vendredi, mars 29, 2024
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L’Iran dans le collimateur de l’administration Bush

Par Sylvie LANTEAUME

Agence France Presse – La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a placé jeudi Téhéran dans le collimateur des Etats-Unis en prévenant que Washington ne resterait pas "inactif" face aux agissements de l’Iran en Irak, qu’elle a qualifiés "d’agression régionale".

Cet avertissement a coïncidé avec une opération américaine à Erbil dans le Kurdistan irakien, dénoncée par l’Iran comme une attaque contre l’un de ses consulats. Six personnes ont été arrêtées lors de cette opération, selon le Pentagone.

Le bâtiment visé par le raid n’était "pas un consulat ou un bâtiment gouvernemental", a affirmé à Washington le porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, sans pouvoir préciser la nationalité des personnes arrêtées.

L’avertissement de Condoleezza Rice intervient aussi au lendemain de l’annonce par le président George W. Bush du prochain déploiement dans la région de missiles antimissiles Patriot pour défendre "les alliés" de Washington et soutenir la stabilité du Moyen-Orient.
 
"Vous verrez que les Etats-Unis ne resteront pas inactifs et ne laisseront pas ces activités se poursuivre", a déclaré la chef de la diplomatie américaine, qui commentait sur des chaînes de télévision américaines la nouvelle stratégie pour l’Irak annoncée la veille au soir par M. Bush.

"Nous devons solidifier le consensus des Etats qui s’inquiètent de ce que fait l’Iran dans la région, qui craignent une agression régionale de l’Iran", a précisé Mme Rice, qui quitte Washington vendredi pour une tournée au Moyen-Orient qui la conduira notamment en Arabie Saoudite et au Koweit, deux alliés arabes modérés des Etats-Unis qui s’inquiètent des ambitions nucléaires de Téhéran.

"Le président ne retire aucune option de la table", a répondu Mme Rice, à qui on demandait si le président Bush avait cherché dans son discours à préparer l’opinion à une confrontation militaire avec l’Iran et la Syrie.

"Nous devons reconnaître que l’Iran – l’Iran et la Syrie, mais plus particulièrement l’Iran – sont engagés dans des activités qui mettent nos forces en danger", a-t-elle poursuivi, réaffirmant la volonté du président américain de "défendre l’intégrité territoriale de l’Irak".

Interrogée sur ce point lors d’une audition au Congrès, Mme Rice a laissé entendre que le président américain n’avait cependant pas l’intention de lancer une offensive sur le territoire iranien, mais plutôt de combattre l’influence iranienne en Irak.

"Le président n’exclut évidemment rien pour protéger nos forces, mais le plan est de démanteler ces réseaux en Irak", a-t-elle déclaré.

Le sénateur démocrate Joseph Biden, nouveau président de la commission des Affaires étrangères et candidat déclaré à la présidence, lui a alors rappelé que M. Bush n’avait pas le droit de poursuivre ces réseaux en territoire syrien ou iranien.

"Je pense que l’autorisation accordée au président pour faire usage de la force en Irak ne couvre pas ceci et qu’il doit demander l’autorisation au Congrès pour le faire", a-t-il rappelé.

Mme Rice a rappelé l’arrestation le mois dernier à Bagdad de deux diplomates iraniens accusés d’espionnage en Irak. Ils avaient été libérés quelques heures plus tard.

"Nous avons reçu des informations pendant la période des fêtes de Noël sur certains Iraniens engagés dans des activités" contraires aux intérêts américains, a déclaré Mme Rice. "Nous les avons arrêtés. Nous en avons parlé au gouvernement irakien. Ils ont été expulsés du pays", a-t-elle ajouté. "C’était un message aux Iraniens que ce genre d’activités ne serait pas toléré".

M. Bush a annoncé mercredi le renfort de plus de 20.000 militaires américains en Irak et s’est engagé à contrer tout soutien aux insurgés irakiens venu d’Iran et de Syrie.