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Iran : Des grèves nationales révèlent le déclin économique du régime et la défiance populaire

Iran : Des grèves nationales révèlent le déclin économique du régime et la défiance populaire
31 mai 2025 – Yazd, Iran : Des familles d’élèves se rassemblent devant le bureau du gouverneur de Yazd pour protester contre les frais de scolarité de 37 millions de tomans imposés par l’école Seyyed al-Shohada

Une vague de protestations a déferlé sur l’Iran le 31 mai 2025, illustrant le fossé grandissant entre le régime au pouvoir et une population poussée à bout par les difficultés économiques et l’indifférence des autorités.

Le 10e jour consécutif de grève nationale des chauffeurs routiers, qui a paralysé les transports dans 152 villes, a été la manifestation la plus marquante de ce mécontentement. Parallèlement, travailleurs, parents et habitants de diverses régions ont organisé leurs propres manifestations, dressant collectivement le tableau saisissant d’une nation en proie au mécontentement face à la corruption généralisée du régime et à sa gestion catastrophique des ressources du pays.

Grève sans précédent de 10 jours des chauffeurs routiers
La grève nationale des chauffeurs routiers iraniens, artère essentielle de l’économie nationale, est entrée dans son dixième jour le 31 mai 2025, faisant preuve d’une résilience remarquable et s’étendant à un nombre sans précédent de 152 villes.

D’Ispahan et Kermanshah à Ahvaz, Sanandaj, Shiraz, Yasuj et Bandar Abbas, les chauffeurs ont refusé de charger des marchandises ou de conduire leurs véhicules, transformant les autoroutes et les centres de transport en scènes de désobéissance civile. Des rapports de Chermahin Lanjan indiquaient que tous les camions étaient stationnés sur les quatre parkings de la ville.

À Sanandaj, une grève générale a été observée. La route habituellement très fréquentée menant à Bandar Abbas était remarquablement vide de camions, et des conditions similaires ont été signalées sur la route reliant Abbas Abad à Bandar Abbas. Les conducteurs de Shiraz ont constaté que le poste de contrôle de police de Sadatshahr, habituellement encombré, était dépourvu de véhicules lourds. La dynamique de la grève a été renforcée lorsque les chauffeurs de minibus d’Ispahan ont rejoint leurs collègues manifestants.

Les griefs des chauffeurs trouvent leur origine dans de fortes pressions économiques : des coûts d’assurance exorbitants, la hausse incessante des prix des pièces détachées et du carburant, et des ajustements des tarifs de fret qui ne parviennent pas à suivre l’inflation galopante. Ces questions cruciales, affirment-ils, ont été systématiquement ignorées par les autorités gouvernementales.

La réponse du régime a été un mélange prévisible de menaces, de tentatives de répression et de promesses creuses. Alors qu’une porte-parole du gouvernement, Fatemeh Mohajerani, a affirmé le 30 mai 2025 que le gouvernement se sentait « obligé de répondre aux revendications des chauffeurs routiers » et a laissé entendre que certaines réglementations n’étaient pas « correctement prises en compte », et que le vice-ministre des Routes et du Développement urbain, Mehran Qorbani, avait promis le paiement rapide des frais de transport, ces assurances sont restées vaines. Parallèlement, les autorités ont eu recours à l’intimidation, arrêtant des chauffeurs dans des villes comme Hamedan et Bijar sous prétexte de « perturbateurs de la sécurité ».

Malgré cela, les chauffeurs en grève ont maintenu leur résistance. Le Syndicat des chauffeurs routiers et des transporteurs d’Iran a publié une déclaration forte : « Nous sommes fiers d’annoncer que la grande et historique grève des chauffeurs, soutenue par votre unité et votre conscience, s’est désormais étendue à 152 villes… Notre réponse tient en un mot : résistance jusqu’à ce que nous obtenions nos droits humains et légaux fondamentaux ! Ces menaces ne font que prouver que notre voix a atteint un point où elle ébranle les fondements de l’injustice… Nous restons fermes jusqu’à ce que nos revendications légitimes soient satisfaites. »

Cette grève n’est pas seulement une manifestation professionnelle, mais s’inscrit dans la lutte nationale contre la dictature religieuse au pouvoir et dans le cri de justice et de droits du peuple iranien. Faisant écho à ce sentiment, les manifestants ont scandé des slogans tels que « Mort à l’oppresseur, qu’il soit Shah ou Guide », une dénonciation sans équivoque de l’ensemble du système au pouvoir.

