jeudi, mars 28, 2024
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Iran : Les pasdarans et l’arme nucléaire

Première partie      
 
Par Reza Shafa

En 1980, les mollahs envisagent la bombe atomique pour garantir l’avenir de leur régime, et chargent le Corps des gardiens de la révolution, le CGR ou les pasdaran en persan, nouvellement formé d’ouvrir un centre de recherche dans l’armement nucléaire.

En 1981, lors d’un briefing pour la toute nouvelle Unité de Recherche (UR) du CGR, Mohammad Hossein Behechti, alors numéro deux du régime, décrit en long et en large la nécessité absolue pour la théocratie émergente d’acquérir l’arme nucléaire.

En 1983, une unité spéciale se lance sérieusement dans la recherche qui permettra d’accomplir le rêve nucléaire initial conformément à ce que Behechti avait dit deux ans auparavant. Ce qui a suivi a été un jeu du chat et de la souris durant plusieurs années avec le reste du monde pour éviter les résultats que l’ont connaît de ces plans ambitieux.  

Tout d’abord le laboratoire de recherche a été placé dans un secteur éloigné dans les bois du nord de Téhéran. Bientôt, des scientifiques de premier plan y ont été amenés depuis plus grandes universités du pays. Le centre pour l’Énergie nucléaire appartenant à l’Organisation de l’Énergie atomique iranien (AEOI) a mis au point un programme de deux ans pour chaque nouveau spécialiste, en majorité des physiciens nucléaires, avant de les recruter. Dans leur quête du savoir faire pour fabriquer une bombe, les spécialistes ont reçu un salaire bien plus élevé que leurs pairs dans les universités.

La volonté de Khomeiny derrière l’acquisition de la bombe atomique

En hiver 1986, à la suite de la plus sanglante des opérations dans la sixième année de la guerre Iran-Irak où le régime a mobilisé toutes ses forces, le général Mohsen Reza’i, alors commandant en chef du CGR, conclut dans un rapport confidentiel à Khomeiny qu’il était impossible de réunir dans les cinq années à venir suffisamment d’hommes pour mener une attaque similaire. 

Peu de temps après le rapport de Reza’i, Khomeiny se rend compte qu’il n’a aucune chance de gagner la guerre par des méthodes conventionnelles et il ordonne au CGR de jeter les bases solides pour obtenir des armes nucléaires.

En 1987, Khomeiny définit la nécessité d’acquérir des armes nucléaires et ordonne à l’OEAI et aux responsables du CGR d’élaborer un plan pour acquérir la bombe. Reza’i ne perd pas une minute pour s’y atteler :

1. L’unité de recherche du CGR est chargée d’établir des contacts avec les Russes et les Pakistanais pour obtenir leur aide dans les projets nucléaire.

2. En 1987, une des branches de l’unité de recherche sous prétexte "de formation technique du personnel naval du CGR" lance le développement des armes nucléaires. La localisation initiale de ce centre de recherches est située dans le nord de Téhéran, dans le quartier de Niavaran. Simultanément, les agents du régime élaborent de bonnes relations avec les Russes et les Pakistanais pour obtenir le savoir faire en matière d’armement nucléaire.
 
3. En 1987, le Pakistan signe un accord avec le régime iranien pour recevoir des équipes de physiciens nucléaires iraniens dans le but d’apprendre de nouvelles techniques.

4. Les contacts avec Abdul Qader Khan, le père de la bombe atomique du Pakistan, sont établis en 1987. Au moins à deux reprises, trois commandants du CGR rencontrent A.Q. Khan à Téhéran. Le chef de l’équipe qui le rencontre s’appelle Mohammad Salami, il dirige le Centre du CGR pour la Recherche Scientifique (CRS). A l’époque, la tâche principale de ce centre est de mener des études sur la façon de développer divers types d’armes.

5. Mohsen Reza’i, commandant en chef du CGR pendant la guerre Iran-Irak, demande lors d’une réunion avec trois professeurs de physique nucléaire de l’Université de Kerman dans le sud de l’Iran, de coopérer au développement des différentes parties des armes nucléaires. Il leur promet d’allouer 800 millions de dollars au projet.

6. Les trois hommes partent alors en Italie, en Allemagne et au Japon pour trouver les moyens d’obtenir l’expertise technique pour fabriquer la première bombe. Au cours de leur visite dans une installation nucléaire en Italie, ils examinent de près trois accélérateurs à neutrons fonctionnant dans le centre. Les scientifiques iraniens remettent les plans de divers laboratoires de cette installation italienne au CGR pour leur future utilisation.

7. En 1987, le CGR suit un plan parallèle en ouvrant des centres de recherches dans les départements de physique nucléaire des meilleures facultés iraniennes  notamment à Téhéran et à Chiraz. Plus tard, le CGR recrute les diplômés de ces écoles en leur offrant des salaires élevés.

8. Entre 1987 et 1992, une série d’essais impliquant des explosifs sont menés dans quelques garnisons du CGR à travers le pays. Le but est de tester des implosions en utilisant du TNT dans des barils d’arme à feu modifiés pour supporter ce genre d’implosions. Cependant, ces essais sont arrêtés quand l’ensemble des opérations est transféré au ministère de la Défense Nationale.

Le CGR a commencé sa quête de l’arme nucléaire avec la bénédiction de Khomeiny et a continué avec celle de Khamenei, pour concrétiser cette ambition comme une nécessité absolue pour la survie du régime; un programme mené 18 années dans la clandestinité avant d’être révélé par la résistance iranienne et de devenir la source de la principale préoccupation du monde.