lundi, février 17, 2025
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Le régime clérical use de la diplomatie des otages pour diviser l’UE, rapporte El País

Le régime clérical use de la diplomatie des otages pour diviser l’UE, rapporte El País
Page d’El País sur la « diplomatie des otages » du régime iranien

Selon un article d’El País, le régime iranien utilise une fois de plus la diplomatie des otages comme un outil stratégique pour manipuler les nations européennes, en tirant parti de l’emprisonnement de citoyens occidentaux pour obtenir des concessions politiques et financières. Le rapport met en évidence la manière dont Téhéran exploite les détentions arbitraires pour semer la discorde entre les gouvernements européens tout en faisant avancer sa politique étrangère.

La récente libération de la journaliste italienne Cecilia Sala, après 20 jours de détention, contraste fortement avec l’emprisonnement continu de plusieurs ressortissants français en Iran. Des analystes soutiennent que l’Iran a délibérément libéré Sala tout en gardant des otages français pour semer la discorde entre les nations européennes. Cette décision intervient à un moment où les pays européens s’engagent dans de nouvelles négociations nucléaires avec Téhéran.

El País rapporte que Cecilia Sala a été libérée le 8 janvier, quatre jours seulement avant que le ministre italien de la Justice Carlo Nordio n’ordonne la libération du détenu iranien Mohammad Abedini Najafabadi. Des rapports suggèrent que la Première ministre italienne Giorgia Meloni a obtenu l’approbation des États-Unis pour suspendre l’extradition de Najafabadi vers Washington lors de sa rencontre du 5 janvier avec le président Donald Trump. Cet échange a coïncidé avec des négociations clés à Genève, ce qui indique que Téhéran continue de s’appuyer sur la diplomatie des otages pour gagner en influence.

Pendant ce temps, les citoyens français Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Grondeau restent emprisonnés en Iran. Les analystes suggèrent que le refus de l’Iran de libérer ces individus est lié aux tensions croissantes entre Téhéran et Paris, en particulier à la lumière des récentes discussions du président Emmanuel Macron sur l’activation du mécanisme de « snapback » – une initiative qui pourrait réimposer des sanctions à l’Iran pour non-respect des obligations nucléaires.

David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français des relations internationales et stratégiques (IRIS), a déclaré à El País que la colère de l’Iran face à la position de la France a contribué à ses libérations sélectives d’otages. Téhéran continue d’utiliser les ressortissants français emprisonnés comme monnaie d’échange pour dissuader Paris d’adopter une position plus ferme dans les négociations nucléaires.

Au-delà des manœuvres politiques, El País détaille comment l’Iran a une histoire bien documentée de recours aux otages pour obtenir une aide financière. La libération de prisonniers ayant la double nationalité s’est souvent accompagnée du dégel des avoirs iraniens. En 2016, à la suite d’un échange de prisonniers avec les États-Unis, l’Iran a reçu 1,7 milliard de dollars en transferts d’argent liquide. Les critiques ont qualifié cela de paiement de rançon, avertissant que de tels accords ne font qu’encourager de futures prises d’otages.

De même, en 2023, la Belgique a libéré le diplomate iranien Assadollah Assadi, condamné à 20 ans de prison pour un complot terroriste déjoué, en échange du travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele et de deux prisonniers austro-iraniens. Le régime iranien a célébré cet accord comme une victoire, renforçant sa conviction de l’efficacité de la diplomatie des otages.

Les pratiques de prise d’otages en cours en Iran ont suscité de vives critiques de la part des législateurs européens. Le 25 janvier, le Parlement européen a condamné la « diplomatie des otages » de Téhéran et exigé la libération immédiate des détenus européens, dont des ressortissants français et le scientifique irano-suédois Ahmadreza Djalali. La résolution a également exhorté le Conseil européen à désigner le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) comme une organisation terroriste et à étendre les sanctions contre les responsables iraniens impliqués dans des violations des droits de l’homme.

Les experts préviennent que tant que Téhéran percevra la diplomatie des otages comme un outil efficace, les ressortissants occidentaux continueront à risquer d’être détenus arbitrairement.

Alors que les négociations sur le nucléaire iranien se trouvent à un tournant décisif, les gouvernements européens sont de plus en plus contraints de réagir de manière décisive à la diplomatie coercitive de Téhéran. La question demeure : l’Europe restera-t-elle unie face aux tactiques du régime iranien, ou Téhéran continuera-t-il à exploiter les divisions à son avantage ?