D’autres manifestations éclatent le 31 mai
L’action des chauffeurs routiers était loin d’être un incident isolé. Le 31 mai 2025, d’autres secteurs de la société iranienne ont exprimé leurs doléances :

À Ilam, dans l’ouest de l’Iran, les ouvriers de l’usine de Puya Nakh ont organisé un rassemblement de protestation devant le bureau du gouverneur de la province. Leurs revendications étaient claires : la reprise des activités de l’usine, le paiement des salaires impayés depuis longtemps et la fin des menaces de licenciement. Selon certaines informations, ces ouvriers n’ont pas perçu de salaire depuis plusieurs mois et sont au chômage depuis trois mois. À Yazd, dans le centre de l’Iran, des parents d’élèves se sont rassemblés devant le bureau du gouverneur pour protester contre une hausse soudaine et exorbitante de 370 millions de rials des frais de scolarité à l’école Seyed Al-Shohada.
À Lordegan, dans l’ouest de l’Iran, les habitants ont protesté contre l’arrêt brutal d’un projet crucial d’approvisionnement en eau. Ils ont dénoncé la mauvaise gestion des ressources naturelles dans une région paradoxalement riche en ressources hydriques, mais en proie à la pénurie. En raison d’une mauvaise gouvernance et d’une négligence.

L’incompétence du régime attise la colère nationale
Ces manifestations diverses, qui éclatent simultanément, ne sont pas des événements isolés, mais les symptômes d’une crise économique profonde et systémique, engendrée par des décennies de corruption, d’incompétence et de priorité donnée aux programmes idéologiques par le régime clérical au détriment du bien-être national.

La flambée des coûts pour les chauffeurs routiers, les augmentations drastiques des frais de scolarité qui pèsent sur les parents de Yazd, le non-paiement des salaires des travailleurs d’Ilam et l’échec de la construction d’infrastructures essentielles comme le projet d’adduction d’eau de Lordegan sont autant de signes d’une économie en grande difficulté.

Ce sont les conséquences directes de politiques qui ont entraîné une inflation galopante, un chômage généralisé et le déclin des services publics, tandis que les entités affiliées au régime continuent de piller les richesses du pays. La reconnaissance par le gouvernement, par l’intermédiaire de son porte-parole le 30 mai 2025, que « certaines lois et réglementations promulguées ne sont pas dûment prises en compte » constitue un aveu tacite de ses propres manquements, mais n’offre aucune solution concrète aux souffrances du peuple iranien.

Peur et panique du régime
L’ampleur et l’intensité croissantes de ces manifestations ne sont pas passées inaperçues auprès des proches du régime, trahissant un sentiment d’anxiété palpable. Le 30 mai 2025, Reza Nouri, représentant de Khamenei et imam de la prière du vendredi à Bojnourd, a exprimé publiquement ces inquiétudes. « Il y a le problème des chauffeurs routiers, il y a le problème des boulangeries », a-t-il déploré, ajoutant : « Nos ennemis sont aux aguets ; ils cherchent à semer le chaos… Nous savons que nos ennemis sont en embuscade, cherchant à créer un problème majeur, un chaos profond à partir d’un différend ou d’une divergence mineure qui pourrait surgir au sein du système. » De telles déclarations ne révèlent pas une volonté de répondre à des griefs légitimes, mais une peur profonde d’un soulèvement populaire et une tentative de rejeter la faute sur des « ennemis » extérieurs plutôt que de reconnaître les échecs internes.

La volonté du peuple face à une dictature défaillante
Les événements du 31 mai 2025, et notamment la grève prolongée et généralisée des chauffeurs routiers iraniens, témoignent avec force de la frustration croissante du peuple iranien et de son courage face à un régime répressif. Les diverses manifestations, issues de multiples secteurs, soulignent un rejet unifié de la dévastation économique et de la corruption systémique, devenues caractéristiques de l’establishment clérical.

Alors que le régime répond par un mélange de promesses creuses, d’intimidation et d’accusations paranoïaques contre ceux qu’il perçoit comme des ennemis, il échoue manifestement à répondre aux revendications fondamentales de ses citoyens : le droit à des moyens de subsistance dignes, l’accès aux services de base et la fin du gaspillage des richesses nationales.

L’unité affichée par les travailleurs, les parents, les chauffeurs et les citoyens ordinaires à travers l’Iran témoigne d’un mouvement populaire puissant et croissant. Ce cri collectif ne se limite pas aux difficultés économiques ; il s’agit d’une profonde revendication de changement fondamental et de restauration de la souveraineté du peuple.

L’incapacité du régime à réprimer cette dissidence, malgré son vaste appareil répressif, met en évidence son isolement croissant et la détermination inébranlable du peuple iranien à revendiquer ses droits et l’avenir de sa nation. La voie à suivre, telle que constamment défendue par la Résistance iranienne, réside dans le renforcement de cette volonté populaire pour vaincre la tyrannie et établir un gouvernement démocratique et responsable.