards de paiement des salaires et corruption systémique.

Le 11 mai 2025, des retraités des secteurs sidérurgique et minier sont descendus dans la rue à Ispahan, dans le centre de l’Iran, dénonçant le retard de versement de leurs retraites et la faiblesse de leur couverture santé. Au même moment, à Arak, des boulangers se sont rassemblés devant le bureau du gouverneur, dénonçant la flambée des coûts de production et les coupures de courant irrégulières. « Les dépenses ont explosé et personne n’est tenu responsable ; cette situation ne peut plus durer », a averti un boulanger, présageant que des manifestations pourraient s’étendre à d’autres villes si les autorités restent silencieuses.

Le 11 mai également, à Darab, dans le sud de l’Iran, des habitants ont bloqué des routes principales pour exprimer leur colère face aux coupures de courant incessantes, fustigeant « l’incompétence et la négligence » du régime. À Shiraz, les forces anti-émeutes ont agressé une vendeuse ambulante ; lorsqu’elle a tenté de filmer la brutalité, un policier a hurlé : « Si vous filmez, je vous attrape ! »

Le 10 mai, des boulangers de Kerman, dans le sud-est de l’Iran, ont protesté contre les coupures de courant quotidiennes qui détruisaient quatre à cinq sacs de farine chaque matin. « Quelle farce ? Chaque jour, notre quota est gâché – quand vont-ils se ressaisir ?» s’est indigné un boulanger. À Rasht, dans le nord de l’Iran, les secouristes, qui ont risqué leur vie pendant la pandémie, se sont rassemblés sous le slogan : « Clamez pour vos droits ! Nous sommes les héritiers de la douleur, nous avons combattu le coronavirus sans soutien, nos tables sont vides.» Pendant ce temps, à Ahvaz, dans le sud de l’Iran, les employés des services d’eau et d’assainissement ont protesté contre trois mois de salaires impayés, exigeant le respect des classifications d’emploi et des avantages sociaux promis.

Plus marquant encore a été le 8 mai à Gonabad, dans le nord-est de l’Iran, où des pisciculteurs ont déversé deux tonnes de poissons morts devant la porte de la centrale électrique locale pour dramatiser leurs pertes. « Combien de poissons avez-vous gaspillés ? Deux tonnes – regardez ces sacs ! », a crié un pêcheur en brandissant des produits pourris. Leurs cris mettent en lumière un régime qui ne prévient ni n’indemnise les personnes les plus touchées par la défaillance de son réseau électrique.

Le 7 mai, des coupures de courant à Ramhormoz ont laissé des familles « détruites » du jour au lendemain, tandis qu’un habitant se lamentait : « Nos vies sont ruinées, tout est parti. » À Ourmia, dans le nord-ouest de l’Iran, les boulangeries sont restées inactives lorsque les fours électriques ont lâché, brûlant des pains et provoquant la colère de la foule. Conscient de la crise, le ministère de l’Intérieur a décrété la fermeture de tous les bureaux gouvernementaux et des banques le jeudi jusqu’au 22 septembre, tandis que les députés du régime ont admis que les coupures de courant quotidiennes pouvaient atteindre quatre heures. De telles mesures, loin de résoudre la crise, mettent en évidence un gouvernement pris au piège de sa propre mauvaise gestion.

Au cœur de ce bouleversement, les unités de résistance de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) ont mené des actions secrètes à Zahedan le 9 mai, avec des slogans et des avertissements tels que : « Nous ne laisserons pas Khamenei et ses agents revêtir le masque du patriotisme pour échapper au soulèvement. » Leurs activités témoignent d’un courant sous-jacent organisé, prêt à amplifier l’indignation de la rue et à la transformer en action politique.

La réponse du régime aux manifestations a été brutale. À Zibakenar, dans le Gilan, Sahel Nasiri, 19 ans, a été abattu de deux balles dans la tête par les forces de répression après avoir refusé une fouille intrusive – un acte que le commandant de la police locale a reconnu plus tard. Ces meurtres sont destinés à terroriser, mais ils ont au contraire alimenté un cycle de deuil et de colère. Alors que les Iraniens subissent quotidiennement des humiliations – de la farine avariée à la destruction de leurs moyens de subsistance – leur défiance ne fait que s’intensifier. Ce dernier torrent de protestations, alimenté par le désespoir économique et la corruption révélée, ne montre aucun signe d’essoufflement. La demande du peuple est simple : responsabilité, justice et la fin d’un système au service d’une élite corrompue.