vendredi, mars 29, 2024
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Iran : « Les gardes nous ont sauvagement battus en entrant dans la prison », témoigne un ex-prisonnier au procès de Noury

Iran : "Les gardes nous ont sauvagement battus en entrant dans la prison", témoigne un ex-prisonnier au procès de Noury

Jeudi, le procès de Hamid Noury a atteint sa 80e séance depuis son arrestation en 2019 en Suède. Noury, responsable pénitentiaire iranien, a été appréhendé en raison de son rôle dans le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988.

La plupart des victimes étaient des membres de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI).

Au cours de la session de jeudi, Alireza Akbari Sepehr, un ancien prisonnier politique de l’Organisation de lutte pour l’émancipation de la classe ouvrière (Paykar), a partagé ses souvenirs douloureux en prison. Sepehr a été arrêté en 1982 dans le sud-est de l’Iran avec sa femme enceinte, quelques mois après le démantèlement de l’organisation qu’il soutenait.

La femme de Sepehr a donné naissance à leur fils quelques mois plus tard en isolement cellulaire. Akbari Sepehr a témoigné jeudi qu’il avait eu trois rencontres avec Hamid Noury, dit Abbasi, dans la sinistre prison d’Evin, où Abasi était « procureur adjoint ».  M. Akbari Sepehr a été condamné à 12 ans de prison.

En 1987, suite à la grève de la faim des prisonniers politiques à la prison d’Evin, M. Akbari Sepehr et des centaines de membres de l’OMPI ont été transférés à la prison de Gohardacht.

Akbari a témoigné au sujet du « couloir de la mort ». À l’arrivée des prisonniers, les gardes ont commencé à frapper sauvagement les prisonniers qui devaient traverser un couloir entouré de gardes. « Après avoir traversé le couloir, les prisonniers membres de l’OMPI et moi-même avons été transférés dans une cellule, où les gardes nous ont déshabillés et bandés les yeux, puis ils ont continué à nous battre », a-t-il déclaré à la Cour.

Akbari Sepehr a déclaré à la cour que quelques jours avant le massacre de 1988, les gardes ont emporté le poste de télévision sous prétexte de le réparer et ont également cessé d’apporter des journaux. Toutes les réunions ont été annulées, et les prisonniers ont été informés par des codes morse que la « Commission de la mort » était venue à la prison.

Les « commissions de la mort » ont été créées peu après que le Guide Suprême du régime de l’époque, Ruhollah Khomeini, a émis une fatwa pour éliminer les prisonniers politiques, principalement les membres de l’OMPI. Elles n’ont identifié que les membres de l’OMPI qui refusaient de désavouer l’organisation et ses idéaux démocratiques.

L’actuel président du régime, Ebrahim Raïssi, alias le juge pendu, était un membre clé de la Commission de la mort.

Des prisonniers marxistes, comme Akbari Sepehr, ont été contraints de prier et de réaliser une interview condamnant leurs positions antérieures. « Lorsque j’ai acquis la certitude des exécutions, j’ai accepté de prier et de faire l’interview », a-t-il déclaré.

Sepehr a confirmé le rôle de Noury dans le massacre de 1988 et a témoigné sous serment que Hamid Noury est bien le sinistre Hamid Abbasi qui travaillait à la prison de Gohardacht en tant que régisseur adjoint.

Parallèlement au procès de Noury, les membre de l’OMPI et les membres des familles des victimes ont poursuivi leur manifestation devant le palais de justice de Stockholm, demandant à la communauté internationale de tenir les dirigeants du régime génocidaire iranien responsables de leurs crimes contre l’humanité.

Contexte

En 1988, Khomeini a considéré l’OMPI et son interprétation progressiste de l’islam comme une menace sérieuse pour son règne et son idéologie. Il a donc décidé d’éliminer tous ceux qui ne voulaient pas se soumettre et choisir le destin plutôt que la foi. L’ensemble du régime aurait préféré que ces dizaines de milliers de jeunes se rendent au régime et retournent dans leurs familles avec le message que la dissidence contre Khomeini est futile. Au contraire, ces hommes et ces femmes ont tenu ferme et ont choisi de mourir pour un idéal qui continuera à inspirer l’amour, l’égalité et la prospérité pour les générations à venir. Les soulèvements d’aujourd’hui en Iran montrent que le message et l’esprit de ceux qui ont été exécutés en 1988 sont toujours vivants et qu’ils ne sont pas morts en vain.

En effet, l’héritier désigné et plus tard limogé de Khomeini, feu l’ayatollah Hossein Ali Montazeri, a déclaré aux membres de la Commission de la mort le 14 août 1988 : « Les Moudjahidine du peuple ne sont pas des individus ; ils représentent une idéologie et une vision du monde. Ils ont une logique. Il faut la bonne logique pour répondre à la mauvaise logique. Vous ne pouvez pas rectifier le mal avec des meurtres ; vous ne faites que l’étendre. »