lundi, juillet 14, 2025
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La flambée des prix de la viande et l’effondrement de l’économie des ménages iraniens

La flambée des prix de la viande et l’effondrement de l'économie des ménages iraniens
De la viande emballée trône dans les rayons des supermarchés iraniens, la flambée des prix minant le pouvoir d’achat des ménages

Chaque fois que le président du régime iranien Massoud Pezeshkian s’exprime publiquement, on a l’impression qu’il vient tout juste d’arriver dans le pays. Ses propos reflètent souvent un détachement frappant des dures réalités auxquelles sont confrontés des millions d’Iraniens. Alors que la pauvreté touche plus de 80 % de la population, le gouvernement continue d’investir la richesse nationale dans le développement nucléaire, les programmes de missiles balistiques et les groupes interposés régionaux, ignorant la crise intérieure qui sévit sur son territoire.

Pendant ce temps, les médias d’État, largement préoccupés par le récit des négociations nucléaires américano-iraniennes, laissent parfois entrevoir l’effondrement économique auquel sont confrontés de nombreux Iraniens, notamment lorsqu’il s’agit d’objectifs politiques. Un exemple en est donné dans un article récent publié par le média économique affilié à l’État, Eghtesaad-24, intitulé : « Le feu sous les cendres de l’inflation : quel impact la suppression des échanges préférentiels de viande aura-t-elle sur l’économie ?»

L’article offrait une analyse rare et édifiante de la crise d’insécurité alimentaire en Iran, centrée sur la flambée du prix de la viande rouge et la décision controversée du gouvernement de supprimer les subventions qui maintenaient autrefois les prix relativement stables.

« Après avoir supprimé la monnaie officielle, censée répondre aux besoins fondamentaux de la population », indique l’article, « il est temps de retirer des produits de la liste des biens essentiels… La viande chaude a été retirée de la liste des biens essentiels.»

Le dernier rapport du Centre iranien des statistiques révèle une hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires au cours de l’année écoulée. La viande rouge et le poulet ont bondi de 93 %, tandis que le poisson et les fruits de mer ont grimpé de 64 %. La pression économique est évidente, car acheter des produits de première nécessité équivaut à emprunter pour se payer un luxe.

Selon l’article, ce changement reflète plus qu’un simple remaniement bureaucratique. Il révèle un dysfonctionnement plus profond au sein des institutions gouvernementales iraniennes.

« Le problème de la responsabilité et son absence… ont conduit les ministères à refuser d’assumer leurs lourdes responsabilités en matière de subsistance de la population », selon l’article. « Cela revient à se soustraire aux devoirs du gouvernement.»

L’article révèle les conséquences choquantes de ce changement de politique : flambée des prix, baisse de la consommation de viande et aggravation de la pauvreté nutritionnelle parmi les ménages à faibles revenus.

« Le retrait de la viande épicée de la liste des produits de première nécessité et la flambée des prix qui en a résulté ont porté un coup fatal au panier alimentaire des ménages à faibles revenus », prévient l’article.

Selon Eghtesaad-24, les prix de la viande ont atteint des niveaux inabordables pour la plupart des familles iraniennes. Un kilo de mouton rouge se vend désormais 600 000 tomans (environ 9 dollars au taux de change du marché libre), tandis que le mouton désossé peut atteindre 1,8 million de tomans le kilo. Dans certains cas, les morceaux de viande de spécialité atteignent 2,7 millions de tomans, soit plus de la moitié du salaire mensuel moyen en Iran.

« La hausse des prix de la viande n’est pas seulement un problème économique ; c’est une crise sociale qui menace la santé et l’avenir de millions de personnes », peut-on lire dans l’article.

Les statistiques présentées dans l’article sont tout aussi alarmantes. La consommation moyenne de viande rouge par habitant est aujourd’hui estimée à seulement 2,6 kg par an. Parmi les 30 % de la population aux revenus les plus faibles, ce chiffre chute à 700 grammes par an, un chiffre stupéfiant. Cela signifie que de nombreux Iraniens, qu’ils soient salariés ou retraités, ne consomment même pas un kilo de viande rouge par an.

« Avec ces prix… environ 90 % de la population du pays aimerait consommer de la viande, mais ils n’en ont pas les moyens, et cela n’intéresse pas le gouvernement », écrit Eghtesaad-24.

Ce qui était autrefois un aliment de base sur les tables iraniennes est devenu un produit de luxe réservé aux riches. L’article décrit cette transformation comme un « séisme silencieux » au sein de l’économie des ménages et une « secousse majeure dans la structure macroéconomique du pays ».

Selon l’article : « Il n’y a pas si longtemps, la viande occupait une place de choix sur la table iranienne… Cependant, avec la flambée des prix, ce précieux aliment a progressivement disparu des tables et sa part dans le panier de la consommation des ménages a chuté. »

Le gouvernement justifie la suppression des subventions à la viande par une stratégie plus large de réforme économique. Mais les conséquences concrètes suggèrent qu’au lieu d’atténuer… En plus de l’inflation, ces mesures l’exacerbent, creusant les inégalités, érodant la nutrition et affaiblissant encore davantage la confiance du public.

« La suppression du taux de change préférentiel pour la viande… est devenue en pratique un facteur d’aggravation de l’inflation et de réduction du pouvoir d’achat de la population », peut-on lire en partie dans l’article.

Malgré le discours officiel, le message de ce média économique public est clair : les Iraniens souffrent de la faim, et la politique gouvernementale aggrave la situation.

Si rien n’est fait, cet écart croissant entre la politique et les besoins de la population pourrait se transformer en une crise sociale plus vaste. Comme le conclut sans ambages Eghtesaad-24 : « Les tables iraniennes deviendront de plus en plus petites de jour en jour, et l’économie du pays se détériorera de jour en jour. »