
Une importante grève nationale des chauffeurs routiers en Iran, qui entre dans sa troisième journée le 24 mai, a mis en lumière la situation économique difficile du pays.
Cette action coordonnée, qui dénonce le prix élevé du carburant, les bas salaires et une série d’autres griefs économiques, témoigne d’un mécontentement croissant et met en évidence l’incapacité persistante du régime à répondre aux besoins fondamentaux de sa population active. L’ampleur de la grève et la clarté des revendications soulignent une crise croissante que les autorités ne peuvent plus ignorer.
May 23—Fasa, southern Iran
Truck drivers in Fasa join nationwide strikes in protest to high fuel prices, low pay, and other economic grievances.#IranProtestspic.twitter.com/oR0jBDvs5F— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 23 mai 2025
Le vendredi 23 mai 2025, la grève des camionneurs s’est poursuivie pour la deuxième journée consécutive, avec une participation importante dans de nombreuses villes. Des images et des reportages ont montré que des chauffeurs routiers d’Asadabad (province de Hamedan), d’Eslamabad-e Gharb (province de Kermanshah), d’Ispahan, de Baft (province de Kerman), de Bandar Abbas (province d’Hormozgan), de Divandarreh (province du Kurdistan), de Fasa et de Kazerun (province de Fars) ont rejoint l’arrêt de travail.
À Fasa, dans le sud de l’Iran, les chauffeurs ont explicitement protesté contre le prix élevé du carburant, les bas salaires et d’autres revendications économiques. De même, à Ilam, dans l’ouest de l’Iran, les chauffeurs ont poursuivi leur grève, leurs revendications, notamment celles liées au prix du carburant et aux salaires, restant sans réponse du régime.
Cette nouvelle vague de protestations a débuté de manière coordonnée le lundi 19 mai 2025, avec la grève de dizaines de chauffeurs routiers à Bandar Abbas, une ville portuaire importante du sud du pays. Les manifestants se sont arrêtés aux points d’entrée et de sortie du port. La grève s’est intensifiée le jeudi 22 mai 2025, premier jour officiel de l’action nationale, avec la cessation du travail des chauffeurs d’Arak (province de Markazi), d’Ilam, de Bandar Abbas, de Tabriz (province d’Azerbaïdjan oriental), de Sirjan (province de Kerman), de Shiraz (province de Fars) et de Kermanshah.
May 23—Ilam, western Iran
Truck drivers continue strikes as the regime continues to ignore their grievances, including high fuel prices and low pay.#IranProtestspic.twitter.com/1BN3l6XWbF— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 23 mai 2025
Le Syndicat des associations de camionneurs et de chauffeurs d’Iran avait précédemment publié un communiqué appelant à la grève.
Les chauffeurs grévistes ont formulé des revendications claires, centrées sur la précarité économique de leur profession dans les conditions actuelles. Parmi leurs principales revendications figurent la réduction des quotas de diesel, le coût élevé des assurances, la faiblesse persistante des tarifs de fret, qui ne couvrent pas les coûts opérationnels, et d’autres revendications professionnelles non satisfaites.
La déclaration du syndicat a exprimé avec force sa détermination : « Nous sommes en grève parce que nous exigeons nos droits. Nous sommes solidaires, car notre unité est la seule chose qui puisse faire tourner la roue en notre faveur. Aujourd’hui, du cœur du Lorestan au sol du Khouzistan, des ports du sud aux routes du nord, les camions sont silencieux, mais la voix des chauffeurs résonne plus fort que jamais.» Les chauffeurs ont indiqué leur intention de poursuivre la grève pendant une semaine si leurs revendications ne sont pas satisfaites.
Les griefs des chauffeurs se répercutent dans d’autres secteurs essentiels, eux aussi aux prises avec la mauvaise gestion économique et la négligence du régime. Le jeudi 22 mai 2025, des boulangers de Sanandaj, dans l’ouest de l’Iran, ont organisé des rassemblements de protestation. Ils ont dénoncé l’incapacité du régime à garantir des tarifs stables pour les services publics, la hausse du coût des ingrédients et le manque de fiabilité des services essentiels comme l’eau et l’électricité, qu’ils ont déclarés indisponibles ou hors de prix. Un boulanger en grève de Sangak, à Sanandaj, a souligné que les ajustements tarifaires promis ne s’étaient pas concrétisés, tandis que leurs coûts, notamment ceux de ces services essentiels, avaient grimpé en flèche.
May 22—Kermanshah, western Iran
Tanker drivers on strike, protesting high fuel prices and low income.#IranProtests pic.twitter.com/JDOkHsB6QN— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 22 mai 2025
Illustrant encore la situation désastreuse des petites entreprises fournissant des biens essentiels, un boulanger de Jakigour, dans la province du Sistan-Baloutchistan, a également, le 22 mai, directement condamné les autorités locales et provinciales pour des coupures de courant inopinées et imprévues.
Il a déploré que ces coupures ruinent leur production, impactant directement l’accès de la population au pain, et a critiqué la mauvaise qualité de la farine fournie. Il a qualifié la situation de « vol » et a exigé des comptes des autorités pour les pertes financières subies par les boulangeries en raison de ces perturbations et de l’absence de notification préalable des pannes. Ces manifestations des boulangers coïncident avec un mécontentement public plus large dans plusieurs villes face aux coupures de courant et au non-paiement des subventions, signalé le 23 mai.
L’impact de la grève a été visiblement significatif. Des vidéos provenant d’Iran montrent des voies de transit, habituellement bondées de camions de marchandises, inhabituellement vides. Des rassemblements coordonnés de chauffeurs en grève ont également été signalés dans plusieurs villes, témoignant d’un haut niveau d’organisation. Malgré l’ampleur de la manifestation et ses conséquences économiques évidentes, les rapports indiquent que le régime continue d’ignorer les revendications des chauffeurs. Le manque de réaction est un thème récurrent, alimentant la frustration d’un secteur vital pour l’économie nationale.
Ce n’est pas la première fois que les chauffeurs routiers iraniens ont recours à la grève pour protester contre leur situation économique désastreuse. Au printemps 2024, ils ont protesté contre le mode d’attribution des quotas de diesel et l’incapacité des hausses des tarifs de fret à suivre la flambée des coûts.
May 22—Sanandaj, western Iran
Protest by bakers, highlighting their grievances over escalating costs and lack of government support.#IranProtestpic.twitter.com/U2jcDMf3yP— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 22 mai 2025
À Téhéran, par exemple, des camionneurs ont immobilisé leurs véhicules sur l’autoroute Babayi. La récurrence de ces grèves, centrées sur des griefs largement inchangés, témoigne de l’incapacité systémique du régime à résoudre les problèmes économiques profondément ancrés qui frappent non seulement le secteur des transports, mais l’économie iranienne dans son ensemble.
La grève nationale des camionneurs en cours est plus qu’un simple conflit social ; elle témoigne avec force des difficultés économiques et de la frustration généralisées qui rongent l’Iran. L’unité et la détermination des chauffeurs face à l’indifférence officielle révèlent l’incapacité ou le manque de volonté du régime à gérer efficacement l’économie ou à répondre aux revendications légitimes de ses citoyens. Alors que les camions restent immobilisés et que les chaînes d’approvisionnement vitales sont perturbées, cette puissante manifestation de contestation organisée rappelle brutalement le profond fléau économique qui ravage le pays et la détermination croissante du peuple iranien à exiger des comptes et des changements.