
Le 6 mai 2025, une nouvelle vague de protestations a déferlé sur les villes, de Téhéran à Gachsaran, tandis que les citoyens exprimaient une colère croissante face à la dégradation des conditions de vie, à la répression étatique et aux défaillances systémiques du régime clérical. Les manifestations, menées par des boulangers, des employés du secteur pétrolier, des familles de prisonniers politiques et des citoyens ordinaires, dressent le portrait d’une nation de plus en plus réfractaire aux difficultés économiques et aux dysfonctionnements du régime.
À Ispahan, dans le centre de l’Iran, une foule de boulangers a envahi les rues mardi, scandant « Fonctionnaire incompétent, démission ! ». Leurs griefs portaient sur des mois de subventions impayées et la flambée des coûts de production, et exigeaient une hausse du prix du pain pour couvrir la flambée des prix de la farine et des services publics. Des scènes similaires se sont produites à Kermanshah et à Téhéran, où les boulangers ont brandi silencieusement des banderoles de protestation, affirmant qu’ils n’étaient « pas là pour le profit, mais pour la survie ».
Parallèlement, des coupures de courant généralisées et inopinées ont déclenché des manifestations spontanées dans plusieurs provinces. À Ardakan (province de Yazd), les habitants ont bloqué les routes devant le bureau local d’électricité, déclarant qu’ils ne partiraient pas « tant que le courant ne sera pas rétabli ». Des coupures quotidiennes ont perturbé les foyers, les boulangeries, les pharmacies et les commerces, sans calendrier ni solution en vue. Des manifestants se sont également rassemblés à Behesht-e Zahra (sud de Téhéran), Shahr-e Rey, Robat Karim et Marivan, soulignant que les fréquentes coupures d’électricité étaient dangereuses pour la vie, en particulier pour les familles avec enfants, les personnes âgées ou les malades.
More footage of the protest rally by bakers in Isfahan, chanting, "Enough with the promises, our tables are empty!"#IranProtestspic.twitter.com/sy6mIGi0q2
— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 6 mai 2025
Un commerçant du Marché du Fer de Téhéran a décrit les pertes dues à trois jours consécutifs de coupures de courant : « Ils nous ont coupé l’électricité du matin au soir. L’un des plus grands pôles commerciaux de Téhéran est plongé dans le noir.» À Shahr-e Rey, la frustration s’est transformée en action directe, où les habitants ont bloqué des routes et exigé des réponses immédiates du service local de l’électricité.
À Gachsaran, dans le sud-ouest de l’Iran, des travailleurs expérimentés de l’industrie pétrolière, certains comptant plus de 15 ans de service, se sont rassemblés devant le bureau du gouverneur. Leur revendication : la conversion à un statut d’emploi permanent et la sécurité de l’emploi. Ils ont dénoncé des années de négligence et de promesses non tenues de la part du ministère du Pétrole, affirmant qu’ils avaient été maintenus dans l’incertitude malgré leur rôle essentiel dans le secteur énergétique iranien.
Pendant ce temps, à Téhéran, devant la tristement célèbre prison d’Evin, les familles de condamnés à mort se sont réunies une fois de plus pour la 67e semaine consécutive de la campagne « Non aux exécutions les mardis ». Tenant des photos de leurs proches, elles ont plaidé pour la fin de ce qu’elles qualifient de « condamnations à mort inhumaines et injustes ». Cette campagne hebdomadaire, coordonnée dans 41 prisons à travers le pays, est devenue un symbole croissant de résistance contre le système judiciaire draconien iranien et son recours à la peine capitale comme outil de répression.
May 6—Tehran, Iran
In tandem with the 67th week of the "No to Executions Tuesdays" campaign, families of political prisoners sentenced to death rally in front of Evin Prison and call for the revocation of the death sentence of their loved ones.pic.twitter.com/aee5SsTfFS— People's Mojahedin Organization of Iran (PMOI/MEK) (@Mojahedineng) 6 mai 2025
Les manifestations de mardi ont coïncidé avec la colère populaire face aux pénuries d’eau à Allard, Robat Karim, où les habitants se sont rassemblés devant les bureaux du gouvernement local après des jours de robinets secs. Une femme s’est écriée : « On ne peut pas continuer comme ça. Il n’y a plus d’eau pour nos enfants, les malades ni les personnes âgées. Personne n’écoute.»
Au milieu de ces flambées simultanées, les critiques affirment que le régime a été incapable – ou peu disposé – à répondre à la crise qui s’aggrave. La mauvaise gestion, la corruption et l’isolement international ont aggravé les difficultés économiques du pays, laissant des millions de personnes livrées à elles-mêmes.
Les médias d’État ont reconnu les coupures de courant, mais ont minimisé l’ampleur des troubles. « Les coupures de courant programmées ont repris à Téhéran », a rapporté NourNews, un site web lié au Conseil suprême de sécurité nationale, qui a mis en garde contre de nouvelles perturbations sans offrir de soulagement ni de transparence.
Les observateurs constatent que si les manifestations diffèrent par leurs formes – des revendications syndicales à l’opposition aux exécutions –, elles sont de plus en plus unifiées dans leur rejet du système en place. Chaque grief, qu’il s’agisse de salaires impayés, de coupures de courant ou de survie, a une connotation politique plus large : une population qui ne fait plus confiance au régime pour gouverner.
Une banderole de protestation à Ispahan résumait l’état d’esprit : « Quand le boulanger proteste, le pain est déjà fini. »